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La démarche palliative : une intervention souvent trop tardive

Auteur Rédaction

Temps de lecture 2 min

Date de publication 16/04/2012

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Attenuer la souffrance : trop coûteux ?

La question de l'euthanasie s'est invitée à l'élection présidentielle. Les candidats ont des positions divergentes. Spécialistes et médecins témoignent des difficultés qu'ils rencontrent dans l'application de la loi dite Leonettti relative aux droits des malades en fin de vie qui codifie la mise en place des soins palliatifs pour soulager la fin de vie.

La loi Leonetti de 2005 autorise l'administration de traitements prenant en compte la douleur et ayant pour "effet secondaire d'abréger la vie" d'un malade en "phase avancée ou terminale d'une affection grave et incurable".
La loi "ne dit pas clairement que le soulagement d'un patient en fin de vie peut aller jusqu'à son décès et que c'est une forme d'euthanasie passive", signale Eric Gendreau, directeur d'EHPAD (Etablissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) au Theil-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine).

Les candidats de de droite refusent tout changement tandis qu'à gauche on avance une "aide active à mourir" au moment même où un ouvrage révèle que François Mitterrand a eu recours à l'euthanasie.

Le rapport de l'observatoire de la fin de vie publié en février les soins palliatifs signalait que les soins pallitifs sont souvent appliqués tardivement. "On se rend compte, en interrogeant les collègues, que pour eux, la phase palliative, c'est juste avant la mort, quand il y a des problèmes avec la famille, quand le malade hurle, demande l'euthanasie. Or, ce n'est pas du tout comme ça que l'on entend la démarche palliative", remarque Edouard Ferrand, responsable des soins palliatifs de l'hôpital Foch de Suresnes.

"Optimiser la qualité de vie du malade, en mettant en jeu toutes les techniques médicales, psychiques et sociales" telle est pour Edouard Ferrand l'objectif de la démarche palliative qu'il refuse d'opposer à l'euthanasie. Une enquête qu'il a menée dans un CHU parisien en consultant 1.500 dossiers de patients décédés en 2005, 2007 et 2009 montre que la décision de mettre en
place des soins palliatifs est intervenue en moyenne seulement 48 heures avant la mort.
Selon lui, 74% de ces patients relevaient de soins palliatifs qui ont été décidés dans 39% des cas et appliqués dans 25%. L'équipe de soins palliatifs est intervenue dans seulement 5% des cas.
"En amont, dans les services de médecine aiguë, les collègues ne savent pas que les patients dont ils s'occupent relèvent d'une démarche palliative", déplore le docteur Ferrand.

Besoin de formation des médecins. C'est ce que recommande Eric Gendreau qui juge que "Beaucoup de médecins formés bien avant l'apparition de cette loi se la sont mal appropriée." Selon lui "il aurait fallu que cette loi s'accompagne d'une incitation pour les médecins à se former".
Comanissant peu la loi, les médecins traitants ont peur qu'on les accuse de négligence, d'abandon de soins. Formés pour pour guérir ils ont du mal à se dire 'maintenant je vais soigner pour le confort', c'est souvent une discussion difficile", juge Françoise Désimpel, directrice d'un EHPAD à Saint-Germain-la-Ville (Marne).

Besoin aussi d'information du patient et de la famille. Domaine dans lequel les équipes médicales sont défaillantes selon
le docteur Ferrand: "Ce qui fait la différence avec les pays anglo-saxons, c'est que le malade et la famille y sont parfaitement informés de l'évolution de la maladie".

Dans "Euthanasie, enjeux humain et social" (Editions Pascal), le docteur Claude Broussouloux et le journaliste Etienne Charles soulignent que "le véritable problème posé par l'atténuation de la souffrance des mourants a trait aux coûts exorbitants induits. Unités médicales spécialisées, personnel dûment formé, thérapies onéreuses et par essence récurrentes...".

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