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Bien vieillir (prendre soin de soi)

La sexualité des personnes âgées

Auteur Rédaction

Temps de lecture 4 min

Date de publication 04/02/2016

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Garder une vie sexuelle dans la vieillesse est de mieux en mieux accepté, mais reste encore souvent tabou chez les plus âgés, pour eux-mêmes autant que pour leurs proches.

« La sexualité est maintenant mieux acceptée chez les 60-70 ans, mais il reste de nombreux points d’interrogation après, ainsi que dans les maisons de retraite », précise le Dr Béatrice Cuzin, urologue-andrologue au CHU de Lyon.

« On note une évolution : les baby-boomers qui arrivent à la retraite sont une génération qui s’est construite autour de la sexualité, après mai 68. Ils font bouger les lignes, par leur nombre et leurs représentations », souligne le Pr Gérard Ribes, psychiatre et sexologue à Lyon. « Mais quel que soit l’âge, la sexualité de nos parents et de nos grands-parents reste difficilement représentable : même chez les plus jeunes, c’est une difficulté intrinsèque, qui n’est pas appelée à se modifier. »

Avantages et inconvénients de la retraite

Le passage à la retraite peut être bénéfique pour la vie sexuelle du couple : on a plus de temps, de disponibilité, moins de stress, les enfants sont partis…

« Certaines femmes ont ainsi une sexualité plus épanouie après la ménopause et la retraite que dans la vie active », indique le Dr Cuzin. « D’autres couples cependant conservent une vision normative, ‘à l’ancienne’, selon laquelle la ménopause est vécue comme l’arrêt de toute sexualité, sur un mode ‘on a passé l’âge’. Alors que les œstrogènes ne sont pas les hormones du désir… Ce sont généralement les couples qui s’entendent bien, qui ont déjà davantage investi sur leur vie personnelle (et pas seulement sur leurs petits-enfants) pour lesquels la retraite devient une période heureuse, et encore plus propice à une vie sexuelle agréable. »

De son côté, le Pr Ribes insiste sur le fait que « le passage à la retraite peut aussi être négatif : on est ensemble en permanence, ce qui peut faire baisser le désir, qui naît de l’espace que l’on se donne à soi et à l’autre. » Mieux vaut donc garder du temps pour soi, séparément, même après la retraite.

Des limites physiques…

Avec l’âge, les fonctions physiologiques évoluent : l’érection est moins florissante, et la lubrification vaginale diminue, rendant la pénétration moins confortable.

Mais il ne s’agit pas de barrières insurmontables ! « On ne peut plus compter sur une érection spontanée, mais une stimulation locale, en plus du désir, permet de la faire survenir », indique le Dr Cuzin.

Et c’est surtout la peur de la perte d’érection qui constitue un frein. « D’ailleurs, l’idée que ce sont les femmes qui mettent un terme à la sexualité dans le couple n’est pas si évidente : bien souvent, ce sont les hommes qui cessent de stimuler leur compagne par peur de ne pas avoir d’érection », estime le Pr Ribes.

Quant à la lubrification vaginale, les médecins généralistes savent accompagner dans le choix de traitements hormonaux locaux ou de lubrifiants. De plus, « la lubrification diminue d’autant moins que les actes sexuels se poursuivent », conseille le Pr Ribes.

Il s’agit en fait surtout de s’adapter aux changements de son corps. La sexualité demande alors plus de temps, de stimulation, de préliminaires. Il faut entretenir ses fantasmes, son désir.

… et mentales

Mais le corps ne fait pas tout à l’affaire, et nos représentations de la vieillesse sont aussi très importantes. « Les patients qui viennent me voir me demandent ‘Jusqu’à quel âge puis-je avoir des rapports sexuels ?’, et cela aussi bien d’un point de vue physiologique que mental ou sociétal » précise le Dr Cuzin. « Parfois, le simple fait d’en discuter suffit à faire tomber les barrières d’une soi-disant normalité, et de la culpabilisation qui va avec. »
« Se pose parfois la question d’une forme de date de péremption sexuelle. Mais la vie est un continuum, elle ne se divise pas par tranches. Et le vieillissement peut aussi fonctionner comme une libération, par rapport au diktat de l’orgasme » ajoute le Pr Ribes. « On entre alors dans une sexualité relationnelle, où l’on se fait plaisir à deux – et dans une forme de liberté. »

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