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Alzheimer

L'art de la diversion face à l'agitation, aux troubles du comportement, aux situations à risque de maltraitance

Temps de lecture 5 min

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Apaiser en mobilisant l’attention

Comment réagir quand l'angoisse monte chez son proche désorienté ? Pour y faire face, la personne aura tendance à s'agiter, crier, marcher... et nous, ses proches, à perdre patience. L'exaspérante, l'épuisante maladie d'Alzheimer a de quoi déclencher des situations à risque de maltraitance. C'est ce que décrit très bien le Dr Michèle Micas, gériatre et psychiatre, dans son livre Alzheimer : Les espoirs, les défis, les actions. Elle y décrit plusieurs "stratégies de diversion" préférables à des "recradrages dans la réalité", "pour le bien" de la personne malade et de ses aidants. Parmi les approches dites non-médicamenteuses, découvrez les stratégies de diversion, importées du Québec par les auteurs de l'Humanitude notamment. Pourquoi, quand et comment les utiliser ?

Maladie d'alzheimer : comment réagir
"La bonne réponse : c'est celle qui apaise", souligne aussi Colette Roumanoff dans son livre Le bonheur plus fort que l'oubli.

Quelles stratégies de diversion pour éviter les troubles du comportement ?

Agitations plus ou moins sévères, cris, gestes répétés, sans contrôles... ces troubles du comportement usent les nerfs des personnes âgées désorientées comme de leurs aidants ou des intervenants professionnels.

Il était commun de réagir en "recadrant" les personnes agitées, dans la réalité... au risque d'aggraver le symptôme.
On cherche aujourd'hui avant tout à apaiser la personne malade, à redonner des clés aux professionnels pour diminuer leur stress et leur sentiment d'impuissance.

Les stratégies de diversion s'appuient sur les compétences et capacités des personnes fragilisées et désorientées. Elles changent le regard qu'on leur porte. Ces personnes ne sont plus toujours des "charges, problèmes, difficultés".

Ces "outils" permettent de se sentir moins démunis.

Mais ils imposent une constante réflexion et vigilance pour maintenir une relation respectueuse des personnes.

Certaines approches non médicamenteuses comme la Validation de Naomi Feil invite à une écoute et une rencontre empathique avec la personne malade. Cette "validation" de la réalité de la personne malade apaise.

Carpe Diem propose d'analyser en profondeur les causes de ces comportements (environnement, comportement des aidants, des intervenants professionnels...) pour tenter de les contrôler et diminuer les troubles.

La méthode Montessori adaptée aux personnes âgées désorientées parie sur l'autonomie jusqu'au bout de la vie : ses programmes et activités visent à aider la personne à "faire seule". Ce qui semble canaliser les risques de monter d'angoisse.

Quand Yves Gineste et Rosette Marescotti, les auteurs de l'Humanitude, ont rencontré les neuro-psychologues québécois Daniel Taillefer et Daniel Geneau, ils ont été intéressés par leurs travaux sur les stratégies de diversion.
Souvent, la pathologie neurodégénérative (ou neuro-évolutive) accentue l'incapacité d’attention divisée (incapacité à faire deux choses à la fois) et la persévération (répétition incontrôlable de mots, gestes...).
L'analyse, l'évaluation de la situation de la personne, la connaissance de son histoire de vie (son/ses lieux de vie, métiers, familles, hobby, chants) vont aider à choisir les stratégies de diversion.
La philosophie de l'Humanitude interroge chaque geste de soin : à quel niveau de soin est-il ? Va-t-il améliorer la santé de la personne, la conserver ou l'accompagner jusque la mort ?

On sait que ce qui rassure, c’est ce que l’on connaît, que l’on aime, ce qui est resté en mémoire émotionnelle positive.
Pour tenter d'améliorer la santé des personnes malades et éviter de déclencher ou aggraver les crises d'angoisse, et donc l'agitation, plusieurs stratégies de diversion sont disponibles.

On va attirer l'attention de la personne vers :

  • des sujets de conversation sur des moments positifs de son histoire de vie (qu'il faudra évidemment connaître grâce notamment à la participation des proches, de la famille), les éléments de son PAP : projet d'accompagnement personnalisé.
  • des objets tirés de l'histoire de vie, de l'enfance, du travail, métier, des hobbys, du PAP...
  • Une musique, un instrument, peuvent aussi proposer une diversion facile, apaisante ou dopante (voire la Borne Melo, les casques pour écouter ses morceaux préférés, les séances de musicothérapie... Pensez aussi à Internet, Youtube pour retrouver les chanteurs, les textes des chansons, un karaoké qui permettent de suivre dans le moment présent.
  • un animal à caresser, regarder, choyer, nourrir... (chiens, chats, oiseaux de nuit...). On parle aussi de zoothérapie.
  • des gestes appris et réappris (mémoire procédurale) : chanter, faire quelques pas de danse, faire à manger (éplucher, mélanger), bricoler, travailler la terre, enrouler une pelote de laine, toucher des tissus, les associer (voir le "sac d'Augustine" et le retour des professionnels du soin qui sont soulagés de proposer des objets non dangereux, faciles à ranger, qui apaisent et ne demandent pas leur présence constante), faire du sport...

De jolies armoires, esthétiques, remplies d'objets évocateurs seront d'un grand secours (voir les propositions de fabricants), tout comme un espace Snoezelen dédié ou ambulant.

En prolongement de la cuisine (thérapeutique ou non), une cuisine ambulante diffusera son fumet et participera à une ambiance chaleureuse (les personnes désorientées étant des "éponges émotionnelles" sensibles à cette ambiance souligne Philippe Crone, Humanitude Animation).
Un carré de chocolat, une part de gâteau, un verre de jus de fruit, un fruit sec, un morceau de fromage, une bouchée enrichie... seront autant de moyens de diversion qu'il s'agira d'organiser un peu partout auprès des personnes désorientées, souligne Sabine Soubielle, Humanitude Restauration.

La diversion peut aussi s'appuyer sur des supports très inattendus, éloignés de l'histoire de vie des personnes malades.
Je peux témoigner de l'effet du magazine "Beaux-Arts sur le comportement d'une de mes tantes diagnostiquée Alzheimer qui n'avait jamais été sensibilisée à la peinture, la sculpture, notamment modernes. "Nous avons l'art pour ne pas mourir de la vérité" disait Nietzsche.

Et rien ne vaudra des gestes tendres, doux, des paroles et des regards chaleureux, bienveillants et tendres pour apaiser l'angoisse.
Voir le Film "Et guérir de tendresse" tourné à l'EHPAD Notre Dame aux Marches en Savoie.

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