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Les personnes âgées de plus de 75 ans : plus de 5,3 millions de personnes « singulières » comme toutes les autres

Auteur Rédaction

Temps de lecture 5 min

Date de publication 15/04/2012

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Vers un choix de société qui promeut le droit de la personne

Logo centre ethique cliniqueEt si les vieux vivaient encore ? Quelle médecine pour quelle vieillesse ? Telle était la thématique ouverte par le cycle de débats organisé depuis octobre 2011 par le Centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin avec Libération et France Culture et d’autres partenaires.
Le jury
de personnalités qui a suivi chacun de ces débats en a fait une synthèse et ouvert quelques perspectives lors de la séance de clôture, ce 10 avril à l’Hôtel de Ville de Paris. Des constats qui bousculent les idées reçues et des valeurs émergentes.

Mais qu’est-ce alors que la vieillesse ? Et qui donc le sait ?
Il apparait que les vieux parlent peu et s’ils parlent de vieillesse c’est davantage de celle des autres que de la leur. Indicible ce qu’il vivent ? Inaudible ce qu’ils expriment ? s’interroge-t-on.
> Vivre ici et maintenant. Demain est un autre jour. Les « vieux » ne veulent pas se projeter. La vieillesse ne se définit pas, plus. On ne se vit pas « vieux » tant qu’on ne souffre pas de la vieillesse et on s’en accommode longtemps, on est toujours le jeune de quelqu’un
> Ne se sentant ni vieux ni malades les préoccupations des vieux se portent avant tout sur le sens de la vie qui reste et non sur le sens de la mort. C’est l’exemple frappant des directives anticipées. L’enquête réalisé dan le cadre de ces débats auprès des plus de 75 ans sur « les directives anticipées » à révélé leur désintérêt pour ce concept. 90% disent ne pas le connaître et une fois informés disent qu’ils ne s’en saisiront pas.
> De l’autonomie à la dépendance. Une rupture brutale parfois un continuum le plus souvent. Les « vieux » ne revendiquent pas systématiquement le respect de leur autonomie. Mais il s’avère que en situation de dépendance, en institution beaucoup de décisions sont prises sans, voire contre, le consentement des personnes concernées. En pareil cas la rupture est forte, violente.
> L’action soignante qu’elle soit d’ordre médical ou sociale s’apparente davantage à de la bienfaisance qu’à un réel accompagnement de l’autonomie. Autonomie inhérente à la personne humaine.
Les vieux se taisent ici aussi, se laissent faire. Se rassurent-il en pensant que leurs proches comme les soignants tenteront de leur offrir le meilleur de ce qu’ils peuvent proposer ? Pour autant, peut-on s’exonérer de leur consentement ? Doit-on y renoncer ? s’interroge Claire Compagnon, conseil en santé, dans Libération.

La médicalisation ne peut pas être la seule bonne réponse à la « prise en charge » de la vieillesse
> Les vieux sont demandeurs de médecine mais il semble que le service qu’elle leur rend ne soit pas si évident.
La médicalisation de la vieillesse rend la mort de plus en plus artificielle. N’étant plus liée à la seule usure naturelle des organes, elle ne survient que si la médecine le décide. Au bout du chemin le risque de déshumanisation.
> Quelle médecine pour quelle vieillesse ? Curative ? Préventive et fonctionnelle ? Palliative ? Ces différentes notions elles antagonistes ? Quel est le projet de la médecine gériatrique? «Faire parler les vieux malades est pourtant possible. Mais cela demande une médecine lente, une médecine attentive au comportement de chacun, peu compatible avec les organisations sanitaires actuelles, leur mode de financement et les cultures professionnelles. » indique Olivier Saint Jean, gériatre à l’HEGP qui déplore « A l’hôpital, on meurt souvent mal, bien souvent sur un brancard dans un couloir des urgences.»
> Où vieillir ? Les EHPAD demain ? Plutôt que substitut du domicile, le projet des ehpad ne devrait ils pas davantage être assumé un projet comme palliatif et suffisamment être doté pour cela ? voir notre article

Les questions de coût collectif relatif à la vieillesse sont souvent mal posées
Les coûts de santé induits par le vieillissement de la population ne sont pas aussi lourds que l’on s’attache à le dire.
Plus de solidarité collective ne signifie pas verser davantage mais organiser mieux la éprise en chargeé. Social et sanitaire devraient être pensés en continuité. L’Etat ne fait pas tout loin s’en faut. Les solidarités individuelles et familiales font beaucoup plus qu’on ne pense pour les « vieux ».
Solidarités collectives et individuelles devraient davantage s’organiser en synergie.

Ils sont raisonnables. On croyait que la sécurité était un argument invoqué uniquement par les proches et par les soignants mais les « vieux » non plus ne souhaitent pas prendre de risque pour eux- mêmes. A partir d’un certain niveau de dépendance et de maladie, aller en institution sécurise et ce besoin explique la demande d’hyper-médicalisation. Certains toutefois soulignent aussi l’importance de continuer d’être autorisé à prendre des risques. En raison du plaisir que cela procure. En raison du bonheur que procure tel ou tel plaisir. « Ce n’est pas parce qu’on est vieux que l’on doit s’arrêter de vivre ! »
Et, le droit de vivre, le droit au plaisir, l’acceptation du risque font partie intégrante du respect dû à la personne.

Pour bien faire on maltraite. Ou « l’enfer est pavé de bonnes intentions.
En institution, comme à domicile, les vieux fragilisés par le handicap sont victimes de maltraitance : horaires imposés sans considération des rythmes de la personne, solutions techniques déresponsabilisantes (couches, …) absence d’’information, de dialogue, de codécision, d’importance accordée au consentement, etc.

De ces constats émergent trois pistes de réflexion-action
> Accorder résolument davantage de place au respect de l’autonomie
> Reconsidérer la bienfaisance et sa place
> Passer d’une logique de bienfaisance à une logique de droit de la personne
Sur ce dernier point notamment, le jury pointe pointe qu’il convient de sortir d’une logique de bienfaisance qui se fait au nom de la compensation et en raison d’une absence de droit collectif pour entrer dans une logique politique de solidarité qui se fait au nom d’un choix de société qui promeut les droits de la personne.
Les décisions ne devraient plus être prises soi disant au nom de l’autonomie, ni (de fait) au nom de la bienfaisance, mais au titre de la solidarité collective (ce que l’on doit à l’autre au titre du Vivre ensemble.)
La solidarité devient alors une valeur de notre société en lieu et place d’une « société individualiste ».
Les notions de consentement et d’autonomie seraient renforcées en raison d’une éthique de solidarité promouvant les droits de la personne.
Le premier principe de cette solidarité serait la subsidiarité: mettre tout en œuvre au niveau collectif pour ne jamais déresponsabiliser quiconque, particulièrement ceux qui apparaissent comme fragiles et vulnérables.

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