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La pauvreté continue de s'étendre en France, alerte le Secours catholique

Auteur Rédaction

Temps de lecture 3 min

Date de publication 11/11/2013

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En onze ans, la part des plus de 50 ans est passée de 18 à 25%

La pauvreté continue de s'étendre en France et concerne de plus en plus de couples avec enfants, souligne le Secours catholique dans son rapport annuel publié jeudi 7 novembre, qui constate aussi que les plus fragiles ont de moins en moins accès à l'emploi.

En 2012, l'association humanitaire a rencontré 1,43 million de personnes, dont 672.000 enfants.

En onze ans, la part des plus de 50 ans est passée de 18 à 25%.

La très grande majorité des personnes aidées vit sous le seuil de pauvreté (977 euros par mois en 2011), voire de très grande pauvreté (644 euros), explique le secrétaire général du Secours catholique, Bernard Thibaud.

Près d'une personne sur six (17%) ne dispose d'aucune ressource et 45% ne vivent que d'aides sociales.

Constat alarmant, leur niveau de vie a baissé de 2,5% depuis 2011, à 497 euros, souligne M. Thibaud, qui note "une part croissante de couples avec enfants" (23%).

Les familles monoparentales (31%) et les hommes seuls (24%) représentent toujours une part importante des bénéficiaires. Un tiers sont étrangers (dont 48% avec un titre de séjour), avec des niveaux de vie encore plus faibles.

Les impayés liés aux dépenses contraintes, en hausse, touchent près de 6 personnes sur 10, avec un montant mensuel médian de 797 euros. Sont principalement concernés les impayés de loyer, les dépenses d'énergies et les découverts bancaires. "Le reste à vivre continue à se réduire", souligne M. Thibaud.

Pour Vickie, 34 ans, le reste à vivre "c'est même pas 50 euros", explique-t-elle. Cette célibataire, qui vit à Carnac (Morbihan) et qui ne souhaite pas donner son nom de famille, travaille entre 18 et 21 heures par semaine, comme auxiliaire de vie auprès d'une personne âgée, pour un salaire moyen de 730 euros.

Après le loyer, l'eau, l'électricité et la taxe d'habitation mensualisée, "c'est très difficile", dit-elle, surtout depuis qu'un arrêt-maladie consécutif à une fracture du poignet a diminué ses revenus de moitié pendant six mois.
Avec 700 euros de découvert sur son compte, Vickie "compte au moins un an pour (s'en) sortir". "J'ai pas droit à la CMU", la couverture maladie universelle pour les plus démunis, ajoute la jeune femme qui refuse de se faire réopérer du poignet, mal remis, pour éviter un nouvel arrêt: "Financièrement, je ne peux pas me priver de travailler, même pour ma santé."

"J'ai perdu une dent, je ne peux pas la remplacer", poursuit Vickie, qui doit déjà 120 euros au dentiste. Son seul loisir: les activités du Secours catholique, dans lesquelles elle s'investit, car "ça me permet de ne pas rester à la maison et je me sens utile".

Pour se rendre à son travail, elle fait entre 8 à 12 km aller-retour. Un trajet qu'elle effectuait à pied, avant que le Secours catholique lui procure un vélo. "J'ai le permis, mais pas les moyens d'acheter une voiture."

La jeune femme s'accroche à son emploi "pour ne pas dépendre entièrement de la société". Elle voudrait travailler plus, mais "sans voiture, quel employeur me voudra?" Et "sans ordinateur, on fait comment pour envoyer des CV?" Se rendre à Pôle emploi lui coûte 4 euros. "Moi avec 4 euros, je mange pendant trois jours", dit-elle.

"Le marché de l'emploi est quasi inaccessible aux plus précaires", déplore M. Thibaud: 18% des bénéficiaires sont des travailleurs pauvres et 37,5% sont au chômage, dont 26% sans indemnité.

Alors que les bénéficiaires du Secours catholique font partie des publics prioritaires pour les emplois aidés, seulement 4,1% en bénéficient, note le secrétaire général, qui demande des contrats aidés spécifiques pour les plus démunis, de plus de deux ans.

Le Secours catholique fait au total huit propositions: il souhaite notamment "un véritable accompagnement personnalisé" des chômeurs avec des moyens supplémentaires pour Pôle emploi, insiste sur la "responsabilité sociale des entreprises" dans la lutte contre le chômage, et la formation professionnelle, pas assez accessible aux plus démunis.
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