Aller sur la navigation Aller au contenu principal Aller sur la recherche

Personnes âgées : Les psychotropes favorisent-ils la maladie d'Alzheimer ?

Auteur Rédaction

Temps de lecture 3 min

Date de publication 03/10/2011

0 commentaires

Premiers résultats d’une étude non encore validée

L'abus d'anxiolytiques - Valium, Xanax, Stilnox - pourrait favoriser – voire accélérer - l'apparition des symptômes de la maladie d'Alzheimer indiquent les premiers résultats d'une étude épidémiologique sur les benzodiazépines - médicaments psychotropes - réalisée sous l'autorité du directeur de l'unité de recherches "pharmaco-épidémiologie" de l'Inserm à Bordeaux. Il n'existe toutefois aucun lien de causalité directe démontré, a déclaré jeudi le professeur Bernard Bégaud, responsable de l’étude en question.

Le magazine Sciences et Avenir publie dans son numéro d'octobre, en vente jeudi 31 septembre les premiers résultats d’une étude non encore publiée – elle devrait l’être à la fin de l'année – qui démontrerait que, l'utilisation prolongée de "BZD" (benzodiazépines) augmenterait de 50% le risque de développer la maladie d'Alzheimer, une maladie dégénérative provoquant des lésions au cerveau.

Sur les 200.000 nouveaux cas d'Alzheimer recensés en France chaque année, de 16.000 à 31.000 cas seraient imputables aux psychotropes, selon des projections. Les médicaments en cause sont des molécules fréquemment prescrites en France : Valium, Témesta, Xanax, Lexomil, Stilnox, Mogadon, Myolastan, Imovane ou encore Tranxène.

Le Pr Bégaud a critiqué jeudi 31 septembre le titre de Sciences et Avenir - "Ces médicaments qui favorisent Alzheimer" – un peu trop affirmatif selon lui. "Le titre (du magazine), est errorrisant", a-t-il commenté.

"Il n'y a pas de lien de causalité directe démontré", a-t-il dit sur France Info. "Il n'a jamais été démontré qu'ils entraînaient directement Alzheimer". Le conditionnel était selon lui de rigueur.

Huit autres études sur la question ont déjà réalisées, dont certaines concluant à un possible lien entre la prise prolongée de psychotropes et le vieillissement cérébral. "Il y a un dossier potentiel, un doute, il faut absolument l'explorer", mais "il faut rappeler aussi que ces médicaments sont utiles, voire indispensables, et surtout veiller à ne pas inquiéter les gens", dit Bernard Bégaud.

SIX MILLIONS DE FRANÇAIS CONCERNÉS

L'étude a été menée vingt ans durant et a suivi 3.777 sujets âgés de 65 ans et plus résidant dans deux départements du sud-ouest de la France, la Dordogne et la Gironde. La durée de prise de médicaments oscillait de deux à plus de dix ans selon les personnes.
Selon l'étude, la détérioration des fonctions cognitives interviendrait 5 à 8 ans après le début des premières prises de médicaments.
"Les responsables sanitaires devraient sérieusement s'inquiéter. (...) Cette affaire est une vraie bombe", déclare dans Sciences et Avenir le professeur Bégaud, citant le scandale du Mediator, un coupe-faim présenté comme un antidiabétique qui aurait causé la mort de 500 à 2.000 personnes en France entre 1976 et 2009, année de son interdiction.

L'épidémiologiste a adouci ses propos jeudi 29 septembre.

"Nous ne disons pas qu'il y a un lien direct entre la consommation de ces produits et l'apparition d'une démence type Alzheimer. C'est majeur de le dire pour la population", a-t-il indiqué sur France Info.

Six millions de personnes, des femmes en majorité, absorbent des antidépresseurs en France. Quatre fois sur cinq, les psychotropes sont prescrits par des médecins généralistes. La France championne d'Europe de la consommation de "pilules du bonheur » il y a peu encore, occupe désormais la troisième place selon l'assurance-maladie. Pour Bernard Bégaud, il faut se servir du "doute" sur leur innocuité pour "revenir à une utilisation plus normale de ces produits en France".

"Il faut absolument rationnaliser l’utilisation de ces produits. Il n'est pas normal d'être traité quand on n'en a pas besoin ou d'être traité trop longtemps", a-t-il expliqué. "Il y a une anomalie française flagrante, et il faut la corriger", a-t-il conclu.
La maladie d'Alzheimer frappe environ huit cent mille personnes en France. Un plan de lutte contre la maladie a été lancé en février 2008.

Partager cet article

Sur le même sujet