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Vieux secrets, secrets de vieux : faut-il tout se dire ?

Auteur Rédaction

Temps de lecture 2 min

Date de publication 27/01/2017

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« On ne peut pas lui dire, il ne le supporterait pas… » Qui n’a jamais songé à cacher à son proche âgé, fragile, qu’un événement grave s’est produit, pour le préserver ? Et au contraire, combien exigent de tout savoir de la vie de leur parent dans sa maison de retraite ? Si la transparence est essentielle pour créer la confiance, tout n’est en revanche par bon à dire. Explications de Jean-Marc Talpin, psychologue, professeur de psychologie et président de l’ARAGP*.

secret : peut-on tout se dire ?Décès d’un proche, vente d’un bien, résiliation du bail de son domicile d’avant… Régulièrement, des familles font le choix de taire la survenue de ces événements à leur proche qui réside désormais en maison de retraite.

Et demandent aux professionnels soignants de garder eux aussi le secret. Une demande liée, souvent, « au désarroi des autres membres de la famille, dans le cas d’un décès par exemple. Le secret n’a pas d’intention malveillante », observe Jean-Marc Talpin.

Le poids du secret

Mais le taire peut avoir des conséquences : « les relations peuvent devenir biaisées, les familles adoptant des conduites d’évitement. Elles sont gênées quand elles rendent visite à leur proche, ou viennent de moins en moins. Et le résident peut se replier sur lui-même, développer un syndrome de glissement ou un comportement agressif ».

S’il semble essentiel de lever le secret, les familles ne doivent pas hésiter à s’appuyer sur l’équipe de l’établissement. Les professionnels pourront les aider, notamment, à définir les modalités de cette révélation.

Secrets protecteurs

Reste que tout n’est pas bon à dire. « Le psychiatre André Carel met en lumière toute une gradation dans le secret. Certains sont extrêmement violents et mettent à mal la personne qui en est exclue, d’autres ont au contraire une dimension protectrice », explique Jean-Marc Talpin.

Il évoque par exemple le cas d’un enfant né hors mariage, ou une relation intime nouée entre un résident marié et une autre résidente.

Respecter l’intimité

Un professionnel au courant du secret doit-il en faire part à la famille ? Non répond Jean-Marc Talpin. « C’est la vie privée de la personne qui prévaut », sauf, bien sûr, s’il y’a danger ou risque de maltraitance.

Si de tels faits s’étaient déroulés au domicile de la personne âgée, ses enfants, ses proches, n’auraient pas été mis au courant. En Ehpad, c’est la même chose, et ce même si le résident fait l’objet d’une mesure de protection.

La loi du 5 mars 2007 portant sur la protection des majeurs pose en effet la « présomption de capacité », le principe que le majeur protégé reste toujours compétent sur ce qui concerne sa personne, vie amoureuse et intime comprise.



* L’ARAGP (association Rhône-Alpes de gérontologie psychologique) organisait chaque année une journée d’études professionnelles. En 2017, elle s’intitulait Vieux secrets… Secrets de vieux… Quel poids dans la vie psychique ?
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