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Colloque La cause des aînés 2 : difficile d'aborder la « dépendance »

Auteur Rédaction

Temps de lecture 5 min

Date de publication 22/10/2012

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Savoir abandonner le pouvoir pour s’émerveiller aux mystères de la vie

Colloque la cause des aînés 2012Le colloque La Cause des Ainés 2, ces 20 et 21 octobre à Paris, organisé par la psychanalyste Catherine Bergeret-Amselek, auteur de La vie à l'épreuve du temps, a tenu ses promesses d'échanges entre les psychiatres, sociologues, chercheurs, directeurs d'établissements et services... sur les enjeux de l'avancée en âge.

Un vibrant hommage a été rendu à Geneviève Laroque, présidente de la Fondation Nationale de Gérontologie (FNG) qui devait ponctuer de ses connaissances, de sa sagacité, de sa curiosité les temps du colloque.

La notion de parcours de vie de la naissance à la mort s'incarnait par les témoignages de plusieurs générations :
Des tout-jeunes enfants en maternelle, des adolescents (tous participants au Prix Chronos), à Stéphane Hessel qui fêtait ses 95 printemps et partageait son envie de donner envie de garder intacte notre capacité de nous indigner.
Jacqueline Gaussens de la Fondation Nationale de gérontologie espère que demain nos concitoyens admettront comme Arnaud, 9 ans, lecteur Chronos, que "Finalement, la vieillesse ce n'est pas un défaut".

"La France n'aime pas ses vieux", rappelait Pascal Champvert de l'Ad-PA, auteur de "Prendre soin de nos aînés c’est déjà prendre soin de nous". Jérôme Pellissier de l'Observatoire de l’âgisme a alerté contre les dérives qui font des vieux les boucs émissaires idéaux de tous nos maux. Notre pays n'a pas pris la mesure des enjeux, il ne s'est pas équipé : outil d'évaluation de la fragilité, référents professionnels, guichets uniques pour orienter coordonnées le prendre soin parmi les 15 000 services à domicile, 7000 établissement d'accueil, rappelle Annie de Vivie d'Agevillage pour le collectif "une société pour tous les âges".

Les intervenants ont aussi rappeler qu'il ne s'agissait de tomber dans la tyrannie du "bien naître", "bien vivre", bien vieillir et demain "réussir sa mort".
A domicile, à l'Hôpital, respecter les choix des principaux concernés est la proposition de Paul Cesbron, gynécologue.
Soulager les douleurs, accompagner les souffrances des personnes malades, de leurs proches, faire reconnaître et déployer les soins palliatifs est une nécessité que martèle le Collectif "Plus digne la vie" piloté par le Pr. Emmanuel Hirsch et le Dr Sylvain Pourchet.
Pour autant savoir abandonner le pouvoir pour s'émerveiller aux mystères de la vie est un des grands messages du colloque.

Mais qu'il est difficile de penser son vieillissement, s'il devient pathologique, quand on a prôné depuis 1968 des valeurs d'autonomie, de liberté, de vitesse, de jeunesse rappellent les de Hennezel mère et fils qui ont écrit ensemble "Qu'allons-nous faire de vous ?". Intégrer des valeurs tierces comme la lenteur, la vulnérabilité; se faire respecter en tant que vieux, rester de plein pied dans la vie, dans la cité, voilà de beaux programmes, portés notamment par l'association Old Up présidée Marie-Françoise Fuchs.

Beaucoup de questions et peu de réponses pour prendre soin des personnes aux pathologies neuro-dégénératives, aux comportements dérangeants, aux mémoires qui s'étiolent, s'effacent, aux demandes qui épuisent... Les médicaments font défaut à ce jour, il faut inventer, s'ajuster, estime Geneviève Arfeux-Vaucher, docteur en psychologie, docteur émérite de la FNG. Investir des initiatives innovantes, promouvoir l'énergie individuelle et collective de groupes de personnes malades, chers au Pr. Louis Ploton. Il faut avancer, bouger les lignes sinon "Des services peuvent devenir "des fabriques d'Alzheimer" si le malade ne peut rien investir" estime Marion Péruchon, psychologue-clinicienne, psychothérapeute, maître de conférence à Paris V.

"Et si la dépendance était une chance ?" interroge un brin provocateur Yves Gineste, co-fondateur de la Méthologie de soin Gineste-Marescotti dite Humanitude.
Une chance de revoir nos certitudes, de rappeler que l'homme est un être relationnel, ayant besoin de l'autre pour se sentir homme.
Si l'autre sait comment maintenir les liens d'Humanitude par des regards, des paroles, des touchers, des soins adaptés, l'homme vieux, de toutes les cultures, peut rester en lien avec l'humanité, jusqu'au bout de sa vie. Mais ces savoirs ne sont pas naturels. Ils s'apprennent et adoucissent alors le quotidien des personnes malades, des aidants familiaux, des professionnels (valorisés).

Revoir nos certitudes est difficile. La remise en question de pratiques ne va pas de soi.
Danièle Rapoport, psychologue clinicienne, fondatrice de Bien-traitance, formation et recherche, rappelle que dans les années 70 (hier), une bonne puéricultrice devait acquérir des techniques pour savoir laver un bébé très vite, pour maintenir les cadences. Zéro regard, paroles, touchers doux ou caressants. L'efficacité avant tout.
Il aura fallu l'énergie de cette psychologue, de Bernard This, de Françoise Dolto, et aussi la mort de petits enfants dans des services déshumanisés en France, pour que les mentalités, les techniques de prendre soin, les formations et les lois changent.

Il nous faut prendre conscience des réalités douloureuses envers les plus âgés, fragilisés, vulnérables.
C'est le rêve de Françoise Madelaine, résidente dans un logement-foyer de la région parisienne, qui a témoigné spontanément d'actes de maltraitance.

Une réflexion pluridisciplinaire, éthique, philosophie, spirituelle (chère à Stéphane Hessel), et aussi politique, s'impose.
Elle demandera à se déployer dans une nouvelle édition de la Cause des Ainés.

Retrouvez les actes du premier Colloque "La cause des aînés n°1"

Additif avec Catherine Bergeret-Amselek : regards du sociologue, du psychanalyste sur la vieillesse, la spiritualité.
Le rapport au temps a été soulevé par Michel Billé : temps écrasée par une société qui, avec les nouveaux modes de communication technologiques, prétend fonctionner en temps réel.
Cette société jeuniste qui promeut la vitesse et le vieillir jeune, ne prend pas en compte qu’il faut du temps pour intégrer sa jeunesse et que lorsqu’on est vieux c’est aussi le moment où on peut prendre son temps pour vivre le temps qui reste;

Le psychanalyste Alain Amselek a abordé sa propre vieillesse. Il propose un autre visage de la psychanalyse qui n’est pas seulement un « tout est langage » mais une psychanalyse incarnée qui tient compte du corps.
« Quand le corps fout le camp » et qu’il ne reste que peu de temps à vivre ou qu’un syndrome démentiel vient déconstruire l’identité et détruit apparemment la mémoire, que peut le psychanalyste ?
Etre là, corps ouvert, en position d’accueil pour prêter tout son être et permettre à la personne âgée de retrouver un sentiment continu d’exister.
Cet accordage affectif lui permet d’ouvrir une voie intérieure et de se sentir exister.

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