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La cohabitation intergénérationnelle, un moyen de lutter contre l'isolement des seniors

Auteur Rédaction

Temps de lecture 3 min

Date de publication 04/05/2013

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Le gouvernement étudie la possibilité de lever les freins à la généralisation du système

Encore peu développée, la cohabitation entre personnes âgées et étudiants s'avère un bon moyen de lutter contre l'isolement des seniors et de résoudre les problèmes de logement des jeunes, que le gouvernement veut encourager en levant des freins juridiques et fiscaux.

"Au début, cela m'ennuyait d'être seule la nuit. J'ai fini par trouver cette perle, parfaite à tous égards", raconte Monique Brouillaud, 86 ans, qui reçoit dans un appartement cossu du XVIIe arrondissement à Paris, en présence de la ministre aux Personnes âgées, Michèle Delaunay.

La "perle" en question, Tamara, est une étudiante géorgienne de 35 ans, installée depuis 12 ans à Paris. Doctorante, elle cherchait un moyen de se loger à moindre coût pour pouvoir poursuivre ses études dans la capitale. "Je ne travaille qu'à mi-temps, si je devais payer un loyer, je n'aurais plus aucun revenu pour vivre", explique-t-elle.

C'est via le réseau Lis (logement intergénérationnel solidaire) qu'elle découvre la possibilité d'habiter gratuitement chez une personne âgée en échange d'une présence nocturne et de menus services. "J'ai tout de suite senti que ce serait enrichissant humainement", témoigne Tamara.

"Une relation amicale s'est construite" avec la jeune femme, renchérit Monique Brouillaud, la comparant presque à sa "petite fille". "Nous sommes finalement très indépendantes, mais nous nous retrouvons avec plaisir pour discuter, et elle m'aide à me servir d'internet !", plaisante-t-elle. La formule a de quoi séduire: "c'est une cohabitation agréable et les jeunes n'ont pas de loyer à payer", explique Chantal Dorval, du réseau Lis.

Pour autant, "ce n'est pas à eux de rappeler qu'il y a des médicaments à prendre, il ne s'agit pas de se substituer à une aide à domicile", insiste Françoise Colombel, directrice de l'association Domicile inter-générations isérois (Digi). Reste que la présence d'un étudiant rassure les propres enfants des personnes âgées, souvent à l'origine de cette cohabitation.
La formule existe depuis une dizaine d'années en France et séduit environ 1.800 "binômes" chaque année. Certaines associations proposent aussi une variante aux étudiants: une chambre pour un prix modique, généralement 30% inférieur à celui du marché. "Dans ce cas, cela permet à la personne âgée d'avoir un petit complément de revenu", souligne Typhaine de Penfentenyo, du réseau Ensemble2Générations.

Mais la demande des jeunes est encore bien supérieure à l'offre. "Pour une personne âgée, l'idée de laisser ses clés peut être un peu angoissante, faire entrer quelqu'un dans son logement, cela ne va pas de soi", décrypte Chantal Dorval. Pourtant, les associations impliquées, qui font la liaison entre les jeunes et les seniors, ne déplorent quasiment aucun échec. "On n'avait pas pensé à cela au début, mais c'est aussi un moyen de lutter contre l'isolement des jeunes", souligne Françoise Colombel.

Cependant, ce mode de cohabitation pâtit aujourd'hui de plusieurs freins, qui nuisent à son développement. "La formule est juridiquement instable", reconnaît Mme Delaunay. Si elle héberge un étudiant ou un jeune travailleur dont les revenus dépassent une certaine somme, la personne âgée peut en effet voir sa taxe d'habitation (calculée selon les ressources des résidents sous un même toit) grimper en flèche, explique-t-on dans l'entourage de la ministre.

Elle risque aussi de perdre ses allocations logement.
Certaines associations craignent encore que cette cohabitation particulière puisse être assimilée à du travail dissimulé et requalifiée en contrat de travail. Enfin, dans le parc social, la possibilité pour un locataire de sous-louer une chambre de son logement reste soumise au bon vouloir du bailleur. Plusieurs conventions ont été signées entre les associations et des bailleurs sociaux pour permettre cette cohabitation intergénérationnelle.

Mais, "on doit faire évoluer le concept afin qu'il ne soit une source de difficulté pour personne", estime Mme Delaunay. Car, dit-elle, "c'est un catalyseur de reprise des liens sociaux".

Retrouvez la Chronique de Pierre-MArie Chapon, géographe, Icade sur le logement intergénérations
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