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Les maladies rares, un outil de compréhension de la maladie d'Alzheimer

Auteur Rédaction

Temps de lecture 2 min

Date de publication 05/11/2011

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Un laboratoire d’innovation

Les maladies rares constituent un véritable "laboratoire d'innovation" pour des pathologies beaucoup plus fréquentes, comme le diabète ou la maladie d'Alzheimer, assurent des spécialistes à l'occasion du colloque "Rare 2011" à Montpellier.
"Toute la compréhension des mécanismes du vivant vient depuis maintenant une vingtaine d'années des maladies rares qui servent de modèles à des maladies communes", affirme Ségolène Aymé, directrice d'Orphanet.
Pour la généticienne, les maladies rares sont des "modèles purs" : le plus souvent liées à une mutation génétique, elles ont alors une seule cause, contrairement à de nombreuses pathologies courantes qui peuvent avoir de multiples origines. "En science, quand on a un phénomène relativement simple à étudier, on est plus performant", résume-t-elle.
"Si on regarde les progrès qui ont été faits ces dernières années sur la compréhension du vieillissement, ça vient toujours de modèles maladies rares", poursuit-elle. Ce sont des maladies rares du vieillissement "qui font comprendre des éléments du vieillissement et, élément par élément, à la fin on aura le paysage global".
Même chose pour le diabète, les démences, dont la maladie d'Alzheimer, ou encore Parkinson : tout ce qu'on a appris ces vingt dernières années vient des formes rares de ces maladies, souligne-t-elle. Les maladies rares sont "un peu des cas d'école", résume Stéphane Roques, secrétaire général de Généthon (Evry).

Les maladies rares ont aussi permis d'ouvrir des "voies thérapeutiques innovantes", notamment la thérapie génique et la thérapie cellulaire, ajoute-t-il. "Actuellement les maladies rares, à elles toutes seules, sont à l'origine de 20% de toute innovation, alors même qu'il n'y a pas encore eu énormément d'investissement dans ce domaine par des grands laboratoires", renchérit Ségolène Aymé.
Stéphane Roques cite l'exemple de la progeria, maladie très rare (25 familles touchées en Europe) sur laquelle travaille Nicolas Lévy à Marseille. Son équipe a développé un traitement pour contrer les effets délétères de la protéine responsable de la maladie. Les chercheurs ont par la suite démontré que cette protéine occasionnait des dégâts similaires chez les patients VIH sous trithérapie.
C'est aussi le cas des projets de thérapie génique des maladies de l'oeil, comme l'amaurose congénitale de Leber, pour laquelle un essai clinique vient de démarrer à Nantes. Ils pourraient à terme connaître des développements pour des pathologies beaucoup plus fréquentes, comme la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l'âge).
"C'est presque une preuve de concept sur un petit nombre de patients qu'on va industrialiser sur des maladies plus fréquentes", explique Stéphane Roques. Il mentionne par ailleurs un troisième champ d'innovation, "social ou sociétal", avec par exemple la mise en place par l’Association française contre les myopathies (AFM) il y a quelques années déjà de villages-répit permettant de décharger pendant quelques temps les aidants familiaux. Ou encore la mise au point récente, également grâce à l'AFM, d'un fauteuil roulant électrique "jusqu'à 40% moins cher" que le prix généralement constaté.
Si on veut convaincre d'investir dans la recherche sur les maladies rares, "ce n'est pas difficile", conclut Ségolène Aymé. "Si on est un tout petit peu cynique, on peut dire que de toute façon c'est un bon investissement", glisse-t-elle. "Et en plus, ça rend service à des tas de gens qui sont dans la souffrance".
Les maladies rares touchent 3 millions de personnes en France, 20 millions en Europe.

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