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Vivre chez soi

3,9 millions de Français aident un senior fragile qui vit à domicile

Auteur Rédaction

Temps de lecture 3 min

Date de publication 02/12/2019

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Le ministère de la Santé publie des chiffres récents, mais parfois surprenants

Publiés en 2008, les derniers chiffres ministériels sur les aidants en France commençaient à dater. Les résultats d’une nouvelle enquête menée sur 2015-2016 viennent de paraître. S’ils montrent quelques limites, ils n’en restent pas moins riches d’enseignements.


Cette nouvelle publication de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la Santé porte sur les aidants de personnes âgées en perte d’autonomie.

Enfin, presque tous. L’enquête ne prend en effet pas en considération les aidants de moins de 18 ans, ni les aidants de personnes âgées vivant en institution (mais une prochaine parution doit leur être consacré).

Par ailleurs, « seules les aides apportées en raison de l’état de santé de seniors sont traitées » : quid des personnes qui aident un senior sans trouble de santé avéré, mais qui peut être en rupture sociale ou dépressif ?

De même, les personnes comptabilisées comme aidants sont identifiées par la personne à qui elles apportent une aide : si elles ne sont pas reconnues comme aidant, ou simplement pas déclarées par les seniors interrogés, elles ne seront donc pas comptabilisées dans l’enquête.

Des résultats étonnants…


C’est entre autres pour ces raisons que l’enquête donne un nombre d’aidants inférieur en 2015-2016.

En 2008, selon la Drees, 4,3 millions d’aidants soutenaient une personne âgée de 60 ans ou plus vivant à domicile. Ils n’étaient plus que 3,9 millions en 2015-2016, une diminution qui semble aberrante au vu des évolutions démographiques.

Mais des enseignements précieux


Très détaillée, l’enquête permet malgré tout de mesurer la réalité de l’aide aujourd’hui.

Sur l’éloignement géographique d’une part. « Même s’ils ne cohabitent pas, la plupart des aidants habitent à proximité immédiate du senior puisque les trois quarts des enfants aidants qui ne cohabitent pas avec le senior habitent à moins de 30 km et à moins de 40 minutes du domicile du senior », indique ainsi l’enquête.

En moyenne, les aidants non cohabitants vivent à 52 km de la personne qu’ils aident.

Sur l’âge des personnes aidées ensuite. Plus la personne est âgée, plus elle est aidée… jusqu’à un certain point. Si le nombre d’aidants augmente fortement entre 75 et 85 ans, il diminue ensuite car nombre de personnes âgées entrent alors en institution.

L’enquête livre aussi des indications sur la perte d’autonomie des personnes aidées : dans plus de 45 % des cas, les seniors aidés sont en Gir 6, c’est à dire considérés comme autonomes (en savoir plus sur le lien entre Gir et autonomie).

« Si les seniors peu dépendants bénéficient moins souvent de l’aide de proches, ils représentent une part importante des seniors résidant à domicile, et donc une part importante de seniors aidés », explique la Drees.

Des aidants vulnérables


Enfin, elle permet de mettre en lumière différentes catégories d’aidants, à commencer par les enfants qui vivent avec leur parent en perte d’autonomie.

Dans un cas sur deux, ils sont les seuls aidants de la personne fragile, et aident un senior en grande perte d’autonomie (Gir 1 ou 2) pour 15 % d’entre eux.

Un enfant aidant cohabitant sur quatre seulement vit en couple (contre trois sur quatre pour les non cohabitant) ; il a aussi plus de chance d’être au chômage ou inactif pour cause d’invalidité.

« L’ensemble de ces données montrent que les enfants cohabitants peuvent être des enfants restés au domicile de leur parent du fait de difficultés (handicap, difficultés sociales...) et constituent probablement une population vulnérable parmi les aidants », commente la Drees.

L’enquête éclaire aussi le rôle des femmes, qui comptent pour 59,5 % des aidants de seniors à domicile.

Comme souvent, le partage des tâches auprès de la personne aidée est genré. Les femmes aident plus souvent que les hommes pour le ménage (+ 6,9 points) ou pour la toilette et l’habillage (+ 4,5 points) tandis que les hommes s’attellent plus facilement au bricolage (+ 27 points).

« Parmi les enfants aidants, les écarts femme / homme observés pour certaines activités sont encore plus marqués chez les enfants non cohabitants que ce qui est observé chez les enfants cohabitants : c’est le cas pour des activités comme le bricolage (davantage déclaré par les hommes) et ou les aides aux achats ou aux courses (davantage déclarées par les femmes) », ajoute la Drees.

Ou le reflet d’une société qui reste inégalitaire.


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