Aller sur la navigation Aller au contenu principal Aller sur la recherche

Comprendre les fragilités

Alzheimer : existe-t-il un test sanguin permettant de détecter la maladie 20 ans avant ?

Auteur Rédaction

Temps de lecture 3 min

Date de publication 19/08/2019

0 commentaires

Le décryptage du Docteur Panchal

Début août, des chercheurs de la Washington University School of Medicine de St. Louis ont publié les résultats de leurs travaux, permettant de mettre en évidence, très en amont et à partir d’un test sanguin, la présence de plaques amyloïdes dans le cerveau. Beaucoup y ont vu une solution pour détecter la maladie 20 ans avant son apparition mais ce n’est pas vraiment le cas. Les éclairages du Dr Maï Panchal, directrice scientifique de la Fondation Vaincre Alzheimer.


Que raconte réellement cette étude ?


[Dr Panchal] Cet article scientifique est une étude de qualité mais elle ne montre en aucun cas la mise au point d'un test sanguin pour diagnostiquer la maladie d'Alzheimer 20 ans avant l'apparition des premiers symptômes.

La maladie d’Alzheimer se développe par un processus biologique lent et silencieux. Ce processus consiste en l'accumulation de 2 protéines toxiques (protéine bêta-amyloïde et protéine tau anormale) formant des lésions cérébrales (les plaques amyloïdes et les dégénérescences neurofibrillaires, respectivement). Ce processus débute 20 ans avant l’apparition des premiers symptômes.

Dans l'étude américaine, 158 personnes cognitivement normales ont passé un scanner PET-amyloïde, une technique d'imagerie qui met en évidence, du vivant de la personne, la présence de plaques amyloïdes dans le cerveau, une des lésions caractéristiques de la maladie d'Alzheimer. Dans les 18 mois suivants, ces personnes ont réalisé une prise de sang pour mesurer la quantité de protéines bêta-amyloïde dans le sang ; puis ils ont repassé un scanner PET-amyloïde.

Les chercheurs ont montré que les personnes avec un PET-amyloïde négatif au départ (pas de plaques amyloïdes dans le cerveau) et qui avaient un résultat positif pour la prise de sang par la suite (c'est à dire la présence de protéines bêta-amyloïde dans le sang) avaient un risque multiplié par 15 d'avoir un scanner PET-amyloïde positif dans les 18 mois suivants (c'est à dire l'apparition de protéines bêta-amyloïde dans le cerveau).

Cette étude permet de mettre en lien la présence de protéines amyloïdes dans le sang et celle des plaques amyloïdes dans le cerveau. Mais la présence de plaques amyloïdes n'est absolument pas une preuve suffisante pour diagnostiquer une maladie d'Alzheimer.

Beaucoup de centenaires présentent dans leurs cerveaux des plaques amyloïdes et sont pourtant cognitivement normaux. C'est la présence des 2 lésions cérébrales (plaques amyloïdes et dégénérescences neurofibrillaires) qui font la signature de la maladie d'Alzheimer.


Quelles sont les perspectives en matière de dépistage ?


[Dr Panchal] Le terme "dépistage" s’adresse plutôt à une population générale dans laquelle une maladie latente va être recherchée pour être traitée. A l'heure actuelle, ce type de dépistage n’est pas possible dans le cas de la maladie d’Alzheimer car nous n'avons pas encore de traitement curatif. On parle plutôt de "diagnostic précoce" qui s’adressera à des individus présentant des symptômes légers.

De par cette maladie lente et silencieuse, les scientifiques souhaitent développer un diagnostic de plus en plus précoce. Des test sanguins ou oculaires sont de nouvelles pistes à développer, mais pour l'instant, aucun d'entre eux n'est capable de mesurer les 2 biomarqueurs de la maladie (bêta-amyloïde et tau). D'autres recherches se focalisent sur l'identification de nouveaux biomarqueurs de la maladie d'Alzheimer dans le sang et dans le liquide céphalo-rachidien.

A l'heure actuelle, on ne pose pas de diagnostic de maladie d'Alzheimer chez des personnes ne présentant aucun symptôme. Mais il existe une fenêtre temporelle très large pour effectuer de la prévention, dans le but de retarder la survenue de la maladie et l’apparition des symptômes : prendre en charge son hypertension artérielle et son diabète, privilégier une alimentation équilibrée, pratiquer une activité physique quotidienne, développer une activité cognitive riche et variée et favoriser les interactions sociales.
Partager cet article