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Personnes âgées : comment vont-elles voter à la présidentielle 2012 ?

Auteur Rédaction

Temps de lecture 4 min

Date de publication 30/01/2012

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Les 65 ans et plus forment un bataillon de choc en faveur de Nicolas Sarkozy selon un étude du Cevipof

Une étude du Cevipof, le centre de recherche de Sciences Po, s’interroge sur le vote des seniors (65 ans et plus) à la lumière du vieillissement de la population. L’âge joue en effet un rôle stabilisateur à droite. Absents de la campagne, les seniors vont peser lourdement dans les urnes.

Jusqu’ici, les seniors (65 ans et plus) se sont distingués à la fois par une forte propension à voter pour les candidats de la droite et par le rejet des extrêmes. Une attitude qui s’inscrit dans le long terme et s’est même accrue dans le temps. En 2007, 67% d’entre eux ont voté en faveur de Nicolas Sarkozy au second tour contre 54% dans la tranche d’âge des 50-64 ans et 51% des 35-49 ans. Selon le CEVIPOF, ce choix du second tour s’est fait très tôt puisque 56% d’entre eux affirment avoir pris leur décision longtemps à l’avance contre, par exemple, 39% des 35-49 ans. Ce sont donc des électeurs stables que les péripéties des campagnes ne désorientent pas.

Il est peu probable que cette attirance pour la droite classique évolue brutalement en 2012 en faveur de l’extrême-droite « car si les seniors sont les plus grands défenseurs de l’identité nationale et sont également parmi les plus défiants à l’égard de l’islam, ils n’ont confiance dans Marine Le Pen qu’à hauteur de 7% contre 38% pour Nicolas Sarkozy, comme le montre la vague 2 du Baromètre confiance du CEVIPOF ».

Ils constituent le groupe d’électeurs qui placent le plus souvent la réduction des déficits publics en tête des priorités politiques. La dimension économique des affaires publiques les touchent d’autant plus qu’ils peuvent observer directement les effets de la crise ou du déclin social dans la situation faite à leurs enfants et petits-enfants. Et la sortie de l’euro que prône le Front national, avec toute sa charge symbolique, n’est sans doute pas faite pour les rassurer. La conversion à la gauche semble également peu probable car leur comportement électoral s’appuie sur un double système de valeurs qui les distingue des plus jeunes : un fort libéralisme économique accompagné d’un faible libéralisme culturel, leur degré de tolérance à l’égard de pratiques sociales libertaires est très bas.

L’âge en soi explique-t-il le vote ? Autrement dit, l’âge est-il plus important que le niveau social, le genre, la religion ou bien le fait d’avoir fait carrière dans le secteur privé ou le secteur public ? Le Panel électoral français de 2007 montre clairement que le niveau de pratique religieuse a surdéterminé le choix électoral en faveur de Nicolas Sarkozy au second tour de l’élection présidentielle de 2007. Le second facteur est le secteur d’activité professionnel, les indépendants et les salariés du privé étant plus favorables à sa candidature que les salariés du public.

La tranche d’âge n’arrive qu’en troisième position. Ni le niveau social ni le genre n’ont d’effets déterminants. Par exemple, les seniors des classes populaires votent pour Nicolas Sarkozy à hauteur de 64% (suffrages exprimés) contre 68% des seniors appartenant aux classes moyennes ou supérieures. En revanche, les électeurs de 50 à 64 ans des classes populaires ne votent plus pour lui qu’à hauteur de 49%. La tranche d’âge est plus importante que le niveau social.
Mais c’est parce qu’elle recouvre des attitudes religieuses contrastées. La proportion de catholiques pratiquants est en effet de 46% chez les seniors contre 32% dans la tranche des 50-64 ans. Et cette proportion dépend bien plus de l’âge que du niveau social. C’est ainsi que les seniors des classes populaires sont catholiques pratiquants à hauteur de 43% contre 47% chez les seniors venant des classes moyennes ou supérieures ; symétriquement, s’il n’y a que 30% de catholiques pratiquants chez les 50-64 ans des classes populaires, on n’en trouve guère plus de 33% chez leurs homologues des classes moyennes et supérieures.

Politique et génération
L’étude des seniors montre que les comportements
électoraux sont affaire de génération même si l’on est incapable de mesurer l’effet du vieillissement puisqu’il n’existe pas d’enquête faisant un suivi personnalisé des individus sur 50 ans. Il existe une fracture très nette entre les seniors et la génération née grosso modo après-guerre, fortement déchristianisée et plus orientée à gauche, sans qu’il faille d’ailleurs trop exagérer le poids de Mai 68 puisque les électeurs nés entre 1979 et 1989 ont encore moins voté en faveur de Nicolas Sarkozy que ceux nés entre 1948 et 1958 (41% contre 51%).

La génération née entre 1914 et 1937 a voté en revanche à hauteur de 66% pour Nicolas Sarkozy (80% pour les seuls catholiques pratiquants). Mais l’étude de cette même génération lors des élections législatives de 1958 montre que ces électeurs, qui avaient alors entre 21 et 44 ans, étaient déjà fortement orientés à droite, en termes de proximité partisane ou de vote (66% d’entre eux votent alors à droite au second tour).

"Les seniors témoignent donc du tropisme droitier de la V République" conclut l'étude, "mais aussi de la mémoire politique du temps long. Celle-ci est faite en France à la fois de dédain pour les partis politiques et de l’inscription du vote dans une relation de confiance. C’est d’ailleurs bien chez les seniors que la confiance joue un rôle central dans le choix électoral."

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