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Plus de 3000 euros par mois, pour quoi ?

Auteur Rédaction

Temps de lecture 3 min

Date de publication 05/02/2018

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Le coût des Ehpad

La mobilisation nationale ce 30 janvier a dépassé tout ce que le monde de la gérontologie et de la gériatrie avait connu jusqu'alors.

Annie de Vivie30 % de professionnels des EHPAD étaient mobilisés pour leurs conditions de travail mais aussi pour la dignité des plus âgés.
Ils ont été rejoints par ces même résidents, aînés fragilisés, par leurs familles, leurs proches aidants.
Les médias ont suivi, relayé, toute la journée.

Au Téléphone sonne sur France Inter ce 30 janvier, j'ai pu entendre à quel point personne n'en peut plus de voir ces sommes mobilisées chaque mois (1800 € de "reste à charge" en moyenne en Ehpad en plus des retraites, autant à domicile selon les plans d'aide...), pour une qualité de présence, de prendre soin qui révolte les professionnels eux-mêmes.

La souffrance de ces soignants témoigne de la colère que les personnes fragilisées n'ont plus, analyse le philosophe Eric Fiat sur France Culture.

Pour quoi ? Pour qui payer ces sommes importantes au regard d'un accompagnement jugé très faible des actes de la vie quotidienne, sans le temps d'un regard, d'un brin de causette ?

A côté du cadre bâti (chambre/domicile, locaux communs, cuisine), de la restauration (repas, services), de l'entretien, des activités...Près de 70 % du budget des établissements concerne l'aide en personnels, soignants ET non-soignants. Parce qu'il y a une vie avant et après les soins, qui peuvent être relationnels, si les personnels sont suffisants, formés, accompagnés et managés à cet effet.

Mais pourquoi ne pas simplement ajouter des professionnels me direz-vous ?
Parce que le cadre est contraint par les financeurs publics (soins, département) ou privés (actionnariat, clients/résidents/familles qui ne peuvent payer plus).
Parce qu'il faut certes des professionnels formés, compétents mais surtout soutenus, accompagnés, managés, dans un projet d'établissement qui vise clairement d'être un Lieu de vie - lieu d'envies, jusqu'au bout de la vie, avec ou sans maladies neurodégénératives.

Cela demande beaucoup de professionnalisme et de temps pour construire, mener et pérenniser un tel projet (et ne surtout pas ajouter de la misère à la misère).

Alors plus de 3000 euros pour quoi ?

Pour des soins qui sont des relations avec des professionnels accompagnés à cet effet, en nombre suffisant comme le souligne les revendications du mouvement du 30 janvier.
Pour des lieux de vie, lieux d'envies, debout jusqu'au bout de la vie, comme en témoignent de nombreux établissements dont les 15 structures qui ont obtenu le Label Humanitude, par exemple.

Ils sont intégrés dans la cité, accessibles même "à petits pas" comme à Lyon. Ils intègrent les professionnels de santé (voir cette semaine la visite longue des médecins traitants à domicile). Ils accompagnent les réalités climatiques comme le plan grand froid cette semaine. Ils informent les proches aidants sur les politiques qui leurs sont destinées (la loi sur le don de jours de congé dédié), la protection des personnes vulnérables (habilitation familiale, tutelle, curatelle, en cas d'urgence cerre semaine). Il mobilisent les énergies et la parole (comme cette radio Raje avec les résidents, des ateliers de Capoeira pour les personnes atteintes de Parkinson à Marseille...).

Leur projet : aider à vieillir debout, jusqu'au bout de la vie (et accompagner même après avec les formalités du décès).

A plus de 3000 euros par mois, le moins que l'on puisse dire est qu'ils sont bien mal remboursés. Mais notre société n'a pas (encore ?) fait le choix d'une aide à l'autonomie qui solvabiliserait l'accès à ces services et ces établissements qui devront afficher un accompagnement de qualité.

En tout cas cette mobilisation montre que la société se réveille
Que voudra-t-elle pour son vieillissement ?
Continuera-t-elle à financer plus de 3000 euros par mois... pour quoi ?
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