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"Epidémie" de diabète: un fardeau sanitaire et financier

Auteur Rédaction

Temps de lecture 3 min

Date de publication 18/11/2013

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Le dispositif Sophia cherche à réduire les coûts

Le diabète explose, en France comme ailleurs, et représente un fardeau sanitaire et financier de plus en plus pesant alors que la seule politique capable d'enrayer cette "épidémie", la prévention, reste tâtonnante, estiment des spécialistes.

On estime aujourd'hui à près de 4 millions le nombre
des diabétiques en France dont près d'un demi-million dans l'ignorance d'une maladie souvent silencieuse avant qu'elle n'entraîne des dégâts irréversibles voire fatals: cécité, insuffisance rénale ou accidents cardiovasculaires.

A l'échelle de la planète, le diabète - qui est un trouble de l'assimilation, de l'utilisation et du stockage des sucres - a été classé comme "problème de santé majeur", rappelle le Dr Dominique Huet, chef du service diabétologie au Groupe hospitalier Paris Saint-Joseph.

"On a raison d'utiliser le mot "épidémie" même
si ce n'est pas infectieux car on revoit tous les ans à la hausse les projections du nombre des cas
", souligne-t-il à l'occasion de la Journée mondiale consacrée jeudi à cette maladie.

347 millions de personnes souffrent de diabète aujourd'hui dans le monde, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui anticipe qu'en 2030, cette maladie sera devenue globalement la septième cause de mortalité.

Il s'agit dans 90% des cas du diabète dit de "type 2" qui est celui du vieillissement, de l'abondance et de la sédentarité car il touche surtout les populations vieillissantes, en surpoids, peu actives, alors que celui de type 1 "inné" apparaît chez des enfants et jeunes adultes.

En France, la Sécurité sociale consacre des sommes de plus en plus colossales pour le traitement des diabètes avec 15 milliards d'euros dépensés en 2013 contre 12,5 milliards en 2007, souligne le professeur André Grimaldi, diabétologue à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière.

Et pour celui qui avait diffusé cet été une pétition signée par de grands noms de la médecine sur l'avenir de la Sécurité sociale, l'effort financier de l'assurance maladie produit des résultats "décevants".

"Les complications (de la maladie, ndlr) sont toujours aussi fréquentes. Et les hospitalisations restent toujours aussi nombreuses: environ un tiers des patients diabétiques sont hospitalisés chaque année", déplore-t-il dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) consacré cette semaine au diabète.
Alors que le diabète recrute beaucoup dans les couches pauvres de la société, la Sécurité sociale prend officiellement en charge 100% de la maladie dans le cadre de son dispositif "affections de longue durée" (ALD).

Mais "la couverture maladie des patients diabétiques (...) reste imparfaite", souligne le spécialiste de l'économie de la santé, Bruno Detournay, de la société Cemka, évaluant dans le BEH à environ 20% la part des diabétiques qui renoncent à des soins pour des raisons financières.

Le Pr Grimaldi juge qu'il serait "possible de faire mieux sans dépenser plus" pour une maladie dont "l'essentiel du traitement repose sur la prévention".

Le modèle économique actuel, en particulier la tarification hospitalière à l'activité T2A, n'est pas adapté à la pathologie comme à beaucoup d'autres maladies chroniques, juge le Dr Huet. "On a trop axé sur la médecine curative et pas assez sur la prévention. Le gros problème est là", explique-t-il.

La Sécurité sociale cherche pourtant à innover avec la mise en place de Sophia, un service d'accompagnement téléphonique des diabétiques, opéré par une équipe de 260 infirmiers-conseillers.

Ce système actif sur toute la France depuis début 2013, compte aujourd'hui 460.000 patients "adhérents" qui se font conseiller ou bien guider dans les examens à réaliser, par téléphone.

"Sophia, c'est une bonne solution car la réalité c'est que 85% des malades diabètes de type 2 n'ont jamais vu ou ne verront jamais un spécialiste", explique le Dr Huet.

Ce service "sera élargi en 2014 à une autre maladie chronique, l'asthme, pour lequel un accompagnement personnalisé sur la durée est important", a annoncé l'Assurance maladie.
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