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Comprendre les fragilités

L'aide à l'autonomie bouscule la campagne présidentielle

Auteur Rédaction

Temps de lecture 3 min

Date de publication 05/03/2012

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Alors que les études d'opinion montrent que les français sont déçus de la campagne électorale pour l'élection présidentielle 2012 et alors que les associations se sont fédérées pour que les politiques "investissent la solidarité", notre rédaction ne peut que saluer les nouvelles prises de positions en faveur d'une réforme du financement de l'aide à l'autonomie :

François Hollande parmi les 60 propositions qu'il avait formulé en janvier dernier, indiquait vouloir "engager une réforme de la dépendance pour mieux accompagner la perte d’autonomie". Il a récemment souhaité qu'une prestation autonomie voit le jour, pour de nouveaux services, des moyens supplémentaires et compenser le "reste à charge". Cette nouvelle prestation autonomie serait financée "par une cotisation spécifique, sur tous les revenus".

Roselyne Bachelot-Narquin a immédiatement répliqué. La ministre des solidarités et de la cohésion sociale, qui portait la réforme de la dépendance voulue par le président de la République depuis 2007, a du annoncer qu'elle était repousée sine die dans l'attente d'un "retour à meilleure fortune" suite à la crise financière mondiale qui pénalise les finances publiques.

Elle rappelle que l'Etat consacre "25 milliards d’euros par an à la prise en charge de la dépendance" (voir mon édito sur ces "milliards") et préfère "répondre : qualité, efficience et responsabilité, à une taxe supplémentaire."

De son côté François Bayrou avance 24 propositions pour un "nouveau contrat social" dont un plan "face à la dépendance". Il pose comme principe que "la dépendance et le handicap doivent faire l'objet d'une politique commune d'aide à l'autonomie de la personne". Il veut capitaliser "sur l'expérience acquise depuis une dizaine d'années au moins, sur le travail des médecins, des associations, de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie, qui fera jouer tous les leviers disponibles : recherche médicale et pharmacologique, amélioration de la prise en charge dans les maisons de retraite et les hôpitaux, construction d'une offre plus abordable pour les familles, appui aux aidants et mise en œuvre de la solidarité nationale". Le candidat envisage de nommer des préfets chargés du logement et de la cohésion sociale.

Le débat autour de l'aide à l'autonomie est donc relancé.

Force est de constater que les principes portés par différents collectifs, comme le collectif "Une société pour tous les âges", auquel je participe, commencent à être entendus : stopper la discrimination liée à l'âge à situation de handicap équivalente (PCH : prestation de compensation du handicap avant 60 ans, APA après), proposer un droit universel d'aide à l'autonomie financé par un socle de solidarité nationale, lisser les dispositifs et instaurer une péréquation entre les territoires (plus ou moins "riches").

Sans moyens supplémentaires, impossible de combler les "restes à charge" des personnes malades, fragilisées (plus de 1000 euros par mois par personne), impossible de combler les manques en personnels formés et compétents, impossible de rattraper les retards d'un territoire à l'autre.

Mais comme le rappellent le Haut Conseil à l'avenir de l'Assurance Maladie (HCAAM), ou encore le Pr.Jean-Claude Henrard dans son récent ouvrage, notre système trop fragmenté, pas assez organisé, en panne de système d'informations performants... doit aussi être repensé.

Il faut que chaque candidat avance des propositions tangibles sur une réforme de notre système d'accompagnement (voir l'interpellation du collectif "Une société pour tous les âges").

Il va falloir revoir : les modes d'évaluations des attentes et besoins d'aides et de soins, la/les prestations qui en décline(nt), le guichet d'entrée, la coordination quotidienne du plan d'aide, l'accès à une filière coordonnée et labellisée. Les expérimentations (filières, réseaux, approches plurielles : médicamenteuses/non médicamenteuses...) montrent des résultats encourageants. Mais notre pays a du mal à dépasser des résistances culturelles (soigner versus prendre soin), territoriales (à chaque collectivité son service), professionnelles et corporatistes (domicile versus établissements), technologiques, financières ...

Accompagner l'autonomie est certes complexe, mais les promesses ne seront plus écoutées si elles ne se traduisent pas par des dispositifs lisibles et visibles.
Pour vivre ensemble, aujourd'hui et demain, dans une société pour tous les âges.

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