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Marine Le Pen transforme la perte d'autonomie en arme politique

Auteur Rédaction

Temps de lecture 3 min

Date de publication 09/12/2013

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L’argent est là mais il est accaparé par profiteurs dit elle en substance

Marine Le Pen, présidente du Front National, surgit sur le front de la perte d'autonomie avec des propositions contestables sur le fond et la forme.

Marine Le Pen a présenté mercredi 4 décembre, au siège du FN, à Nanterre (à l’occasion d’une conférence de presse à laquelle Agevillage n’était pas invité), des propositions de réforme de la perte d’autonomie. Fidèle à la stratégie du fondateur du mouvement, l’actuelle présidente s’engouffre dans les carences du système pour tenter de prospérer : son communiqué rappelle les promesses non tenues de Nicolas Sarkozy et les retards mis par François Hollande à tenir ses engagements de campagne électorale. Ces reports successifs d'une réforme urgente l'amène à traiter « la réforme de la dépendance, comme une Arlésienne », celle dont on parle toujours mais qu’on ne voit jamais.
La présidente frontiste a répété le souhait qu'elle avait émis pendant la campagne de 2012 de voir créée une "cinquième branche dédiée" de la Sécurité sociale qui ferait "progresser la prise en charge de la perte d'autonomie et des frais d'hébergement".
"Cette cinquième branche dépendance se verrait confier l'ensemble des moyens de l'assurance maladie et des départements". On peut s’étonner que les soins de santé des personnes âgées soient retirés de l’assurance maladie comme si les patients Alzheimer ou les personnes handicapées par l’âge cessaient d’être des citoyens comme les autres pour devenir des assistés d’un nouveau type.
Le financement de dépenses supplémentaires liées à la création de cette 5ème branche d'assurance sociale ne reposerait "ni sur les systèmes assurantiels privés", "ni sur les salariés, ni sur les retraites", mais sur plusieurs sources et notamment une "taxe sur la spéculation", selon la patronne du Front.

Là encore, le Front national demeure fidèle à la stratégie facile qui consiste à pointer du doigt un bouc émissaire (« la spéculation ») difficilement identifiable et sans doute difficilement taxable. Combien rapporterait une telle taxe ? Le Front national, pourtant peu avare de données sur les dépenses, n’apporte aucun chiffre sur les nouvelles recettes.
Marine Le Pen reconnait que cette réforme de fond qui consiste à créer une cinquième branche de sécurité sociale risque de prendre du temps et de repousser de quelques années la résolution de problèmes urgents. C’est pourquoi, elle propose d’instaurer un système intermédiaire qui repositionne les départements (actuels distributeurs de l’aide sociale) au centre du jeu.
Les conseils généraux se verraient donc confier la mission de mettre en place pendant quelques années un « bouclier dépendance" qui assurerait le financement du reste à charge à domicile ou en maison de retraite. Ce « renforcement départemental de la prise en charge des coûts de dépendance (APA) et d’hébergement (aide sociale à l’hébergement) » serait financé par des économies sur le train de vie des départements et l’intensification de la lutte contre la fraude sociale aux prestations financées par le département, au premier rang desquels le RSA.
Là encore, la question des financement est abordée par le biais d'une stratégie du bouc émissaire. Après les "spéculateurs" Marine Le Pen envisage de taxer d'autres catégories de population :
  • les fonctionnaires départements sont ainsi jugés trop nombreux et trop consommateurs de fonds publics en termes de frais de fonctionnement ce qui prive les citoyens d’une redistribution par l’impôt. Elle propose donc de réduire leur nombre pour qu’ils cessent de capter à leur profit l’argent public.
  • Les immigrés ensuite sont directement ciblés. La présidente du Front national veut obtenir des caisses d’allocation familiale (CAF) et des caisses de la mutualité sociale agricole (MSA) une application stricte et « un contrôle accru des conditions de résidence régulière ».
  • Enfin, l’intensification de la lutte contre la fraude aux prélèvements et prestations famille, logement, maladie et vieillesse laisse croire que l’argent est actuellement distribué à mauvais escient à des catégories de profiteurs qui spolient les citoyens légitimes de leurs droits.
La présidente du Front national n’avance aucun élément chiffré qui permettrait de penser que les sommes ainsi dégagées représenteraient des montants suffisants pour financer plusieurs milliards d’euros de dépenses sociales nouvelles, mais il est politiquement habile de tenter de capter l’impatience populaire en ciblant des populations qui ne font pas partie de l’électorat traditionnel du Front National (les fonctionnaires, les immigrés…).
Michèle Delaunay, ministre des personnes âgées, avait raison de prédire que les seniors – traditionnellemnt conservateurs – seraient la clé des prochaines élections municipales.
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