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Non, les maisons de retraite ne sont pas des camps de concentration ! Tribune libre de Bernard Pradines

Auteur Rédaction

Temps de lecture 2 min

Date de publication 30/07/2012

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Bernard PradinesUn écrit par ci, un thème de mémoire par-là, une intervention ou des allusions dans un colloque ou un séminaire. Les institutions d’hébergement et de soins pour personnes âgées seraient des camps de concentration. Pas moins ! Au pire, nous en serions les gardiens, au mieux les conducteurs de la locomotive qui amène les résidents vers leur funeste destin.

Argument grossier, né de la culpabilité collective du « placement » en contrainte et de l’angoisse d’y être soumis ? Peut-être, mais plus difficile à démonter qu’il n’y semble à premier vue. D’autant que la notion de mouroir, aussi imprécise soit-elle, a ouvert la voie vers des qualificatifs encore plus radicaux : invoquée si souvent sans considération pour l’Histoire, la deuxième guerre mondiale aurait donc le présent et l’avenir devant elle. Première analogie : ce sont des lieux de regroupement où l’on se retrouve un jour sans l’avoir souhaité. Deuxième analogie : nous mourons de plus en plus souvent un EHPAD ou en SLD, des lieux concentrant de nombreux décès. Pour appuyer ses arguments, une de mes correspondantes me confia qu’un ancien déporté souffrait d’une résurgence de sa captivité.

Pourtant il y a loin des analogies à l’amalgame. Nos résidents ne sont pas venus dans nos établissements pour leurs convictions, leurs orientations politiques ou religieuses, leur origine ethnique ou leurs préférences sexuelles. L’intention et la réalité ne sont pas de les faire travailler comme des esclaves, voire de les tuer par le travail. Ils ne sont pas exilés manu militari loin de chez eux, séparés de leur famille, soumis à des conditions inhumaines, à un sort totalement incertain, à la menace de punition par la torture et par la mort, à une survie aléatoire parfois au dépens d’autrui. Que je sache, ils n’y sont pas systématiquement exterminés par familles entières comme cela fût le cas par exemple lors de la Shoah par balles ou à Birkenau.

Soyons sérieux : tout au plus devons-nous plutôt réfléchir aux bouleversements sociétaux liés à la professionnalisation massive auprès de la vieillesse depuis un demi-siècle, à l’effondrement partiel mais significatif du rôle familial « artisanal » laissant place à l’industrialisation du secteur, au déplacement coutumier du lieu de la fin de la vie. Il y a déjà tant à faire pour améliorer cette réalité. Qui plus est, comment pourrions-nous laisser entendre à nos continuateurs qu’ils ont sous les yeux un exemple de camp de concentration dans l’observation d’une maison de retraite ? Cette forme outrancière de relativisme n’est-elle pas, in fine, le faux nez d’une sorte de révisionnisme ?

Pour contacter Bernard Pradines
www.geriatrie-albi.fr

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