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L'annonce d'une réforme de la loi Leonetti provoque une vague de réactions

Auteur Rédaction

Temps de lecture 5 min

Date de publication 21/07/2012

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Large opposition à droite

Les propos du Président de la République d'autoriser "un acte médical assumé" dans "les cas exceptionnels où l'abstention thérapeutique ne suffit pas à soulager les patients aux prises avec une douleur irréversible" a provoqué une vague de réactions. Même si le mot euthanasie n’a pas été prononcé, le discours présidentiel a rouvert le débat.

Le député UMP Jean Leonetti, à l'origine de la loi de 2005 qui porte son nom, a proposé lundi "un large débat public" sur la fin de la vie, ne se limitant pas à l'euthanasie. Ce débat public, "doit s'ouvrir avec la même méthode que celle utilisée lors des lois bioéthiques : débats en régions avec les comités d'éthique régionaux, constitution de panels et de jurés citoyens, ouverture d'un site internet et interactivité".
Il "constate avec satisfaction que François Hollande a reconnu les efforts effectués ces dernières années en matière de soins palliatifs et des avancées de la loi du 22 avril 2005".

Christine Boutin, présidente du Parti Chrétien-démocrate, a estimé "indigne" de relancer un débat sur « la possibilité de légaliser l'euthanasie". Selon Mme Boutin, "débattre de la possibilité pour une société d'approuver le fait qu'une personne est bonne à mourir, mais aussi de délivrer un permis de tuer, ne peut en aucun cas être noble et digne". "Tout cela doit mener à clore le débat (...) a-t-elle ajouté.

Patrick Ollier, député-maire UMP de Rueil-Malmaison, "fermement opposé" à une réforme de la loi Leonetti, a estimé mardi 17 juillet que "ouvrir le débat sur l'euthanasie sans employer le terme peut paraître habile, mais cela représente un débat qui va fracturer la société française".

Jean-Marie Le Guen (député PS): "On ne peut pas rester sur le statu quo actuel de la loi Leonetti qui ne donne aucune garantie à personne, ni aux patients, ni à leurs familles ni aux médecins. Cette loi ne règle en effet pas un certain nombre de cas relativement exceptionnels où il y a des demandes reconnues comme évidentes par l'opinion publique et où la loi est inapplicable, comme dans le cas de Vincent Humbert. Selon l'Observatoire de fin de vie, il y a chaque année 8.000 cas d'euthanasie dont 2.000 sans qu'aucune protection ne soit assurée: il est donc légitime que le cadre législatif évolue, il faut le faire précautionneusement, avec une réflexion forte" (déclaration dans les couloirs de l'Assemblée nationale).

Bernard Debré (UMP): "Il n'est pas anormal d'ouvrir le débat mais on l'ouvre chaque année... Je suis opposé à une loi sur l'euthanasie, je pense que les unités de fin de vie sont une des réponses les plus importantes qu'on puisse avoir. Mais que le débat s'ouvre, oui, d'accord... Moi, j'ai ma position mais je ne veux pas qu'il y ait d'ostracisme, que ce soit la modernité contre le conservatisme... La loi Leonetti répond à des situations exceptionnelles. Non à la souffrance, oui aux médicaments, même s'ils abrègent la vie car ils sont là pour abréger la souffrance" (déclaration dans les couloirs de l'Assemblée nationale).

Philippe Juvin, député européen et secrétaire national de l'UMP: "La solution, pour une fin de vie digne, n'est pas l'euthanasie mais bien davantage de moyens pour les soins palliatifs. Il n'y a pas suffisamment de centres, de lits, ni de personnels pour accompagner les malades et leur famille (...) L'euthanasie n'est pas la solution pour apporter une fin de vie dans la dignité. En Belgique et en Hollande, où l'euthanasie a été légalisée sous les mêmes +strictes+ conditions voulues par François Hollande, des études suggèrent qu'une très grande partie des euthanasies réalisées le sont en fait sans l'accord explicite du patient. La solution passe par le développement des unités de soins palliatifs" (communiqué).

Le Dr Xavier Mirabel, président de l’Alliance Vita pour les Droits de la Vie salue "le constat" du président de la République "quand il relève la grave insuffisance de l'offre de soins palliatifs et reconnaît qu'ils n'ont pas seulement un coût mais constitue un investissement pour l'ensemble de la société". L’association estime toutefois que l’intervention présidentielle "reste ambiguë" quand il est "envisagé d'ouvrir la porte à +un acte médical assumé+, qui ne peut être autre chose qu'une injection létale".

La Société Française d'Accompagnement et de soins Palliatifs (SFAP) a salué mardi 17 juillet « les perspectives de développement des soins palliatifs à la fois dans le champ de l'offre de soins et de la formation". En revanche, elle "estime qu'une éventuelle dépénalisation de l'euthanasie est inutile et dangereuse.

L'AD-PA Association des directeurs au service des personnes âgées, tient à rappeler que 80 % des décès ont lieu après 70 ans et qu'en conséquence la question de la fin de vie concerne pour l’essentiel des personnes âgées. "Fin de vie et la vie vers la fin doivent être accompagnées dignement à tout âge et l’attention consacrée par la société à l’accompagnement doit être la même à 90 – 70 – 50 ou 30 ans."
Or, - "l’immense majorité des personnes âgées n’a pas accès aux soins palliatifs et beaucoup d’entre elles décèdent isolées du fait du nombre insuffisant de structures ou de professionnels les accompagnant à domicile ou en établissement."précise l'AD-PA qui demande donc au Président de la République et au Pr Sicart que des professionnels de l’aide aux personnes âgées soient membres du groupe de réflexion qui va se mettre en place.
La présence de Michèle Delaunay, ministres des personnes âgées et de l'autonomie, aux cotés de François Hollande, à Rueil Malmaison, montre que cette préoccupation existe chez le Président indique l'AD-PA qui attend que cette position se prolonge dans les réflexions qui seront menées et rappelle "qu’à travers ces débats se pose toute la question de la relation de chacun d’entre nous à la vulnérabilité, la fragilité, au vieillissement, à l’autonomie, à la limite et ainsi donc au sens de la vie.

Retrouvez la position du Collectif plus digne la vie avec un édito de février 2012 et celui de ce 23 juillet. Télecharger le livret publié par le Collectif Plus digne la vie pour mieux comprendre la Loi Leonetti.


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