Aller sur la navigation Aller au contenu principal Aller sur la recherche

Controverse sur le rôle du cuivre dans la maladie d'Alzheimer

Auteur Rédaction

Temps de lecture 3 min

Date de publication 25/08/2013

0 commentaires

Quand les études se contredisent, qui croire ?

Une étude américaine a conclu lundi que l'accumulation de cuivre dans les vaisseaux sanguins contribuait à la maladie d'Alzheimer, suscitant la controverse après une recherche britannique qui estime à l'inverse que ce nutriment prévient cette dégénérescence cérébrale.

"Il est clair qu'avec le temps, l'effet cumulé du cuivre affecte le système permettant d'éliminer du cerveau la protéine bêta-amyloïde" qui est toxique et joue un rôle clé dans Alzheimer, explique le Dr Rashid Deane, professeur de médecine au centre de neurochirurgie du centre médical universitaire de Rochester (Etat de New York, nord-est des Etats-Unis), principal auteur de l'étude.

"Ce dysfonctionnement est l'un des facteurs environnementaux clé qui provoque l'accumulation de cette protéine dans le cerveau, où elle forme des plaques caractéristiques de la maladie d'Alzheimer", ajoute ce chercheur, qui a effectué ses travaux sur des souris et des cellules cérébrales humaines. La recherche paraît dans les Comptes rendus de l'Académie nationale américaine des sciences (PNAS).

Ces conclusions vont à l'encontre d'autres, issues de travaux effectués par des chercheurs britanniques de l'université de Keele, au Royaume-uni, publiés dans la revue Nature en février. "La quantité de cuivre dans le cerveau de personnes âgées et plus particulièrement celles atteintes d'Alzheimer est plus faible que chez les sujets normaux", a expliqué le chercheur Christopher Exley.

"Des recherches y compris la nôtre montrent que le cuivre empêche la formation des plaques de bêta-amyloïde", ajoute-t-il, soulignant avoir mené ces travaux sur 60 cerveaux humains de personnes décédées d'Alzheimer ou d'une pathologie proche. A cela le Dr Rashid Deane répond que les deux études n'ont pas porté sur les mêmes mécanismes et que "le problème est de toute façon complexe".

La recherche britannique conclut que le cuivre devrait prévenir Alzheimer car les cerveaux des personnes étudiées avaient des niveaux de ce métal plus faibles que la normale, mais cela n'est pas concluant, estime M. Deane.

Ce chercheur explique que ses travaux se sont concentrés sur les vaisseaux sanguins cérébraux où l'accumulation de cuivre, un puissant oxydant, affecte avec l'âge le mécanisme permettant d'empêcher que des toxines n'entrent dans le cerveau et d'éliminer les bêta-amyloïdes avant qu'elles ne forment des plaques séniles.

Il souligne que "ces plaques chez les malades atteints d'Alzheimer ont également des teneurs élevées en cuivre" comme l'ont déjà montré d'autres études. Selon le professeur George J Brewer, retraité de l'université du Michigan (nord des Etats-Unis), "les travaux du Dr Deane aident à clarifier le rôle du cuivre comme facteur majeur de toxicité cérébrale observé avec la maladie d'Alzheimer".

Ce chercheur a fait des études montrant, selon lui, "le lien entre l'épidémie de la maladie d'Alzheimer dans les pays industrialisés et l'utilisation de tuyauteries en cuivre". Il souligne que le cuivre provenant de l'alimentation, qui est organique, est essentiel pour la santé et ne provoque aucun dommage à l'organisme, tandis que le cuivre inorganique se trouvant dans l'eau du robinet est toxique.

Le cuivre organique est essentiel pour la conduction nerveuse, la croissance osseuse et la sécrétion hormonale, précisent ces chercheurs. Dans sa recherche, le Dr Deane a injecté pendant trois mois à des souris des doses de cuivre correspondant aux quantités de ce métal absorbées par les humains consommant normalement de l'eau du robinet.

Les chercheurs ont constaté que ce cuivre entrait rapidement dans le sang et s'accumulait dans les cellules formant les parois de ces vaisseaux capillaires alimentant le cerveau. Ces cellules sont des éléments essentiels du système de défense du cerveau et règlent le passage des molécules vers et depuis le cerveau dans la circulation sanguine.

L'équipe du Dr Deane a en outre observé que le cuivre stimulait l'activité des neurones, qui accroît la production de bêta-amyloïde.
Partager cet article

Sur le même sujet