Aller sur la navigation Aller au contenu principal Aller sur la recherche

Livres de Jean-Louis Fournier : Je ne suis pas seul à être seul, Je n'ai plus le temps d'attendre

Auteur Annie De Vivie

Temps de lecture 2 min

Date de publication 22/03/2021

0 commentaires

Né en 1938, l'écrivain, humoriste et réalisateur de télévision Jean-Louis Fournier choisit l'humour et la douce provocation pour soigner sa traversée du temps, son avancée en âge et son veuvage solitaire. "Quand ça va mal, j'écris mes malheurs pour essayer d'en rire".

Je ne suis pas seul à être seul

Des textes courts, un style reconnaissable pour les fans de ce complice de Pierre Desproges, Jean-Louis Fournier cueille la vie quotidienne, qui s'écoule jour après jour, dans un isolement de plus en plus pesant et lucide : "Depuis qu'elle est partie, elle est partout" dit-il à propos de sa chatte.

S'il s'amuse : "j'ai fait une partie de solitaire. je gagne toujours" (page 25), il admet qu'"il lui manque l'essentiel : la chaleur humaine. Je donnerai tout l'or du monde pour entendre quelqu'un me dire : comment vas-tu ?" (page 33). Il tacle Jean-Paul Sartre : "si "l'enfer c'est les autres", je lui demanderais bien de me gratter le dos" (page 44). Il tacle aussi "le progrès, un élan vers le pire de la solitude ?" (page 123) avec ces écrans envahissants, ces TGV qui ne permettent pas de lier connaissance et ces taxis sans chauffeurs...

Où sont "certains "autrui", allumeurs de curiosité et de réverbères, qui nous aident à avancer dans le noir et à éclairer nos nuits" (page 49) ? s'interroge l'auteur.

S'il "préfère le silence de la solitude au vacarme de la multitude" (page 63), il remarque qu'en anglais, il existe deux mots "Loneliness" : seul sans l'avoir choisi et "Solitude" : seul quand on a choisi de l'être.

"La solitude c'est la rançon de la liberté. Etre seul c'est être libre" (page 132). Mi-figue, mi-raisin, il note que "pendant la canicule, je me sens moins seul, on m'appelle" (page 103). Bon gré mal gré, il accepte que la mairie lui envoie une dame de compagnie.

L'étudiante en histoire de l'art va venir deux heures par semaine : "Elle va m'éclairer, Claire" (page 75). D'autant qu'il n'est jamais vraiment seul avec ses disques, sa radio. Mais "si les oiseaux disparaissent, je n'ai plus envie de rester sur terre. Je préfère me tirer, avec eux, à tire-d'aile".

Ce sont surtout ses voisins et leur absence obstinée qui ponctuent sa vie, et son récit mi-amusé, mi terriblement attristé.

Je n’ai plus le temps d’attendre

La plume alerte décline dans ce dernier ouvrage une grammaire impertinente : questionner la patience et l'impatience, privilégier le présent et surtout le futur au passé, s'interroger sur les produits "dernière génération" (page 153), créer une montre qui ferait une heure en une demi-heure pour les soirées avec des gens ennuyeux, (page 39), valoriser le temps des arts avec des livres pas trop gros (interminables), la musique (une pensée pour ceux qui sont nés avant Mozart), la peinture qui crée l'illusion d'un présent éternel (page 145).

Le livre invite à soigner la maladie de l'impatience, l'envie d'aller vite, toujours plus vite (de déjeuner sur le pouce aux trains à grande vitesse), alors qu'on a pourtant pas envie d'avoir fini, ni d'être le premier au ciel !

Je ne suis pas seul à être seul
Jean-Louis Fournier
Editions Le livre de Poche.

Je n'ai plus le temps d'attendre
Jean-Louis Fournier
Editions JC Lattès

Partager cet article