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Ehpad : attention aux idées reçues

Auteur Rédaction

Temps de lecture 4 min

Date de publication 11/02/2019

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Leurs propositions, leurs limites aussi

Les établissements pour personnes âgées dépendantes ont une image pour le moins difficile dans l'imaginaire des Français. Ils accueillent 590 000 personnes âgées de plus de 85 ans et majoritairement atteintes de maladies invalidantes, voire neurodégénératives (neuro-évolutives). Les gros titres des médias mettent plus en avant les suspicions de maltraitances, la grève des professionnels par manque de moyens, les tarifs trop élevés, que les initiatives pour "vivre et mourir debout" (un des principes du label Humanitude, 1er label de bientraitance) et ces résidents qui "kiffent leur Ehpad". Mais qu'attend-on de ces Ehpad ?
Parfois tout (bien accompagner maman jusqu'au bout) et son contraire (que maman ne meure pas).
Zoom sur quelques idées reçues.


Les Ehpad sont trop chers

Certes, ces établissements pour personnes âgées dépendantes ont des tarifs qui laissent un reste à charge de près de 2000 euros par mois, largement supérieur aux retraites moyennes. Mais pour un gîte adapté, aux normes, un couvert (du petit-déjeuner au dîner), l'entretien du linge, des activités et un prendre soin ajusté 24 heures sur 24, ces établissements ne sont en fait "pas assez bien remboursés" estime l'association des directeurs au service des personnes âgées.

Les tarifs sont décomposés en trois parties : l'hébergement, le gîte, le couvert, l'administration, payés par le résident, ses proches ou l'aide sociale récupérable à la succession / la dépendance fixée par le département, en partie financée par l'APA, allocation personnalisée d'autonomie / les soins prodigués par des professionnels salariés (médecin coordonnateur, infirmiers, aides-soignants) et financés globalement par l'Assurance maladie via les ARS : agences régionales de santé.

Le portail pour-les-personnes-agées.gouv.fr permet des comparatifs entre les tarifs des Ehpad. Ces frais ouvrent à une réduction d'impôts calculée sur 25 % des sommes payées dans la limite de 2500 euros par an pour une personne seule.

Le débat Autonomie/Grand Age qui s'est ouvert en vue d'une nouvelle loi en 2019 vise à réduire ce coût des Ehpad mais aussi à améliorer leur qualité de services et de prendre soin. Demain paiera-t-on peut-être ce service, comme les crèches ou d'autres services collectifs, en fonction des revenus ?

Les Ehpad sont maltraitants

La récente étude Retraite Advisor portant sur 80 000 notes laissées par les résidents et leurs proches dans 3235 établissements, témoigne que près d'un tiers des résidents estiment ces établissements maltraitants.

Si les risques de maltraitance sont aussi présents aux domiciles des personnes fragilisés, le risque existe en Ehpad aussi où les obligations de signalement sont normées. Ces Ehpad gagneraient à renforcer leur ouverture vers l'extérieur, les labels de bientraitance (comme le label Humanitude). Hygiène, qualité des soins, disponibilité... la qualité de ces structures repose sur le bâti, les matériels mais surtout sur des personnels formés, encadrés, managés en nombre suffisant pour assurer une présence professionnelle et ajustée devant des situations de plus en plus complexes (polypathologie, épuisements des proches, âgisme, troubles du comportement...).

Les Ehpad sont des mouroirs

Déménager en Ehpad se fait rarement de gaîté de coeur et c'est dommage, car comment bien vivre, vieillir et peut-être mourir dans une structure que l'on réfute, que l'on n'a pas choisie... quand on le peut encore. L'Ehpad répond aux besoins de présence, d'aide quotidienne, de sécurité des personnes désorientées mais aussi au respect de leur liberté, de leur intimité, de leurs rythmes de vie, de leurs capacités, de leurs envies, debout jusqu'au bout.

Après la signature du contrat de séjour, les équipes des Ehpad ajustent en permanence leur prendre soin dans une analyse bénéfice/risque des décisions à prendre, avec la personne concernée, avec ses proches, avec sa personne de confiance, dans le respect de ses directives anticipées.

Pour ce faire, ils ont besoin d'un projet clair présenté dès l'admission et régulièrement ajusté (avenants au contrat) avec des personnels pluridisciplinaires, mobilisés, impliqués, managés, en nombre suffisant.

Les Ehpad sont tous les mêmes

Il existe 7700 Ehpad majoritairement publics hospitaliers et territoriaux (50 %), associatifs (25 %) et privés commerciaux (25 %), indépendants ou au sein de groupes, aux tarifs plus ou moins habilités à l'aide sociale, aux listes d'attente plus ou moins longues.

Chaque structure a son histoire, ses particularités (implantation, bâtiments, jardins, taille), ses équipes professionnelles.

Chaque structure évolue au fil des années autour d'un projet d'établissement qui gagne à être connu. Chaque Ehpad est autorisé par les autorités de tarification (département et agence régionale de santé) et doit respecter des normes (hygiène, sécurité, incendie), des recommandations (mais l'Etat n'a pas imposé un taux d'encadrement de professionnels minimum par résident), ainsi que des obligations réglementaires comme celle de faire vivre un conseil de la vie sociale (CVS) où les résidents, les habitants et leurs proches sont représentés.

Le contrat de séjour décrit les services proposés de la chambre (domicile) aux activités des lieux de vie collectifs. Certains espaces sont dédiés aux personnes désorientées. Ces lieux de vie, de fin de vie, gagnent à être visités, testés (accueils de jour, temporaires). L'annuaire d'Agevillage les répertorient et permet d'accéder aux avis des clients, aux labels (Humanitude), ainsi qu'aux autres offres d'accueils et d'hébergement (habitats intermédiaires entre le domicile et l'Ehpad comme les cohabitations, les collocations, les petites unités de vie, les familles d'accueil, les résidences autonomie, les résidences services seniors... qui ne peuvent accueillir beaucoup de personnes très fragilisées).

Connectés, avec des solutions de télémédecine, les Ehpad de demain seront des plateformes gérontologiques ressources, aux cotés des services d'aides et de soins aux domiciles. Ils sont souvent les premiers employeurs des territoires.

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