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La Suisse accueille un congrès "mondial" sur le suicide assisté

Auteur Rédaction

Temps de lecture 3 min

Date de publication 18/06/2012

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Les opposants manifestent aussi

Les participants au congrès mondial sur le suicide assisté, qui se tient depuis mercredi 13 juin, à Zurich, ont appelé vendredi à "briser le tabou de la mort" afin d'évoquer plus librement l'accompagnement en fin de vie qui reste difficile dans de nombreux pays européens.

"Il est grand temps de ramener la mort dans la vie", a estimé l'écrivain suisse Ueli Oswald, auteur du livre "Mon père est mort avec Exit". Exit est une association helvétique militant pour le droit de mourir dans la dignité. Selon M. Oswald, il est important de "briser le tabou de la mort". "N'attendez pas de parler avec vos proches de la mort. Cela fait du bien d'en parler. Mon père voulait disparaître en silence et discrètement (mais) nous ne voulions pas qu'il parte sur la pointe des pieds", a-t-il raconté devant un auditoire d'environ 200 personnes réunies à Zurich pour le congrès mondial sur le suicide assisté.

La majeure partie du congrès, qui s'est terminé dimanche 17 juin, était réservée aux membres de la fédération mondiale représentée par une centaine de délégués issus de 45 pays.

La journée de vendredi a cependant été ouverte au grand public, qui est venu assister à des conférences, des tables rondes et écouter des témoignages de personnes ayant accompagné un proche vers la mort. Si en Suisse le suicide assisté (la personne prend elle-même une dose mortelle de médicaments) est autorisé sous certaines conditions, certains cas préoccupent cependant les autorités. Le procureur général de Zurich, Andreas Brunner, a ainsi raconté le cas d'un couple marié pendant 50 ans et qui a décidé de mourir ensemble.

"Le suicide assisté doit rester une exception (et) il faut d'abord étudier les alternatives" avant de choisir cette option, a-t-il insisté. Si la législation est relativement libérale en Suisse, en Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg, la France n'envisage pas de légaliser l'euthanasie.

Pendant la campagne électorale pour la présidentielle française, François Hollande avait tout de même envisagé une "assistance médicalisée" très encadrée pour les personnes atteintes d'une maladie incurable souhaitant "terminer leur vie dans la dignité".
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait nuancé début juin que le projet du gouvernement concernant la fin de vie consistait seulement à "perfectionner la loi Leonetti", un texte garantissant le droit à l'accès aux soins palliatifs et l'interdiction de l'acharnement thérapeutique.

"Il faut des soins palliatifs, mais on doit aussi introduire en France le système suisse" qui autorise le suicide assisté, a estimé Dominique Delannoy, une Française membre de la fédération européenne pour le droit de mourir. "Mais 45% des médecins ne connaissent pas la loi Leonetti", a-t-elle estimé, ajoutant qu'"en France, il y a la pression du lobby religieux et des grands médecins" qui sont opposés au suicide assisté. Pour Mme Delannoy, il est urgent "de faire évoluer les mentalités".

Selon Ludwig Minelli, fondateur de Dignitas, la seule association à proposer en Suisse le suicide assisté à des non-résidents, des sondages internationaux montrent que "75% à 85% (des personnes interrogées) sont en faveur de la mise en place d'une forme raisonnable de suicide assisté".

"Les gouvernements ne tiennent pas compte" de ces opinions "sous la pression de l'industrie pharmaceutique qui gagne des milliards avec les malades en fin de vie et les personnes âgées et sous la pression des Eglises", a-t-il insisté. Les opposants au suicide assisté, qui avaient auparavant annoncé vouloir manifester à l'entrée du congrès, se sont fait discrets.

Dans un communiqué, la Coalition pour la prévention de l'euthanasie a indiqué que "dans différents pays (Belgique, Pays-Bas) la mise à mort du patient se fait même sans son consentement". L'association, qui estime que l'euthanasie est un "meurtre délibéré", a appelé à rejeter "la mort sur commande" pour protéger les patients.

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