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Etre aidant, être aidé

Liberté versus peurs des proches

Auteur Rédaction

Temps de lecture 3 min

Date de publication 29/05/2017

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C’est pour ton bien

Le journUne choc Libérational Libération a souvent des Unes choc.
Celle du 26 mai nous a bien évidemment interpellés à la rédaction d'Agevillage : "Tous nos vieux de bonheur". Un collectif de médecins, chercheurs, artistes, intellectuels y lance un appel à une "vieillesse libre et assumée" avec une vieille dame nous lançant un doigt d'honneur en Une !

Françoise Barré-Sinoussi, Dr Véronique Fournier, Pr. Axel Kahn, Alain Touraine, Philippe Bataille, Marcel Gauchet, Ariane Mnouchkine, Daniel Pennac... ont signé cet appel à décider de ses choix de vie au grand âge.

Notamment le choix de vieillir chez soi.
L'entrée en résidences autonomie (pour les plus autonomes) mais surtout en établissement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) pour les plus fragilisées, reste mal vécue.

Malgré l'obligation imposée dans la récente loi d'adaptation de la société au vieillissement, d'obtenir un consentement, un assentiment du résident, Libération cite une étude dite EHPAD 2000 qui montre qu'à peine 38 % des résidents reconnaissent avoir "pris part au processus d'entrée".

"Cette entrée est souvent imposée par l'entourage", souligne le Pr Dominique Somme du CHU de Rennes.

Les proches ont peur... peur de la chute, du fait que la personne âgée pourrait rester seule longtemps sans assistance, d'autant que la désertification médicale gagne tous les territoires.

60 % des entrées concernent des personnes très âgées (87 ans), malades et désorientées, souligne le Syndicat des établissements privés commerciaux, qui invite à saluer les 400 000 professionnels prenant soin de 700 000 résidents dans plus de 7000 EHPAD en France.

Même s'ils culpabilisent, les proches préfèrent convaincre le médecin traitant de remplir le dossier d'admission.

"C'est pour ton bien", "pour que tu vois des gens", "que tu ne sois plus seul(e)"...

Libération ne cite pas cette autre réalité pointée par Florence Leduc de l'association française des aidants : la pression morale qui assigne à aider. Quand on ne peut pas, quand on ne veut pas... a-t-on le droit de ne pas aider son proche ?

Libération passe sous silence l'âgisme, ce rejet des vieux, du grand âge, de la maladie invalidante. Que nous avons tous intégré, que nous le voulions ou non.

Libération passe aussi sous silence les réalités de la vie à domicile. Les aidants orchestrent un balais parfois compliqué entre tous les professionnels (qu'il faut financer). Voir : Qui y fait quoi ?

Le manifeste vise à ouvrir le débat pour "préserver un chez soi" aux plus âgés. Et la liberté aussi. Alors qu'en est-il de ces dispositifs-GPS de géolocalisation pour ces personnes désorientées qui peuvent se perdre ?

Comme il est difficile d'allier sécurité et liberté.

On partage le désarroi des proches... Par exemple, quand une jeune fille de 90 ans, malade, désorientée, tombe éperdument amoureuse... Mais quelle beauté que cet amour-là aussi, si violent, si fragile, si tendre, si désespéré...

A nous tous de nous mobiliser, pour nos proches aujourd'hui, pour nous demain et d'apporter une pierre concrète à la réflexion. Voir cette semaine ces belles initiatives en EHPAD. Retrouvez aussi la démarche CitoyenAge porté par l'AD-PA, qui vise la citoyenneté des personnes accueillies. Voir aussi le Label Humanitude, 1er label de bientraitance qui a été créé et est délivré par l'association Asshumevie. Un des cinq principes du label est justement le respect de "chez soi", de l'intimité, de la singularité, et donc de la porte qui doit rester fermée si on n'est pas invité à entrer ! Un autre principe : lieu de vie - lieu d'envies !

Gageons que ce manifeste relayé par Libé et l'engagement de ses signataires remontent aux plus hauts sommets de l'Etat.
L'enjeu : assumer la vie jusqu'au bout, individuellement et collectivement.

Comme dans le cadre de la semaine européenne du développement durable : citoyens jusqu'au bout !

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