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Plainte : l'éteindre ou l'entendre

Auteur Rédaction

Temps de lecture 1 min

Date de publication 28/08/2019

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Par le Dr Bernard Pradines, gériatre

La pratique gériatrique nous apprend que la plainte des personnes âgées, surtout quand elle est répétitive, est mal vécue par leur entourage. C’est le cas des familles qui supportent mal des lamentations, des gémissements qui peuvent littéralement les hanter. D’autant plus que la plainte est ressentie comme un appel à l’aide que l’on ne peut pas satisfaire. C’est aussi le cas des soignant·e·s quand elle prend l’aspect d’une revendication permanente qui accroît la culpabilité et l’impuissance face à la souffrance, remet en cause les sentiments gratifiants d’utilité.



Dans ces conditions, tous les facteurs inducteurs potentiels d’inconfort doivent bien sûr être envisagés, qu’ils soient considérés comme organiques, psychopathologiques ou environnementaux : douleurs, dyspnée, nausées, dépression, troubles anxieux ou psychotiques, maltraitance.


Pourtant, la tentation d’éteindre la plainte est souvent prioritaire sur tout diagnostic étayé. Ainsi, toute anxiété pourra être rapidement et durablement traitée par des anxiolytiques, au premier rang desquels les benzodiazépines ou les molécules apparentées. Tout trouble d’allure psychotique et tout comportement agressif, même verbal, risque d’indiquer immédiatement la prescription d’un neuroleptique. Toute tristesse pourra relever d’un antidépresseur.


C’est malheureusement sans compter sur les nombreux effets secondaires des médicaments. Si ceux-ci demeurent souvent indispensables, leur prescription systématique doit être interrogée : à qui sont-ils destinés ? Au patient ou à son entourage ? Après tout, n’est-il pas normal de se plaindre de tout nouveau renoncement imposé par la maladie et par l’âge ? Faut-il éteindre systématiquement la plainte ? Ou vouloir l’entendre et y répondre par l’écoute qui permet d’élaborer un indispensable diagnostic ?
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