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Audition : liens confirmés entre surdité et déclin cognitif

Auteur Rédaction

Temps de lecture 3 min

Date de publication 12/02/2018

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Etude Paquid

Une étude de la cohorte Paquid de l'Inserm à Bordeaux atteste d'un risque accru de démence (+22%), de dépendance (+33%) et de dépression, chez les personnes présentant des troubles de l’audition et non appareillées, notamment chez les hommes (+43%).

Ne pas porter d'aide auditive nuit à la santé


Audition personne âgée lien cerveauLes chercheurs ont suivi 3 577 habitants de Gironde et Dordogne âgés de 65 ans ou plus, pendant 25 ans (de 1989 à 2015). Ils ont observé un "déclin accéléré" des capacités cognitives chez les personnes qui auraient besoin d’un appareil auditif mais qui n’en portent pas. A l’inverse, les personnes entendantes ou appareillées auraient moins de risques de souffrir de démence, dépendance ou dépression.

"Nous soupçonnions la perte d'audition chez les personnes âgées de jouer un rôle dans l'isolement social, la dépression, l'invalidité, une qualité de vie et le risque de démence", écrivent les auteurs de l'étude publiée dans la revue américaine Journals of Gerontology. Pour la neuropsychologue Hélène Amieva, coordinatrice de l’étude, "il est utile de dépister et de traiter la perte d’audition, même si on peut considérer que c’est quelque chose de normal, avec l’âge, d’entendre moins bien".

Etude présentée par... les audio-prothésistes : risque de conflit d'intérêt ?


La conférence de presse de présentation de l'étude ce 7 février était organisée par le Syndicat national des audioprothésistes (UNSAF).
Les spécialistes veulent éviter les abus de langage sur le lien de cause à effet de problème d'audition sur la démence. Ils parlent d'effet aggravant. EN juin 2017, le professseur américain Frank Lin expliquait que « la seule façon de découvrir si le traitement de la perte auditive permet de retarder le déclin cognitif ou la démence est de mettre en place des essais randomisés. Avec cette méthode, on appareille un groupe de malentendants et on compare avec un groupe contrôle. Nous sommes précisément en train de mettre en place un tel essai clinique dans mon laboratoire. Nous avons déjà terminé l’étude pilote sur 40 patients âgés de 70 à 84 ans, et pour l’essai clinique, nous avons recruté environ 850 personnes. Les premiers résultats ne seront pas disponibles avant 2022 ! ».

On voit qu'il reste difficile d’attester de l’impartialité de ce syndicat d'audioprothésistes ayant commandé cette étude et demandé aussi une réforme du remboursement des prothèses auditives. Ils estiment que leur coût reste un frein majeur. Deux millions de Français sont équipés d’une audioprothèse aujourd'hui or l'UNSAF estime qu'un million de personnes y renonceraient du fait de la faible prise en charge par l'Assurance Maladie et les mutuelles (958 euros pour une oreille). La prise en charge par l'Assurance Maladie est de 60 %, du tarif fixé à 199,71 euros, quelle que soit la classe de l'appareil prescrit. Il reste donc un reste à charge moyen de 1535 € par oreille (appareil et services, réglages).

Une meilleure prise en charge serait rentable au vue du coût de l'aide et des soins aux personnes atteintes de démence ou de dépression, estime l'Unsaf.
C'est d'ailleurs une promesse du Président de la République. La ministre des Solidarités et de la santé Agnès Buzyn vient de lancer un groupe de travail avec les différentes parties prenantes. Premières propositions dans quatre mois : en mai 2018.

Mobilisation des acteurs de la prévention santé


Le dépistage des troubles de l'audition fait partie des politiques de prévention de l'Assurance Maladie et des groupes de protection sociale. Les 17 centres de prévention Agirc-Arrco proposent des diagnostic et ateliers d'informations et de suivi.
Ils constatent de grands freins à l'appareillage : pour des raisons de coûts, de stigmatisation ?
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