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Décès : les SDF âgés et isolés ne sont plus enterrés "comme des chiens"

Auteur Rédaction

Temps de lecture 2 min

Date de publication 05/11/2012

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Ils sont morts dans la solitude mais ils seront accompagnés au cimetière

Ils sont morts dans la solitude mais "ne seront pas enterrés comme des chiens" : Les obsèques de sans-abris, personnes âgées ou isolées pour qui personne ne devait se déplacer, se déroulent en présence de bénévoles du collectif Les Morts de la rue.

Un mercredi pluvieux au cimetière parisien de Thiais (Val-de-Marne). Ce jour-là, Vincens Hubac, pasteur de 62 ans, et Carine Poidatz, journaliste de 39 ans, se retrouvent pour inhumer Yves, un sans-abri mort à l'hôpital trois semaines plus tôt.

"Tu es né à Lyon le 6 mai 1949, juste après la guerre. Ce que fut ton enfance, ton adolescence, nous n'en savons rien. Nous savons juste qu'un jour, tout a basculé pour toi et que tu t'es retrouvé à la rue il y a 25 ans", dit pudiquement Carine. Vincens lit à haute voix "la mort des pauvres", poème de Baudelaire, puis le cercueil en bois clair descend en terre. Un moment de recueillement, un cyclamen fuschia laissé sur la sépulture en béton, des gestes simples mais qui ont du sens pour les bénévoles : "c'est une question de dignité humaine", explique M. Hubac.

Depuis quatre ans, il escorte les défunts isolés, des hôpitaux ou de l'Institut médico-légal jusqu'au cimetière de Thiais. Des inconnus pour qui il tâche de trouver des mots justes, lors d'une courte cérémonie laïque. Jusqu'aux années 2000, les personnes "dépourvues de ressources relationnelles", selon le jargon des services funéraires, étaient enterrées dans l'indifférence.

"Avant, les défunts partaient à plusieurs dans un camion et ils étaient mis directement dans les sépultures, qui étaient anonymes. Personne n'assistait à l'enterrement", explique François Michaud-Nérard, directeur général des services funéraires de la ville de Paris. Depuis 2004, une soixantaine de bénévoles se relaient pour accompagner chaque convoi. Des anonymes de différents horizons, "âgés d'une vingtaine d'années jusqu'à 89 ans, issus de tous niveaux socio-culturels", explique Cécile Rocca, du collectif Les morts de la rue dont l'un des objectifs est de faire savoir que la vie à la rue mène à une mort prématurée.

Pourquoi accompagner des morts dont ils ne savent rien?
"Pour les vivants" répond Cécile Rocca: "Cela renvoie à leur entourage l'idée que leur vie a de la valeur". Après l'inhumation, les deux bénévoles notent scrupuleusement comment s'est passée la cérémonie, qui était présent, quel temps il faisait. Des détails qui peuvent sembler insignifiants sauf pour ceux qui, en contactant le collectif, découvrent qu'un proche dont ils étaient sans nouvelles est décédé.

"Pour eux, c'est souvent extrêmement douloureux
",
témoigne Cécile Rocca. "On leur dit comment s'est passée l'inhumation, quel texte a été lu, ça les apaise", raconte-t-elle. Chaque commune a l'obligation d'inhumer gratuitement les personnes dépourvues de ressources suffisantes. En 2011, 247 convois transportant les dépouilles de personnes isolées se sont rendues au cimetière de Thiais, vers l'ancien carré des "indigents", renommé carré de la fraternité, qui regroupe 3.600 sépultures.

Des accompagnements de défunts comme ceux des Morts de la rue existent dans d'autres villes comme à Lille, Lyon, Rennes ou Rouen.
A chaque inhumation, une pensée réconforte l'ancien SDF Marcel Olivier, 57 ans, qui participe depuis le début au collectif parisien: "Au moins un qui ne sera pas mort tout seul".

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