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Bien vieillir (prendre soin de soi)

Exclus de la sexualité au grand âge

Auteur Rédaction

Temps de lecture 3 min

Date de publication 03/04/2018

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Dépasser le tabou

Vieillir c'est vivre. Vivre c'est respirer, manger, bouger, ressentir, réfléchir... et avoir une vie affective et sexuelle, jusqu'au dernier souffle.
Pourtant la sexualité au grand âge reste un sujet tabou. Difficile en effet d'imaginer ses parents ou ses grands-parents faire l’amour.
Or selon l’Insee, 39% des 75-85 ans s’envoient encore – plus ou moins – en l’air comme l'explique le webdocumentaire des Science Po Rennes et France 3 "Sexclus". Le magazine Slate.fr a lui aussi choisi d'informer sur cet impensé de la sexualité au grand âge.

sexclus

Préserver l'intimité


"Entre surveillance et vie en collectivité, comment préserver leur intimité ?" interroge Sexclus, sur ces exclus de la sexualité. "Groupes de discussion, formations, distributions de préservatifs... Parfois, l’institution ne fait plus l’autruche. Souvent maladroitement."
Le webmagazine pousse la porte de la maison de retraite.
Il montre le problème de la taille des lits : 90 cm de large quand on a dormi des dizaines d'années dans un lit de 140 cm, à deux et puis parfois seul).
Avec humour, Sexclus montre un résident en fauteuil qui s'est brisé des ligaments croisés pour avoir escaldé les barrières du lit de sa femme !
Il montre aussi ces entrées incessantes dans les chambres qui ne sont plus des domiciles.
"Frapper à la porte et attendre la réponse" est une évidence pour de nombreuses structures (les Labellisés Humanitude notamment) mais cette pratique n'est pas encore une évidence pour ces professionnels stressés, sous tension, qui ne mesurent pas l'impact de cette violation du domicile, qui ne sont pas accompagnés, soutenus, pour revoir les moyens, les organisations et surtout le regard qu'ils portent sur les personnes certes fragilisées, mais vivantes et donc sexuées jusqu'au bout.
La moindre des choses reste de sanctuariser cette porte du domicile et d'installer un panneau "ne pas déranger", "soins en court".

Le regard des enfants, des conjoints "éconduits"


Très difficile pour les enfants (âgés), les petits-enfants, pour le conjoint d'envisager une nouvelle vie en couple pour leurs proches... et pourtant.
Dans "Amours de Vieillesse", la co-auteur, Marick Fèvre, propose d'éviter les jugements qui oscillent entre "ces choses là ne sont plus de leur âge" et la figure du « pépé un peu pervers ». Ces réalités existent entre deux êtres qui s'attirent et s'aiment. "Cela ne regarde pas la famille", explique Gérard Ribes, psychothérapeute, sexologue. Quand la personne est désorientée, on peut être meurtri de nouvelles réalités, on peut craindre pour son intégrité. Les professionnels suivent son comportement, son assentiment, à défaut de consentement. Et si elle est apeurée, si elle s'agite anormalement, les professionnels doivent intervenir. Sinon, non.
Et puis les générations changent. Celles qui sont nées dans les années 50, sont plus libérés sur le plan de la sexualité, des pratiques, des recours aux livres, films, objets (voir le témoignage d'un sextoy en maison de retraite ?).

En parler, car la vie (et donc le sexe) est là jusqu'au bout


Entre les professionnels qui croient se protéger derrière leur blouse, entre les familles désemparées ou exaspérées, entre les contentions (comme des grenouillères) qui empêchent tout geste, peau à peau, la nuit, entre ces résidents LGBT qui n'osent parfois pas dire leur réalité...
L'idée est d'en parler, de se former et de réfléchir aux actions à mener pour laisser cette vie, et donc cette sexualité s'exprimer, comme elle l'entend, jusqu'au bout.
Sachant que cette vie, en situation de handicap ou pas, se protège aussi contre les MST (Maladies sexuellement transmissible, le VIH).
Oser en parler, informer, raconter cette réalité, dans la presse, à la télévision, au cinéma.
"L'enjeu c'est de banaliser les différences" explique Julien en situation de handicap dans Sexclus. Banaliser la vie sexuelle du début à la toute fin de la vie.

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