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La sexualité des aînés au coeur d'une démarche inédite de formation en maison de retraite

Auteur Rédaction

Temps de lecture 2 min

Date de publication 24/06/2013

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Accepter que deux résidents s'embrassent ou frapper à la porte avant d'entrer dans une chambre (et attendre la réponse, comme le demande le Label Humanitude) pose la question de la reconnaissance et de l'acceptation de l'intimité et de la sexualité des personnes âgées en institution.
Ce sujet est aussi au coeur d'une démarche inédite de formation du personnel soignant entreprise par un groupement de maisons de retraite du Finistère.

"Quand je fais des petits bisous, c'est dans la chambre", assure Marcelle Plougoulm, 67 ans, résidente de l'espace Jacques Brel, une des trois maisons
de retraite gérées par les municipalités de Guipavas et du Relecq-Kerhuon, non loin de Brest. "Il y a des gens qui sont jaloux de nous voir ensemble, c'est pour ça qu'on ne se montre pas, on ne fait jamais de baisers devant tout le monde", assure Marcelle, en serrant tendrement la main de son compagnon, Jean-Noël Michel, 70 ans.

Partant du constat qu'il est difficile "pour une personne en maison de retraite de vivre une sexualité et une vie affective et sentimentale épanouie, le
Syndicat intercommunal à vocation unique des Rives de l'Elorn (SIVU Elorn), qui gère les trois établissements d'hébergement pour personnes âgées
dépendantes (EHPAD) des deux municipalités, a entrepris de faire évoluer les représentations du personnel soignant via un programme de formation. Il vise à poser les bases physiologiques du besoin affectif des aînés, puis à amener le personnel soignant à parler des situations qui l'ont mis mal à l'aise, explique à l'AFP Eric Seguin, le jeune directeur du SIVU Elorn.

"Il s'agit d'accompagner les professionnels à l'idée que la sexualité et la vie affective n'ont pas d'âge", précise Eric Seguin, qui estime que le sujet
n'est généralement pas abordé "par pudeur, timidité et méconnaissance".

Mais permettre la sexualité en institution, c'est penser l'intimité des lieux en séparant lieux privés et publics, en pensant la chambre comme un domicile, en permettant à la personne âgée d'avoir un espace où se retrouver seule avec elle-même", assure M. Seguin. Seule ou avec son conjoint. Proposer des lits double en institution n'est pas chose commune. Or la sexualité est difficile à vivre lorsque chacun des partenaires se trouve sur un lit distinct. Sans compter que la largeur des lits individuels n'est pas très propice aux ébats amoureux.

A l'AFP, Eric Seguin ajoute "C'est aussi prendre le risque de ne pas tout contrôler et laisser une place à une vie secrète de l'institution, aux portes closes et aux lumières éteintes..." En visite sur place, Michèle Delaunay a rappelé que "le droit à la vie privée et donc à l'intimité fait partie des droits fondamentaux des personnes". "Nous devons nous emparer de cette question des droits et libertés de manière systématique et générale et ce questionnement sera inclus dans le projet de loi qui est le mien", a-t-elle précisé. Un projet attendu pour la fin de l'année.

Véritable sujet de préoccupation, ce thème de la sexualité et du respect de l'intimité sera abordé lors du prochain Colloque sur les Approches non médicamenteuses de la maladie d'Alzheimer, organisé par Agevillage et les Instituts Gineste Marescotti en les 14 et 15 novembre à Paris.
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