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Connaître vos droits

Grand Age : un été 2022 déjà trop chaud

Auteur Annie De Vivie

Temps de lecture 4 min

Date de publication 11/07/2022

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L'été 2022 est déjà trop chaud.

Trop chaud pour défendre les droits des plus vulnérables, comme l'explique Claire Hédon, la Défenseure des droits qui pointe dans son rapport annuel : la dématérialisation des services publics qui continue de poser problème, avec un nombre de réclamations en nette hausse, mais aussi plus de 700 plaintes concernant des Ehpad.

Et il faut se battre sur tous les fronts y compris pour défendre ses droits comme pour accéder au "zéro reste à charge", au "100% santé" sur les lunettes, les prothèses dentaires et auditives. De très nombreux opticiens et audioprothésistes ne jouent pas le jeu au risque d'un sous-équipement avec les conséquences que l'on connaît (moins voir, moins bien manger, moins bien entendre).

Même en vacances, lors des baignades, il faut rester sur ses gardes : 41 % des décès par noyade concernent les 65 ans ou plus.

L'été 2022 est déjà trop chaud dans certains territoires où les fortes chaleurs vont être accablantes, alors que les variants du Covid sévissent toujours et que les professionnels manquent à l'appel, tant dans les services à domicile, que des établissements de santé, dont des services d'urgences, des structures d'accueil ferment.

Ce 11 juillet, le gouvernement déploie la « Mission flash » sur les urgences et soins non programmés. Dans le médico-social, le ministre Jean-Christophe Combe annonce le recours aux étudiants tout juste diplômés, aux professionnels libéraux, aux filières gériatriques, des campagnes de recrutement d'urgence avec l'activation des dispositifs de Pôle emploi...

Tout se joue sur les territoires.

175 élus locaux ont bien compris l'importance de la proximité, de la localité pour relever le défi de la longévité. Signataires d'une tribune à l'occasion des 10 ans du réseau francophone Villes Amies des Ainés, ils ont compris que le vieillissement n'était pas qu'une charge mais une chance ... si l'environnement y est favorable.

Oui, c'est une chance de vivre et donc de vieillir debout, comme le montre le mois de la sexualité qui s'est achevé à l'Ehpad La Neuville à Amiens par la journée du baiser et une virée à la mer.

Reste à construire cet "environnement favorable" que les élus appellent de leurs vœux, avec des services d'aides à l'autonomie professionnels, coordonnés, financés... par une loi Grand Âge d'envergure. Voir le documentaire "Aides à domicile, les temps modeste" en ligne ou sur Arte ce 13 juillet à 0h30 pour percevoir l'importance de la présence, juste, pour ces professionnels de terrain investis dans leur métier du lien, qui se sentent utiles alors qu'ils sont si peu reconnus, rémunérés et subissent de plein fouet l'inflation des coûts du transport. Un documentaire en échos à celui de François Ruffin et Gilles Perret : Debout les femmes !

Construire cet environnement favorable au vieillissement est nécessaire au risque de voire l'accompagnement des situations de vulnérabilité s'effondrer, coûter de plus en plus cher physiquement, psychiquement, en retombant sur les seules épaules des proches aidants, déjà bien fragilisés. Sachant que l’homme peut vouloir être vieux… et démarrer une nouvelle vie en Ehpa, comme en témoignent la sélection des livres à lire en vacances.

Construire cet environnement favorable au vieillissement est urgent au risque de débats houleux, de risques d'abandons, voire d'une pression sociale scandaleuse sur la toute fin de vie. Regarder le documentaire "Les mots de la fin" en ligne ou sur Arte ce 13 juillet à 23h35 et aussi la tribune des médecins de la société française de soin palliatif, SFAP, dans le Figaro ce 1er juillet : "Réduire la complexité (des situations de fin de vie toutes singulières) à un affrontement entre un progrès et un recul n'a rien à voir avec l'expérience quotidienne que nous avons" estime ces médecins de terrain qui s'interrogent sur les conséquences éthiques et déontologiques d'une évolution législative sur la fin de vie. Mécontents de ces services de soins palliatifs qu'ils connaissent mal et qui sont mal répartis sur les territoires, 92 % des Français sont favorables à une légalisation de l’euthanasie, selon un sondage Ifop pour la Mutuelle générale de l’Éducation nationale (MGEN), mais comme le titre le JDD du 9 juillet : ce consensus est "en trompe l'œil".

Parce que tout se joue là : dans les liens intimes, en proximité, dans la "juste présence", avec un haut niveau de professionnalisme requis pour accompagner au bon niveau de prendre soin, dans la prévention, sans nuire à la santé, jusqu'au bout. Comment s'organiser pour construire cet environnement favorable sur 24 heures, 7 jours sur 7 ?

Est-ce qu'une "solution de fin de vie" (quelle qu'elle soit) sera satisfaisante ?

Investir ce lien est de mon point de vue "rentable" pour vivre, vieillir debout, tous, malgré tout. Investir ce lien est "rentable" pour relever les défis de la transition démographique et climatique (décarboner les transports, les habitats...).

Cet été 2022 déjà trop chaud nous le montre.

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