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Dix ans d'euthanasie en Belgique : un heureux anniversaire ?

Auteur Rédaction

Temps de lecture 2 min

Date de publication 18/06/2012

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"Dix ans après la dépénalisation de l’euthanasie en Belgique, l’expérience atteste qu’une société faisant droit à l’euthanasie brise les liens de solidarité, de confiance et d’authentique compassion qui fondent le "vivre ensemble", et en définitive se détruit elle-même."
Ainsi conclut son requisitoire un collectif de professionnels qui, analysant en détail les conséquences de la loi belge du 28 mai 2002 relative à l’euthanasie appellent à une évaluation objective et courageuse de la loi, plutôt qu’à son assouplissement ou son extension.

L’euthanasie est-elle la manière appropriée de rencontrer la souffrance des personnes en fin de vie ? Dix ans après la dépénalisation de l’euthanasie en Belgique, il nous semble important de réfléchir à cette question.
Partons d’un constat : des soins médicaux appropriés, un accompagnement psychologique et une présence aimante aux côtés du malade suppriment souvent la demande d’euthanasie. Il arrive un moment où les traitements curatifs deviennent inutiles et sources de désagréments disproportionnés par rapport aux bénéfices escomptés.
Tout le monde s’accorde aujourd’hui pour dire qu’ils doivent être arrêtés pour ne pas tomber dans l’acharnement. Par contre, il faut continuer et intensifier les soins d’accompagnement et de confort, c’est-à-dire les soins palliatifs. Ceux-ci favorisent une authentique mort dans la dignité, tout en évitant d’abréger délibérément la vie.
De très nombreux professionnels de la santé et bénévoles accompagnent la vie finissante avec une persévérance qui force l’admiration. Jour après jour, rejetant toute forme d’acharnement thérapeutique, ils mobilisent les ressources de plus en plus efficaces de la médecine actuelle pour soulager et rendre supportable la douleur physique. Par leur écoute, leur professionnalisme et leur générosité de cœur, ils apaisent le malade et le soutiennent jusqu’à son dernier souffle de vie. La présence de la famille et des proches est elle aussi essentielle.
En des moments particulièrement intenses, nombreux sont ceux qui ont découvert qu’au lieu de donner la mort, il est plus beau et gratifiant de donner de la qualité de vie jusqu’au bout.
Sans aucun doute, toute demande d’euthanasie doit être écoutée et reçue avec compréhension. Nous mesurons en effet l’extrême gravité et le poids de ces situations angoissantes où le patient n’en peut plus. Mais la société doit-elle nécessairement accéder à cette demande ? Une telle demande est souvent un appel à l’aide. A cet appel, et il faut le redire avec force, la seule réponse appropriée est de soutenir le désir de vivre qui se manifeste dans toute expression d’une demande de mort. Cependant, une dépénalisation de l’euthanasie n’est-elle pas inéluctable dans une société laïque et pluraliste comme la nôtre ? L’euthanasie est souvent revendiquée comme l’ultime liberté : celle de pouvoir choisir l’heure et la manière de sa mort. Toutefois, remarquait récemment Luc Ferry, elle fait peser sur le médecin la charge de procurer cette mort. On se retrouve ainsi confronté au paradoxe d’une liberté qui met en lumière l’absence d’autonomie de l’individu par le besoin qu’il a d’autrui pour mourir. L’euthanasie est donc loin d’être une affaire purement individuelle. C’est ce qui distingue l’euthanasie de la "liberté" du suicide qui, tout en interpellant la société, ne reçoit pas son aval et n’engage pas le corps médical.
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Lire aussi l'éditorial d'Emmanuel Hirsch du Collectif Plus digne la Vie "Légaliser l'euthaniasie : il y a urgence à en débattre publiquement"

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