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Etre aidant, être aidé

Etre salarié de son proche : une décision aux conséquences majeures

Auteur Rédaction

Temps de lecture 3 min

Date de publication 16/12/2019

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Des avantages et inconvénients à bien considérer avant de se lancer

Sous certaines conditions, les aidants peuvent être rémunérés pour l’aide qu’ils apportent à leur proche, qu’il soit en perte d’autonomie ou en situation de handicap. Une configuration qui a tout autant d’avantages que d’inconvénient.


Aujourd’hui, près d’un aidant sur dix déclare percevoir une rémunération ou un dédommagement. Ce qui correspondrait à près de 750 000 personnes rémunérées ou dédommagées en France pour l’aide consentie à un proche (en se basant sur le nombre d’aidants mesuré en 2008).

Un grand nombre, mais des situations individuelles très différentes : la rémunération est encadrée par la loi quand le dédommagement est informel ; la prestation de compensation du handicap (PCH) et l’Apa (allocation personnalisée d’autonomie) ne fonctionnent pas de la même manière.

Et opter pour une rémunération de l’aide peut avoir des conséquences très différentes selon les familles, les relations aidants-aidés.

Être rémunéré grâce à l’Apa


Pour rappel, il est possible d’embaucher un aidant en tant qu’aide à domicile et de financer une partie de son salaire avec l’Apa, sauf son conjoint, son concubin ou son partenaire de Pacs.

Une embauche qui doit se faire dans le respect des règles en vigueur : établissement d’un contrat de travail, bulletins de paie, etc.

Une monétarisation de l'aide critiquée


Une solution pour valoriser l’aide apportée, de dédommager un aidant qui aurait cessé son activité, mais qui entraine aussi des critiques.

Pour deux raisons principales : « D’une part, la rémunération des aidant.e.s crée une confusion des rôles et génère de la souffrance. D’autre part, le transfert monétaire en direction des proches objective le désengagement de l’État et l’enrôlement des aidant.e.s profanes dans l’action publique […] Les détracteurs de la rémunération considèrent qu’elle piège, assigne, enrôle et, en un sens, condamne les familles à la disponibilité », écrivent des sociologues du Conservatoire national des Arts et Métiers (Cnam) qui se sont penchés sur le sujet.

Dans le cadre de leurs recherches, ils ont rencontré 52 aidants, et ont étudié les conséquences de la rémunération sur ces aidants mais aussi sur leurs relations avec les personnes aidées.

Fragilisation ou stabilisation ?


Selon les situations, être rémunéré en tant qu’aidant peut protéger ou fragiliser le proche salarié.

La rémunération peut améliorer des situations et consolider les parcours, en apportant un revenu à un aidant qui a dû cesser de travailler ; en favorisant la reconnaissance de l’aidant au sein du cercle familial ; en permettant à certains aidants au parcours professionnel chaotique de continuer à cotiser pour maintenir ses droits sociaux…

Pour d'autres, c'est un facteur de fragilisation. D’abord parce qu’elle peut creuser des inégalités préexistantes (inégalités hommes/femmes avec des femmes plus souvent assignées au rôle d’aidante ; inégalités de revenus).

Mais aussi parce que paradoxalement, devenir salarié en tant qu’aidant peut accentuer la précarité. Quand les besoins de l’aidé augmentent sans que l’aide financière soit revalorisée, ou si celle-ci diminue, les personnes dont elles constituent le revenu principal peuvent se retrouver en grande difficulté.

Des conséquences sur la relation


Les sociologues du Cnam ont aussi observé que la rémunération pouvait avoir des impacts très différents sur la relation entre l’aidant et l’aidé.

« La rémunération peut favoriser l’équilibre des rapports grâce au sentiment d’un juste échange entre proches. Elle peut aussi autoriser plus facilement l’aidant.e à prendre des congés du fait de son activité salariée », expliquent-ils.

Mais dans d’autres situations, « elle accentue les rapports de force, durcit les attentes et justifie des comportements tyranniques ».

Même chose dans les relations entre l’aidant rémunéré et le reste de la famille : l’aidant peut se retrouver isolé, les autres membres de la fratrie se déchargeant de la responsabilité de l’aide ; ou au contraire renforcer son importance dans les prises de décision.

Autant de possibilités à considérer avant de prendre la décision de devenir aidant salarié.

Lire la synthèse de l’étude Cnam/CNSA sur la rémunération et le statut des aidants

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