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L'Ordre des médecins s'ouvre à une "aide à mourir" sans parler d'euthanasie

Auteur Rédaction

Temps de lecture 2 min

Date de publication 18/02/2013

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Un devoir d’humanité” disent les médecins

Pour la première fois, l'Ordre des médecins envisage une aide à mourir sous forme d'une "sédation terminale" donnée aux patients qui le réclament et auxquels la loi actuelle sur la fin de vie - dite loi Leonetti - ne donne pas de réponse.
L'Ordre évoque "un devoir d'humanité", sans employer directement le terme d'euthanasie pour décrire cette assistance médicalisée pour mourir dans la dignité, qui doit relever d'un collège médical, et non d'un médecin qui agirait seul, sans consulter qui que ce soit.
L'instance préconise donc "une évolution de la législation sur la fin de vie" pour répondre à ces "situations exceptionnelles". La loi Leonetti de 2005, encore mal connue, "répond au plus grand nombre de situations de fin de vie", souligne le conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM) dans un texte intitulé "Fin de vie, Assistance à mourir", rendu public jeudi 14 février, avant d'aborder ces "situations exceptionnelles" où il envisage ce geste létal, ultime.
L'euthanasie n'est pas légale en France mais la loi Leonetti admet qu'on puisse soulager avec des anti-douleurs un malade au stade terminal au point d'en "abréger la vie". Toutefois, elle "peut n'offrir aucune solution pour certaines agonies prolongées ou pour des douleurs psychologiques et/ou physiques qui, malgré les moyens mis en oeuvre, restent incontrôlables", reconnaît l'Ordre.
Il s'agit donc de répondre à "des requêtes persistantes, lucides et réitérées de la personne atteinte". "Une sédation, adaptée, profonde et terminale délivrée dans le respect de la dignité pourrait être envisagée, par devoir d'humanité, par un collège médical" dont la composition et les modalités de saisine devraient être fixées, écrit ouvertement l'Ordre brisant là une posture et un tabou.
Pour l'ordre, les médecins doivent pouvoir se retrancher derrière la clause de conscience pour refuser d'administrer cette médication "terminale", mais ils n'en gardent pas moins "le devoir d'accompagner leurs patients jusque dans leurs derniers jours".

La proposition de sédation terminale rejoint une des préconisations du rapport du professeur Didier Sicard sur la fin de vie en France remis au président de la République François Hollande en décembre 2012. La majorité des Français souhaitant que les médecins les aident à mourir en cas de situation insupportable (56 % d'après un sondage réalisé pour la mission Sicard), il proposait un geste médical "accélérant la survenue de la mort" dans certains cas, tout en rejetant l'idée d'inscrire formellement l'euthanasie dans la loi.
Malgré l'interdiction, le nombre d'euthanasies peut être évalué à 3.000 par an en France, indiquait le 1er février dernier Nicolas Brouard, directeur de recherche à l'Institut national d'études démographiques (Ined).
Durant sa campagne pour l'élection présidentielle, François Hollande avait promis "une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité" pour "toute personne majeure en phase avancée ou terminale d'une maladie incurable", sans jamais utiliser le mot euthanasie.
A la remise du rapport Sicard en décembre dernier, le Président Hollande a indiqué qu'un projet de loi sera présenté au Parlement en juin 2013. Le Comité national consultatif d'Ethique (CCNE), saisi par le président de la République doit pour sa part rendre son avis sur la fin de vie vers le mois d'avril.
Limitée aux cas incurables et impossible à améliorer, "l'euthanasie stimule le désir de vivre en donnant l'assurance que si l'existence devient une torture physique ou mentale, il pourra y être mis fin", estimait Maurice Tubiana, 93 ans, cancérologue, ex-directeur du centre anti-cancer IGR.

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