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Trouver son lieu de vie

Parce qu'on a besoin d'Ehpad

Auteur Annie De Vivie

Temps de lecture 3 min

Date de publication 31/01/2022

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Rien à faire, on a besoin d'établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, Ehpad.

Quand le besoin d'aides s'intensifie 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Quand le domicile n'est plus adapté, éloigné de tout, malgré les aménagements que l'on aura su réaliser soi-même avec la bricothèque. Quand les proches aidants sont à bout, éloignés...

Evidemment 85 % des Français veulent vieillir à leur domicile, mais l'Ehpad n'est pas censé être autre chose qu'un domicile adapté, médicalisé.

Encore faut-il avoir confiance en ces Ehpad.

Après les morts en Ehpad égrainés chaque jour pendant la crise sanitaire, l'enquête de Victor Castanet dans son livre Les Fossoyeurs est une déflagration terrible pour l'image de ces structures. Le journaliste a passé trois ans à recueillir de nombreux témoignages sur les pratiques abusives de certains Ehpad privés commerciaux, au sein du groupe Orpea plus précisément.

Les ministres ont immédiatement diligenté des enquêtes contre ce groupe dont le PDG vient d'être limogé.

Tout le pays est sidéré. Si les faits sont avérés, comment a-t-on pu laisser s'installer un système aussi lucratif pour les uns mais terriblement délétère pour les personnes vulnérables, leurs proches, les professionnels en première ligne ?

Les professionnels et les associations de familles, de résidents pointent depuis longtemps ces situations dans des plaintes disparates. Aussi des actions collectives se préparent-elles.

Par ailleurs les situations à risque de maltraitance existent aussi dans d'autres établissements publics, associatifs, concernant notamment les restrictions d'aller et venir, en cette nouvelle vague de covid : familles, gériatres et la fédération de lutte contre la maltraitance montent au créneau.

Impossible de faire fonctionner ces Ehpad, comme tout service auprès de personnes fragilisées, sans des moyens adaptés. Or le secteur est notoirement sous-doté en professionnels soignants, alors que les tarifs sont exorbitants : allez comprendre !

Il y a urgence à ce que notre pays arbitre des moyens ajustés au niveau de prendre soin requis et l'impose auprès de tous les gestionnaires, avec les contrôles associés.

Il est urgent que nous refusions ces situations inhumaines, ces non-qualités qui se retournent d'abord contre les plus vulnérables, leurs proches aidants, les professionnels mais aussi les finances publiques (hospitalisations, médicaments, escarres, dénutrition évitables, fins de vie catastrophiques).

Vieillir debout : ils relèvent le défi, vous le savez c'est ce que défendent les Ehpad labellisés Humanitude dont j'ai tiré le portrait dans mon nouveau livre. Ils invitent à venir les visiter pour découvrir qu'une qualité de prendre soin est possible, mais au prix d'un investissement exigeant, outillé, évalué, contrôlé.

Face aux zones de non-droit, face à la grande vulnérabilité, notre pays a intérêt à déployer des domiciles renforcés doté de professionnels compétents, managés, en nombre suffisant, évalués, contrôlés qui respectent et promeuvent les capacités, les capabilités des habitants. Des établissements attirants, y compris des investisseurs individuels à condition que les rendements exigés n'étouffent pas la qualité du prendre soin.

A nous de reprendre la main sur cette qualité en exigent des repères, des indicateurs opposables et contrôlés des pouvoirs publics.

Vieillir accompagné coûte rappelle le Haut conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge. De 1200 à 2900 euros par mois quel que soit le domicile.

Alors autant que ces services soient de qualité, satisfassent les personnes âgées concernées comme les professionnels, les territoires, les élus qui les accompagnent.

Nous sommes en démocratie : à nous d'imposer aux décideurs, au Président de la République actuel et futur, la nécessité d'une grande loi qui structure l'offre de santé, l'offre de services, la contrôle efficacement et la finance.

Pour la rendre accessible à toutes les bourses et attirer les professionnels vers ces magnifiques métiers du lien.

C'est possible.

C'est nécessaire au regard de la transition démographique qui voit arriver dès 2030 les babyboomers aux âges avancés.

Et c'est bien plus rentable que de laisser filer le besoin vers un marché sans garde-fou.

Parce qu'on a besoin d'Ehpad rassurants pour nos proches aujourd'hui, pour nous demain.

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