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Mobilisation inédite en Ehpad, dans les services à domicile : J -1

Auteur Rédaction

Temps de lecture 4 min

Date de publication 29/01/2018

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Cela fait des mois que la grogne s’amplifie. Avec, en point d’orgue l’été dernier, la grève de 120 jours à Foucherans arrivée en Une du Monde. Mais loin de retomber, comme certains observateurs l’avaient prédit, le mouvement a pris de l’ampleur. Une pétition intitulée Dignité des personnes âgées, des moyens pour nos EHPAD ! rassemble près de 400 000 signatures au moment où nous écrivons ces lignes, et les syndicats, les associations professionnelles, mais aussi de familles appellent à la mobilisation ce mardi 30 janvier.

mobilisation ehpadEffectifs jugés insuffisants, réforme tarifaire qui entraîne une baisse de budget dans des centaines d’établissements, professions peu considérées, salaires très bas… autant de paramètres qui expliquent la situation difficile dans les établissements et les services qui accompagnent les personnes âgées, en termes de qualité de vie au travail des uns et de qualité de vie tout court des autres.

« On doit effectuer 12 à 15 toilettes chaque matin. On a donc 8 à 10 minutes par résident. A l’école, on nous a pourtant appris qu’il fallait 40 minutes pour faire la toilette d’une personne alitée », témoigne Sandrine Ossard, aide-soignante.

Son collègue Atef Jedda, ancien veilleur de nuit, poursuit. « Quand les résidents sonnent la nuit, nous ne pouvons répondre que deux ou trois heures après. Il y a mise en danger
d’autrui !
»

Sandrine Ossrad reprend : « Nous ne pouvons pas, nous soignants qui aimons notre métier et le faisons avec passion, continuer comme ça. Aujourd’hui c’est vraiment devenu une chaîne de rendement. Même les veilleuses de nuit sont surchargées de tâches. Nous sommes submergés par le travail, nous n’avons plus le temps d’écouter les résidents. Il n’y a plus de vie en Ehpad. »

Et au domicile, même combat, ajoute Pascal Champvert, qui représente les directeurs de services à domicile, de coordinations et d'établissements pour personnes âgées (association AD-Pa).

Revendications


Pour mieux accompagner les personnes âgées, les syndicats de salariés et l’AD-Pa, réunis en une intersyndicale inédite, appellent ainsi à la grève le 30 janvier et à se rassembler devant les instances qui financent les Ehpad et les services à domicile : agences régionales de santé (ARS) et conseils départementaux.

A Paris, un rassemblement est prévu en début d’après-midi devant le ministère de la Santé.

Les revendications ? Elles sont au nombre de quatre :
  • application du dispositif prévoyant un agent par résident, tel que prévu par le Plan solidarité grand âge ;
  • abrogation des dispositions législatives relatives à la réforme de la tarification des Ehpad, contenues dans la loi du 28 décembre 2015 ainsi que le retrait des décrets d’application ;
  • arrêt des baisses de dotations induites par la convergence tarifaire et par conséquent maintien de tous les effectifs des Ehpad y compris les contrats aidés, qui doivent être intégrés et sécurisés ;
  • amélioration des rémunérations, des perspectives professionnelles et de carrières, dans le cadre du Statut et des conventions collectives nationales.


Les familles aussi


Le 25 janvier, Force Ouvrière avait recensé des mouvements prévus dans 69 départements français. Mais au-delà des syndicats de salariés, s’associent aussi les directeurs d’établissement (association AD-Pa, Fnadepa), les fédérations de l’aide et des soins à domicile (Adessadomicile, ADMR et Fnaafp/CSF) et les familles. France Alzheimer a aussi annoncé son soutien à la mobilisation.

De leur côté, les proches des résidents de l’Ehpad Mur à pêches de Montreuil, réunis en collectif, ont publié un communiqué de soutien au personnel.
« Ici, les RTT du personnel ont été supprimés, ce qui engendre un vrai chaos dans les horaires. Les heures de kiné, d’ergothérapeute ont aussi été suspendues », observe Michèle Dessenne, l’une des membres du collectif. « La plupart des aides-soignantes sont dévouées, mais elles souffrent psychiquement et physiquement. En plus, la pupart d’entre elles sont en CDD. Le 30, nous serons avec elles, devant la délégation territoriale de l’ARS à Créteil. »

En Normandie, le Collectif Vieux Debout a déjà réuni le 11 décembre dernier les personnes âgées fragilisées, leurs proches, les professionnels, plus de 150 personnes devant l'Hôtel du département de Seine-Maritime. Ils veulent concrètement faire évoluer le prendre soin de la dernière partie de la vie, en décernant notamment des lauriers aux équipes, aux personnalités impliquées (comme la député Caroline Fiat ou Sébastien Jumel) avant d'attribuer des nez de Pinocchio à ceux qui mentent sur leurs engagements.

Monsieur Quibel et madame Lecoq que nous avons rencontrés vendredi nous expliquent que le Collectif Vieux Debout ! a été invité en tête de cortège ce 30 janvier à partir de 15h à Rouen entre le Cours Clémenceau et la Préfecture.

Réponse des pouvoirs publics ?


La ministre des Solidarités et de la Santé a rappelé les mesures engagées dans le projet de loi de finance de la Sécurité sociale 2018 à savoir 100 millions d'euros pour les Ehpad (pour ne pas diminuer les postes de soignants, renforcer les infirmiers de nuit) et 50 autres millions annoncé ce 25 janvier.

« Loin du compte », affirme la Fédération hospitalière de France.

L'AD-Pa a précisé par ailleurs que l'Elysée ne recevra pas les représentants des professionnels malgré un rendez-vous fixé ce 29 janvier.

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