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Déserts, dépassements d'honoraires : l'UFC-Que Choisir trace la carte de "la fracture sanitaire"

Auteur Rédaction

Temps de lecture 3 min

Date de publication 22/10/2012

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Medecins du Monde note de son côté un accroissement du renoncement au soin

LOGO QUE CHOISIRL'UFC-Que Choisir a apporté mardi 16 octobre son éclairage sur les lacunes de l'accès aux soins, évoquant une "fracture sanitaire" dans le pays.
Prenant en compte à la fois les déserts médicaux et les dépassements d'honoraires, l'UFC-Que Choisir publie son étude accompagnée d'une carte interactive sur laquelle on peut, pour chacune des 36.000 communes du pays, consulter sur le site de l'association (www.quechoisir.org ) l'offre médicale pour quatre catégories de praticiens : les médecins généralistes, les pédiatres, les ophtalmologistes et les gynécologues.
Jamais jusqu'ici l'offre sanitaire n'avait été étudiée sous le double aspect des déserts médicaux et des dépassements d'honoraires.

"Nous avons regardé les deux dimensions de l'accès aux soins, la dimension géographique et la dimension financière. Et c'est vrai que lorsqu'on couple les deux, les résultats sont assez dramatiques", a déclaré Alain Bazot, président de l'association consumériste.
En cliquant sur "la carte de l'intolérable fracture sanitaire", selon les termes de l'association, le patient-internaute peut trouver l'offre médicale pour les quatre catégories de praticiens étudiés et constater si son accès aux soins est facile ou non, surtout s'il veut être soigné uniquement aux tarifs opposables (remboursés par la Sécu).

L'enquête montre quelques surprises : il n'y a pas que dans les campagnes reculées qu'il est difficile de se faire soigner. Par exemple dans des grandes villes de plus de 100.000 habitants comme Orléans, Le Havre, ou Mulhouse, on peine à trouver des pédiatres de secteur 1 (sans dépassement).

Au total, ce sont 58 % des Français qui ont un accès difficile aux pédiatres conventionnés.

Pour les ophtalmologistes et les gynécologues, la situation est encore bien pire. Non seulement ces spécialistes se font rares mais moins de la moitié (46%) pratiquent les tarifs opposables. Du coup ce sont 80% des Français, soit 51 millions de personnes, qui ont potentiellement des difficultés à y avoir accès.

Si la situation est meilleure pour trouver des médecins généralistes, plus nombreux et pratiquant peu les dépassements, 3,7 millions de personnes vivent néanmoins dans un désert médical et 13,6 millions dans une zone d'"accès difficile" à ces praticiens.

Finalement, ce sont les villes moyennes de province où la situation est la plus acceptable, estime l'association qui ne fait pas que constater mais milite pour que soit réduite cette "fracture sanitaire".

Elle demande ainsi que seuls puissent s'implanter dans les secteurs "surdotés" des médecins de secteur 1 et que les aides publiques soient réservées aux médecins de zones "sous-dotées", comme le préconise la Cour des comptes.

Prônant à terme la disparition des dépassements, l'UFC Que choisir suggère de les plafonner temporairement à 40% du tarif de Sécurité sociale (taux médian remboursé par les complémentaires santé) dans l'attente d'une refonte complète de la tarification des actes.

Cette étude est publiée simultanément avec une autre de l'Insee qui contredit Que Choisir en montrant que la quasi-totalité de la population française habite à moins de 15 mn d'un médecin généraliste, d'un kiné ou d'une infirmière, mais que la "proximité ne rime pas toujours avec accessibilité".

La CSMF, le plus important syndicat de médecins libéraux a dénoncé "les raccourcis démagogiques" de l'UFC-Que Choisir, qui ont été démentis selon lui par l'étude de l'Insee. "Vouloir affoler l'opinion en laissant croire que notre pays est couvert de déserts médicaux est une hérésie", estime le syndicat dans un communiqué.
Au milieu de cette polémique, l’ONG Médecins du Monde (MdM) a annoncé le mardi 16 octobre qu’elle allait ouvrir une mission dans le Puy-de-Dôme à destination du monde rural. Pour MdM, "il s'agit de documenter et de travailler sur la question de la précarité et des accès aux soins en zone rurale". En 2011, les 21 centres de soins existants de l'ONG en France ont accueilli 29.466 personnes et effectué 40.627 consultations (+5,2% depuis 2010 et +22% depuis 2008).

Médecins du Monde (MDM) note dans son rapport annuel une dégradation de l'accès aux soins des plus pauvres en France, une situation qui résulterait notamment de la complexité du système.
MDM identifie la méconnaissance par les patients des droits et des structures existantes, la barrière linguistique pour certains d'entre eux et les difficultés administratives comme les principaux obstacles à l'accès aux soins. Plus d'un tiers des patients reçus dans les centres de soin de MdM présentaient un retard de soins, et plus de 20% disaient avoir renoncé à se faire soigner dans les 12 derniers mois. L'association note une aggravation des pathologies rencontrées et de la prise en charge nécessaire.
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