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Personnes âgées : la mort coûte cher en France

Auteur Rédaction

Temps de lecture 2 min

Date de publication 30/10/2011

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Des écarts de 1 300 à plus de 6 000 euros

Enterrer ou incinérer ses morts est un parcours complexe et coûteux pour le consommateur qui doit composer avec des prix souvent exorbitants et des devis difficiles à obtenir ou abusifs, dans un secteur où la concurrence ne joue pas.
Le coût du passage de vie à trépas peut être multiplié par cinq, selon les prestations choisies et le lieu de sépulture.
Une enquête d'UFC Que Choisir, publiée mardi, établit une fourchette de 1.300 à 6.101 euros entre le devis le moins cher et le plus élevé, pour un coût moyen de 3.098 euros, quasi équivalent pour une inhumation ou une crémation.
Ces écarts montrent que la concurrence ne joue pas suffisamment, et d'autant moins que la clientèle fragilisée par le deuil accepte souvent le devis établi par le premier prestataire rencontré.
"Faire jouer la concurrence, même dans le cas d'un décès, ça n'est pas mégoter, même si certains opérateurs n'hésitent pas à avancer cet argument vicieux" pour acculer les familles à payer le prix fort, explique Alain Bazot, président de l'association.
La "première condition" d'une saine concurrence, dit-il, c'est un devis "transparent et lisible qui permette de comparer et faire le tri" entre les prestations obligatoires et l'abondance de services optionnels (fleurs, toilette, conservation, habillage, porteurs etc..) systématiquement proposés.
Le prix du cercueil varie de 950 à 1.300 euros, les soins au défunt de 90 à 150, la chambre funéraire de 250 à 400, et les démarches administratives prises en charge par l'opérateur de 110 à 263 euros.
Or, les prestations requises par la loi, se résument à un cercueil de 22 mm d'épaisseur - 18mm pour une crémation -, une garniture étanche, quatre poignées, une plaque d'identification, et un véhicule agréé pour le transport du défunt.

Un arrêté ministériel censé contraindre depuis août 2010 les opérateurs funéraires à établir des devis transparents et lisibles, n'a pas apporté une réponse satisfaisante, selon M. Bazot : 97% des devis collectés par UFC Que Choisir ne sont pas conformes au modèle règlementaire, 39% ne répondent que partiellement aux critères, et 18% des 997 magasins funéraires visités ont refusé d'établir un devis personnalisé.
La contrainte ne peut être efficace que si elle s'accompagne de sanctions, et c'est là, selon M. Bazot, que la direction générale de la concurrence (DGCCRF) doit s'imposer comme "force de dissuasion" en infligeant des pénalités financières.
La DGCCRF objecte qu'elle "est présente sur le terrain en établissant des PV" y compris pour les délits (en cas de tromperie sur les prestations). A charge pour la justice de donner suite. La DGCCRF mène aussi des enquêtes "plus discrètes pour repérer des ententes entre opérateurs ou des abus de position dominantes".
Car dans ce marché de proximité, franchisés et indépendants, encore trop souvent seuls localement, abusent de cette exclusivité.
Philippe Martineau, ex-employé des PFG et fondateur de la coopérative, Le Choix funéraire, cherche à casser ces "monopoles" locaux.
Créée en 1997 sur le modèle de Système U, ce réseau (150 concessionnaires, 700 points d'accueil), est désormais doté d'un maillage suffisamment étroit de PME et TPE pour se lancer dans le "discount" avec une "formule" minimale à "1.790 euros".
"Il y a moyen de valoriser certains opérateurs et contourner la mauvaise volonté des autres", selon M. Bazot qui propose d'éclairer le consommateur via des brochures disponibles dans les hôpitaux, les maisons de retraite, et les mairies. "C'est pas révolutionnaire, dit-il, mais ça peut redynamiser la concurrence".

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