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Les députés favorisent la vente en ligne de lunettes et de lentilles

Auteur Rédaction

Temps de lecture 3 min

Date de publication 23/12/2013

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La profession vent debout contre la mesure

L'Assemblée nationale a adopté lundi 16 décembree 2013, une série de dispositions favorisant la vente en ligne de lunettes et lentilles, tout en l'encadrant, dans le but de faire baisser leur prix, malgré les critiques des opticiens et de l'opposition.

"L'impact que nous attendons de l'augmentation de ce commerce sur internet est de permettre de transférer 1 milliard d'euros au minimum de pouvoir d'achat aux consommateurs", a dit le ministre Benoît Hamon, défendant ces dispositions figurant dans son projet de loi sur la consommation, en deuxième lecture à l'Assemblée.

Les députés ont validé le principe d'une plus grande ouverture de la distribution de verres et lentilles, qui avait été introduite par le Sénat.

Ils ont, par une série d'amendements, précisé les conditions de la vente en ligne de lunettes et lentilles.

Ainsi le prestataire en ligne devra permettre au patient d'obtenir des informations et des conseils auprès d'un professionnel de santé qualifié en optique. La première délivrance de lentilles de contact sera encadrée dans des conditions fixées par décret. En cas de fortes corrections, la délivrance de verres correcteurs sera soumise à une prise de mesure.

En outre, les prescriptions de verres correcteurs devront indiquer la valeur de l'écart pupillaire du patient, afin de faciliter leur achat en ligne.

Enfin, les députés ont ramené de 5 à 3 ans la durée de validité des prescriptions pour des verres correcteurs, comme c'est le cas actuellement, alors que les sénateurs avaient allongé ce délai.

Comme l'avait prévu le Sénat, les députés ont acté le principe que les magasins d'optique ne devront plus nécessairement être dirigés par un opticien-lunetier, comme c'était le cas jusqu'alors. Seule la délivrance de verres et lentilles correcteurs sera réservée, au sein de ces établissements, à ces professionnels.

L'opposition s'est élevée contre le dispositif prévu, "mal ficelé et précipité". "Techniquement votre projet ne tient pas la route" et il est "gravissime pour la santé publique", selon François Vannson (UMP), opticien de profession, qui craint notamment qu'en cas d'achat sur internet les verres soient mal ajustés.

"Vous stigmatisez une profession", celle des opticiens-lunetiers, a aussi accusé Philippe Folliot (UDI), pronostiquant des fermetures de boutiques en milieu rural et de formations.

Les réseaux d'opticiens, Optic 2000 et Krys Group notamment, ont aussi protesté contre cette ouverture du marché, à l'inverse des associations de consommateurs telle l'UFC-Que Choisir qui a vanté "des économies substantielles".

"Un certain nombre de nos concitoyens ont besoin de lunettes et ne peuvent y accéder pour des raisons financières", a déclaré dans l'hémicycle la ministre déléguée à la Famille Dominique Bertinotti.

Les Français consacrent un budget annuel de 88 euros aux lunettes et lentilles de contacts, ce qui en fait les Européens dépensant le plus dans ce domaine, mais près de 3 millions de Français n'achètent pas de lunettes de vue, notamment en raison du prix élevé et du faible remboursement de leurs mutuelles.

L'ouverture du marché est "une contrainte communautaire", a précisé Mme Bertinotti. Le gouvernement et la majorité visent 5 à 10% du marché de l'optique à terme en ligne.

"Aller vers une libéralisation à tout crin est quelque chose de choquant, surtout venant de vous Monsieur le ministre", a lancé le député Philippe Folliot à M. Hamon, de l'aile gauche du PS.

"Je n'ai pas une approche religieuse et idéologique de la concurrence, mais une approche pragmatique", s'est défendu M. Hamon, qui a la volonté de s'attaquer à une "rente" selon lui pour les opticiens, et de "règlementer" un marché en ligne qui existe déjà.

Du fait du vieillissement de la population, le marché a vocation à grossir et les opticiens ne seront ainsi pas lésés, ont relevé plusieurs intervenants.

Le projet de loi repassera début 2014 au Sénat en deuxième lecture.
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