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Personnes âgées : les Suisses de Marseille, divisés sur le sort d'une maison de retraite

Auteur Rédaction

Temps de lecture 2 min

Date de publication 21/11/2011

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La justice devrait trancher vendredi dans la longue bataille des Charmerettes, un mas provençal du XVIIIe siècle dont l'usage divise âprement la communauté helvète de la cité phocéenne.

L'affaire dure depuis une vingtaine d'années et a même été portée devant le Parlement suisse. Mais c'est finalement le tribunal d'instance de Marseille, saisi par la fondation suisse "Helvetia-Massilia Angst-Dorrepaal", propriétaire du mas, qui devra se prononcer sur l'expulsion ou non du "Foyer helvétique", dont les responsables refusent le départ des lieux.

Dans ce havre niché au coeur de 3,8 hectares de campagne en plein Marseille, la maison de retraite est installée depuis 80 ans. Y sont hébergés aujourd'hui six Suisses et treize Français, âgés de 85 à 100 ans. "L'activité du Foyer est incompatible avec les objectifs de la Fondation", affirme Alfred Bäehler, ancien consul général de Marseille et président de la Fondation Helvetia-Massilia.

"La Fondation (par l'intermédiaire de cette propriété, ndlr) doit avoir un rayonnement culturel dans tout le sud-est de la France", estime M. Bäehler, qui espère pouvoir accueillir bientôt, à la place des vieillards, "des étudiants et des artistes en résidence".
"Pourquoi nous expulser, ce n'est pas du tout incompatible!", répond Rolland Gay, président du Foyer helvétique. Selon ce Valaisan, arrivé à 13 ans à Marseille, "M. Bäehler et ses amis (les présidents successifs de la Fondation depuis 20 ans, ndlr)" ont trahi "la philosophie des origines".

C'est un fait divers tragique qui, à la fin des années 20, conduisit à la création de l'Asile de vieillards, raconte-t-il: le suicide d'un couple de Suisses de Marseille, contraints à leur retraite de rentrer dans leur région d'origine, en Suisse alémanique. "Comme ils étaient sans famille, ils n'ont pas supporté d'être à la charge de leur commune et se sont suicidés".

Cette histoire émut la colonie marseillaise, tout particulièrement le consul général de l'époque. Le don d'une propriété et une souscription permirent alors d'acheter les Charmerettes. Dans la foulée, la Fondation Helvetia-Massilia fut créée en 1931 par le consul Angst qui avec son épouse déposa 200.000 FS au Crédit suisse, poursuit M. Gay. Les intérêts de ce placement devaient servir particulièrement à trois "ayants droit" marseillais: l'Eglise protestante (aujourd'hui dissoute), l'Asile de vieillards (devenu Foyer helvétique en 1989) et la Société suisse de bienfaisance (une association d'entraide).

"Pendant 60 ans, ça a bien fonctionné, et de nombreuses associations, comme le Grütli, les scouts, l'Eglise protestante, fréquentaient les Charmerettes pour des bals, des pique-niques, ou jouer aux quilles", souligne le président du Foyer. Mais en 1996, les statuts de la Fondation sont modifiés et les trois ayants droit évincés de la liste des bénéficiaires.

"Les statuts ont été modifiés parce que la Confédération l'a demandé", justifie l'ancien consul, M. Bäehler, affirmant que la "Fondation avait perdu son essence" car il n'y a plus aujourd'hui de "nécessiteux". Claudine Megroz, vice-présidente du Foyer, dont le père oeuvra 50 ans durant dans différentes associations de la colonie, pense au contraire qu'il faut transmettre "ce patrimoine exemplaire".

"Ma tante, qui est l'une des deux centenaires du Foyer, avait été élue +Miss colonie Suisse+ dans les années 30. Il y a quelque chose qui nous réunit dans le temps et qui fait partie de nos racines, nous sommes des descendants de la diaspora suisse", explique cette Genevoise, régulièrement de retour dans la cité phocéenne.

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