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Cannes: un jardin public pour stimuler les sens des malades d'Alzheimer

Auteur Rédaction

Temps de lecture 2 min

Date de publication 10/10/2011

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Olfaction, végétation et rencontres intergénérationnelles

L'aménagement du jardin Aloïs-Noailles, qui entoure la médiathèque de Cannes, n'en est qu'à ses prémices, mais il accueille déjà ses premiers malades d'Alzheimer qui viennent chercher avec leurs aidants apaisement et stimulation dans cette bulle de verdure odoriférante.

Une allée de ce jardin public classé et doté d'une riche végétation méditerranéenne a été récemment bordée de jasmin, seringat, thym citron, lavande et autres plantes aromatiques, à l'initiative de l'association locale "Alzheimer Trait d'Union". Celle-ci s'est donné pour but de "ramener au coeur de la vie" malades et aidants - dont c'est la Journée nationale ce jeudi.

"Nous voulions les amener au plein air, fournir aux malades des éléments stimulant tous les sens, notamment l'odorat car le neuromédiateur de l'olfaction est le même que celui de la mémoire" qui fait tant défaut aux personnes atteintes, explique le Dr Jean-Pierre Polydor, président de l'association.

"Il fallait aussi que ce soit un lieu de rencontre intergénérationnel, moins formaliste que dans une maison de retraite ou un hôpital", ajoute le neurologue, auteur d'un livre, "Alzheimer mode d'emploi" (2009), destiné aux aidants. Bientôt, une horloge et un cadran solaire et différents types de revêtements (gravier, bois, etc.) pour recouvrir l'allée viendront, avec l'aide de la mairie, compléter le dispositif sensoriel.

Le but est "de donner des repères temporels aux malades - car la mémoire temporelle est celle qui se perd en premier - mais aussi spatiaux, en leur faisant notamment toucher du pied les différentes textures du sol", poursuit M. Polydor. Malades et accompagnateurs peuvent ensuite aller d'une plante à l'autre, les sentir, les toucher, les décrire, discuter de leurs différentes utilisations, etc. Un kit de senteurs avec mouillettes et flacons d'arômes de café, menthe, ail, etc est également mis gratuitement à disposition des aidants qui en font la demande à la médiathèque.

"C'est un lieu magique, aéré et calme. Les malades comme ma mère peuvent s'apaiser ici, ils sont protégés de l'agressivité du monde extérieur, tout en étant dans la vraie vie", s'enthousiasme Evelyne Guibbert, 53 ans, adhérente de l'association.

Henri Profeti, ancien maçon de 73 ans - mais qui dit en avoir 65 -, est venu avec son épouse "expérimenter" le jardin. Au bras de Françoise Fontaine, vice-présidente de l'association, il s'arrête devant chaque plante, essayant de les reconnaître. Et passe avec une visible délectation un brin de romarin sous ses narines, puis sous celles de son accompagnatrice. "C'est du thym ça, non?"
Un peu plus loin, devant les mouillettes odorantes présentées par le Dr Polydor, Max Muscatelli, 81 ans, diagnostiqué Alzheimer depuis trois ans, n'en démord pas: "Moi je ne me rappelle plus de rien".

Devant une mouillette dégageant une forte odeur d'ail, l'octogénaire croit reconnaître de l'oignon. Mais quand on le détrompe, il retrouve vite ses repères: cela lui fait immédiatement penser à l'aïoli, plat typique du sud de la France. Le neurologue le félicite et l'encourage. "Le regard doit changer sur ces malades, il faut les valoriser au travers d'activités ludiques qu'ils sont capables de faire", estime-t-il.

Pour Patty Canac, olfactothérapeute, ce genre d'initiatives est "très intéressante: quand on respire une odeur, on voit des images, on revit un instant de son passé. Alors, bien sûr, ça ne soigne pas, mais ça permet de stimuler des personnes en perte de repères, de les remettre dans un état complet de sensorialité".

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