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Etre aidant, être aidé

Stratégie Agir pour les aidants : E. Philippe et deux ministres mobilisent 400 millions d'euros sur 3 ans

Auteur Annie De Vivie

Temps de lecture 5 min

Date de publication 28/10/2019

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Soutiens, répit, congés rémunérés, réflexe proches aidants pour les professionnels de santé

Le 23 octobre dernier à Chamarande dans l'Essonne, le Premier ministre Edouard Philippe a dévoilé la stratégie du gouvernement 2020-2022 Agir pour les aidants. Il était accompagné d’Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre chargée des Personnes handicapées, la députée Annie Vidal et la sénatrice Jocelyne Guidez, impliquées sur ces enjeux. Touché par les situations difficiles dévoilées, le Premier ministre s'est voulu humble et volontariste avec la mobilisation de 400 millions d'euros sur 3 ans.

Ce qui me frappe concernant la situation des proches aidants”

A l'écoute des réalités complexes relatées par les proches aidants réunis autour du Premier ministre, ce dernier s'est adressé à eux en pointant quatre points qui l'ont frappés :

- le besoin de reconnaissance de ces situations complexes, au long cours, peu visibles ;
- l'épuisement de ces proches aidants face à l’intensité de l’aide exigée par la situation et sa durée dans le temps ;
- le besoin de répit : c’est déjà énorme de le rendre légitime, d’aider les aidants à oser formuler ce besoin pour ces aidants ultra-investis. L’idée étant que pour aider au long court il faut prendre du répit, prendre soin de soi ;
- le besoin d’informations pratiques, médicales, savoir ce qu’il faut faire, ce à quoi on a droit, ce à quoi on doit s’attendre, sur qui s’appuyer. Il est dommage que "chaque aidant semble refaire le chemin entier", constate le Premier ministre.

Aidant : un statut ?

"Etre aidant n’est pas un statut et ne veut pas dire la même chose pour tout le monde : ceux qui sont seuls, en couple, ceux qui travaillent... Il y a un besoin d’adaptation à chaque situation variée", estime Edouard Philippe.

"La question du statut demanderait à quantifier ce que veut dire être un aidant. Il n’y a pas de consensus aujourd’hui, le sujet n’est pas mûr".

La question des aidants s’impose néanmoins petit à petit dans la société. On voit qu'il s'agit de réalités individuelles mais aussi collectives (pour maintenir leurs droits à la retraite, exonérer de l’impôt sur le

revenu et la CSG la partie aidant familial de la PCH par exemple).

Le tissu associatif comme beaucoup de collectivités locales se sont saisis du sujet, constate le Premier ministre, le plan dévoilé s'inspire des réussites.

La stratégie du gouvernement est d’avancer avec humilité sur plusieurs fronts


- Sur l’information : un numéro unique sera lancé début 2020 pour permettre à tous les proches aidants d’être renseignés.

L’enjeu avoir une personne au bout du fil, insiste Sophie Cluzel, secrétaire d’état auprès du Premier Ministre chargée des Personnes handicapées.

Elle souhaite aussi que des labels rassurent les réponses proposées avec un réseau de lieux labellisés Je réponds aux aidants.

La société doit prendre conscience de la réalité de ces aidants : une campagne pour rendre visible leur rôle sera lancée en 2020.

- Etoffer les solutions de répit : face aux risque d’épuisement de ces aidants, de ces aimants, sur le pont jour et nuit, le gouvernement veut doubler les places d’ici 2022, doubler les 160 000 personnes qui ont accès à une solution qui permet de souffler d'ici 3 ans.

Le plan prévoit le déploiement d’actions de formations et des moments d’échanges entre aidants comme les cafés des aidants.

Une réflexion sur l’anticipation de l’accompagnement de la personne aidée en cas de décès de l’aidant est confiée à la députée Annie Vidal.

La stratégie prévoit de doubler les places d'accueils temporaires, généralisation du relayage et les plateformes de répit.

- Rémunérer le congé proche aidant dans le cadre du projet de loi de finance de la Sécurité Sociale 2020 : 43 euros par jour pour les aidants en couple, 52 euros pour une personne seule versés à travers une téléprocédure simple par les CAF (caisses d’allocations familiales) et MSA.

Ce congé permettra de conserver ses droits à la retraite. "Bon courage aux députés qui voteront contre !" ironise Edouard Philippe. Le soutien aux proches aidants sera inscrit dans la négociation obligatoire dans les entreprises.

- Développer le "réflexe proches aidants" chez tous les professionnels de santé, dès leur formation initiale, avec des outils de repérage, des formations à distance.

Un rendez-vous Santé proche aidants au moment de leur passage à la retraite sera organisé dès 2020.

A l’initiative de la sénatrice Jocelyne Guidez, l’identification du rôle d’aidant sera inscrite dans le DMP (dossier médical partagé). En cas d’accident, d’hospitalisation de l’aidant, les professionnels de santé seront informés de son rôle pour s’assurer que le proche aidé n’est pas laissé seul à son domicile.

- Epauler les jeunes aidants, un par classe, dans leur parcours scolaire (rythmes ajustés, solutions de répit) en lien avec l’Education nationale.

"La seule boussole que je me fixe c’est d’avancer", conclut le Premier ministre, "sans prétendre avoir trouvé toutes les solutions à toutes les situations des proches aidants".

Quid du financement de l’aide à l’autonomie ?

Une fille de malade Alzheimer a insisté après du Premier ministre sur la nécessité d’aides professionnelles formées à la maladie : "leur bonne volonté ne suffit pas, leurs maladresses peuvent provoquer refus et incompréhensions de la personne malade".

Cette adhérente de France Alzheimer a insisté sur la question de la solvabilisation des transports vers les solutions de répit (les accueils de jour par exemple). Elle a déploré le coût d’entrée en Ehpad : établissements pour personnes âgées dépendantes, dont la qualité reste variable malgré leurs tarifs.

A quand un vrai risque de sécurité sociale pour compenser les situations de handicap quel que soit l’âge ? Aujourd’hui ce sont les retraités via la Casa (Contribution additionnelle d’aide à l’autonomie) qui surcotisent pour les personnes âgées fragilisées insiste l'association Bien Vieillir en Bretagne, membre de la Fnapaef

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