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Comprendre les fragilités

Quand le virus ravive le poison de l'âgisme

Auteur Annie De Vivie

Temps de lecture 3 min

Date de publication 01/02/2021

1 commentaires

Avec ce virus, ces variants et les souffrances associées, plutôt que de mobiliser les énergies, certains, et non des moindres (professeurs de médecine, personnalités médiatiques comme François de Closet, 87 ans) distillent le poison de l'âgisme, sans être vraiment contrecarrés lors des interviews.

Ils proposent de discriminer les stratégies par l'âge. En clair de cibler les mesures difficiles vers les plus vieux ("qui ont assez vécu") pour soulager les plus jeunes. Soit-disant.

Or d'autres voix comme le Pr Karine Lacombe, l'association des jeunes gériatres démontrent l'inutilité de telles mesures, car le virus et ses variants ne regardent pas l'âge des personnes qu'ils contaminent.

Et ce sont bien les plus fragiles, majoritairement les plus vieux, qui ont payé et payent toujours le plus lourd tribut à cette pandémie.

Ceux sont aussi les plus âgés qui ont été ciblés par les discours paternalistes et infantilisants au risque de leur donner encore "un coup de vieux" délétère pour leur espérance de vie et leur santé mentale, rappelle le Pr Stéphane Adam.

Comme tous les adultes responsables, les citoyens âgés sont appelés à se mobiliser.

En quoi les culpabiliser fera avancer la lutte contre ce virus ? Pourquoi essayer d'attiser une soi-disant guerre des âges (selon Jérôme Pellissier), une soi-disant guerre des générations (selon Serge Guérin et Pierre-Henri Tavoillot).

A qui profite cet âgisme ? Voir l'analyse de l'Observatoire de l'âgisme

Car faire le choix de la vie, faire le choix de grandir et donc de vieillir, dans les stratégies face au virus, c'est faire le choix de tout le parcours de vie. Ce dernier s'est allongé de manière spectaculaire au siècle dernier. Nous sommes passés d'une espérance de vie à la naissance de 45 ans en 1900 à plus de 87 ans en 2000.

Et ce pour la première fois de l'histoire de l'Humanité. Nous n'avons pas de recul, pas d'intelligence d'espèce face à cette révolution de la longévité, qui fait écho à la révolution climatique. A nous d'inventer le contrat social et la vie qui va avec ! Sans tomber dans les pièges de l'âgisme. L'âge étant une donnée manipulée et manipulable comme disait Bourdieu.

Alors soit on culpabilise, soit on stigmatise, soit on exclut, on pratique une ségrégation et on alimente un âgisme qui dessert toutes les générations et tous les métiers, toutes les solutions associées.

Soit on mobilise tous azimuts face au virus qui mute : autour des stratégies barrières, des vaccins, des financements repensés (et oui), contre les effets délétères de ces stratégies pour les compenser. On invente de nouveaux modèles vertueux pour vivre ensemble quatre à cinq générations les unes à côté des autres.

La rédaction d'Agevillage préfère alimenter cette mobilisation face aux souffrances au carré, au cube : celles des plus âgés multipliées par celles de leurs proches aidants, multipliées des professionnels qui les accompagnent.

Face aux souffrances des situations d'enfermement : voici des idées pour les compenser. Comme en Ehpad, où les consignes autour des visites ont été revisitées. Car Vieillir enfermé (titre d'un documentaire diffusé sur Arte cette semaine) n'est pas une fatalité. Comme en témoigne cette BD, Le plongeon, qui raconte un Ehpad, des fesses, de l'amour et des rides !

Cela demande de ne jamais perdre de vue nos valeurs, nos principes républicains et de mobiliser les énergies pour continuer de créer, d'inventer, une société inclusive.

Avec l'art à la rescousse et tous ces artistes très âgés qui ne lâchent pas leur art et continuent de rêver, de créer, de mettre en avant les beautés de la vie.

Ils mettent en scène, ils transcendent les difficultés, les souffrances des uns, des autres, mais aussi les liens, les alliances, la tendresse dont notre condition humaine ne peut se passer, les émotions qu'il vaut mieux reconnaître au moment du diagnostic Alzheimer notamment pour mieux faire face à la maladie.

Pour une société pour tous les âges à laquelle chacun est appelé à contribuer : il vous reste quelques jours pour participer à la consultation citoyenne sur la place des plus âgés.

Sans angélisme, avec engagement pour des politiques publiques à la hauteur.

Au risque sinon de laisser se propager le poison de l'âgisme, négatif pour toutes les générations.

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Caro Pierre

A qui profite l’âgisme ?
L’OMS : l’âgisme est le fait d’avoir des préjugés ou un comportement discriminatoire envers des personnes ou des groupes en raison de leur âge.
Je pense que préjugés et comportements naissent autant du sentiment éprouvé de soi-même et/ou de celui des autres. Nous participons à la représentation de ce que nous sommes … par choix ou par contrainte, les circonstances de la vie sont différentes pour chacun.e
Nous étions mal parti puisque le psychiatre et gérontologue américain, Robert N. Butler (1927-2010) forgea le terme « âgisme » pour décrire la discrimination que subissent les personnes âgées et mieux comprendre et soigner cette catégorie de patients. Il y promeut les politiques publiques destinées à venir en aide aux personnes âgées et à encourager les études gériatriques, traditionnellement marginalisées dans les facultés de médecine.
En même temps que le mot était créé, il était entouré d’une orientation de différence et de nécessité de soins.
J’ai eu l’excellente idée, je le sais aujourd’hui, de penser qu’au delà de mes 60 ans, je pouvais envisager un temps aussi long que celui de ma carrière terminée.
Je m’y suis donc préparé en pratiquant, tout pareil, un temps d’apprentissage de trois ans.
Je n’ai pas recherché un emploi par nécessité ou pour m’occuper, je me suis créé MA seconde carrière. Je commence la deuxième mi-temps 2021-2040, je serai centenaire … et il me faudra choisir entre continuer ou entreprendre une seconde … retraite !
Jusqu’à ce jour, je n’ai reçu aucune remarque de mots péjoratifs tels que fatigué, lent, ridé, ennuyeux, somnolent … et autres. Je loue mes parents de m’avoir donné, avec une excellente santé dont je prends soin, la passion de tout mettre en œuvre pour apprendre, comprendre et entreprendre, du bon sens et l’esprit critique constructif.
Ces vingt premières années m’ont confirmé dans le fait que choisir, apprendre, comprendre et entreprendre un travail, était le meilleur vaccin (mot commun aujourd’hui) contre un vieillissement trop rapide.
A qui profite l’âgisme ? Je ne vois pas !
Mais je suis conscient que des campagnes pour maintenir la forme, s’engager et milité dans une association, un projet ou voyager … que proposent les organismes tels que AGE Platform Europe, Old Up, Agevillage … les formations FUN-MOOC, les informations possibles sur différents réseaux … sont des sources d’apprentissage tout au long de la vie. Des journées dédiées comme “la journée internationale des personnes âgées”, les réflexions et actions pour adopter et adapter des lois spécifiques et mener des campagnes, sont indispensables nécessaires ... à partir de groupes de travail constitués par tous les citoyens.es en recherche de bien vivre longtemps entre et avec quatre, cinq générations, dans le métissage des populations.
Je suis toujours volontaire pour partager des échanges de savoirs et d’expériences afin d’apprendre.
Merci
Pierre, retraité professionnel, chercheur autodidacte retraite et long vieillissement.