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Noyade : les gestes qui sauvent

Auteur Rédaction

Temps de lecture 3 min

Date de publication 27/07/2013

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Les personnes âgées et les enfants sont des victimes désignées

"Oscar" git sur l'herbe et Catherine tente de susciter une réaction, un mot, un geste. Rien n'y fait. Heureusement, ce n'est qu'un mannequin pour apprendre les bons gestes permettant de sauver des vies de noyés, encore trop nombreux.

Pour la période estivale de 2012 (de juin à septembre inclus), l'Institut national de veille sanitaire a recensé 1.238 noyades accidentelles, dont 497 décès. Or, les personnes âgées et les plus jeunes sont en première ligne : 49 % des plus de 65 ans et 23 % des six à douze ans victimes de noyades périssent.

Les noyades sont aussi la deuxième cause de mortalité accidentelle chez les enfants de un à quatre ans après les accidents de la route.
C'est pourquoi "la formation du public aux gestes de secours est fondamentale", assure le docteur Eric Tentillier, responsable adjoint du Samu en Gironde, avant de détailler les quatre stades de la noyade.

Le premier, appelé "aquastress", implique que le noyé est passé par une situation de stress mais n'a pas inhalé d'eau. Dans la deuxième phase, la "petite hypoxie", la victime, de plus en plus fatiguée, a avalé plusieurs fois de l'eau. Elle peut rapidement passer en "grande hypoxie": l'eau a inondé les poumons et elle ne respire plus. Elle a pu perdre connaissance. Une quatrième et dernière est appelée "anoxie", lorsque le coeur a cessé de battre.

Le préfet d'Aquitaine Michel Delpuech n'a pas caché sa colère, mi-juillet, après quatre noyades mortelles d'enfants en une semaine, évoquant le "manque de vigilance" et "la négligence" des adultes. Un "manque de surveillance", d'après les statistiques de 2012, semble être en cause dans près d'un tiers des cas chez les moins de 13 ans.

Mais que faire alors si le drame se produit?
"Le témoin (d'une scène de noyade, ndlr ) est le premier maillon de la chaine de secours et son rôle est crucial", souligne Stéphane Gillet, cadre de santé au Centre d'enseignement des soins d'urgence (Cesu) de Bordeaux.

"Si le noyé est en arrêt cardiaque, il n'y a plus de circulation, donc il n'y a plus d'oxygène qui arrive au cerveau. Si on ne fait rien, cela peut entraîner des séquelles neurologiques irréversibles. Si on ne fait rien alors que le patient est en arrêt cardio-respiratoire, toutes les minutes, il a 10% de chances de survie en moins", précise aussi l'urgentiste Eric Tentillier.

En pratique, les secours - Pompiers, Smur - mettant entre dix et trente minutes à arriver, en l'absence de gestes, la personne sera morte en dix minutes. On peut cependant gagner du temps avec quelques gestes simples.

Placer le noyé "sur le dos", explique Catherine Lalanne, infirmière anesthésiste, formatrice au sein du Cesu, en tenant dans ses bras Oscar, le mannequin. Ensuite, on bascule la tête en arrière et on ouvre la bouche. Le noyé est-il conscient ? On lui parle et on lui serre la main et en l'absence de réponse, on commence par pratiquer un bouche à bouche" (cinq pour un enfant), dit-elle avant de souffler à cinq reprises dans la bouche de la poupée.

A ce stade, une autre personne est partie appeler les secours. Si on est seul en revanche, on pratique d'abord les cinq bouche à bouche avant d'appeler le 15, numéro où il est important de décliner identité, localisation et problème de la victime.

Si le noyé "ne repart pas", un massage cardiaque s'impose : avec la paume d'une main, dans le cas d'un enfant, on appuie sur le thorax et on relâche, trente fois de suite assez rapidement (la moyenne voulue étant de 120 par minute), puis on pratique deux bouches à bouches et on recommence le massage.

Dans tous les cas, un massage cardiaque sans brutalité ne fera pas de mal, à l'adulte comme à l'enfant. Comment savoir si on pratique les bons gestes ? La question ne mérite même pas d'être posée car "ne rien faire c'est la pire des choses", répond Catherine Lalanne et "il ne faut pas s'affoler".
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