Aller sur la navigation Aller au contenu principal Aller sur la recherche

Connaître vos droits

Vieillir citoyen : les militants alertes et âgés fêtent 20 ans d’engagement à Grenoble

Auteur Annie De Vivie

Temps de lecture 4 min

Date de publication 31/10/2022

0 commentaires

Ce 27 octobre à Grenoble, l'association Alertes 38 fêtait les 20 ans de son engagement pour défendre la citoyenneté des personnes qui avancent en âge, avec ou sans handicaps. Son fondateur Jean Giard a rendu hommage à ces militants, ces résistants qui inventent une société pour tous les âges, sans discrimination liée à l'âge, concrètement, dans des écosystèmes intelligents sur les territoires. Un engagement qui ne faiblit pas, pour la défense de la citoyenneté, pour vieillir citoyen, c'est-à-dire résister aux inégalités, aux dangers anti-démocratique, proposer un monde d'échanges, mobiliser les intelligences et expériences, insiste Jean Giard. Alertes 38 continue de militer. Elle est vent debout contre le report de la loi Grand âge. "Notre société a besoin d’un débat sur le grand âge : qui va payer quoi ? Pourquoi ?", insiste Edmond-Jean Menoud le président de l'association.

Grenoble : une ville qui réfléchit depuis longtemps aux enjeux du vieillissement

Le professeur de médecine interne et de gériatrie Alain Franco a tenu à rendre hommage aux citoyens engagés de Grenoble, pionniers des politiques gérontologiques vers des écosystèmes intelligents pour bien vieillir.

De Michel Philibert, sociologue fondateur du CPDG (Centre pluridisciplinaire de gérontologie), à Maurice Bonnet, résistant impliqué dans les organismes de retraite, de l'ADPA (Association pour l'aide aux personnes âgées), le professeur Franco a rendu hommage au gériatre Robert Huguonot, fondateur d'Alma en 1995 ( Allo Maltraitance fédéré dans la plateforme 3977 aujourd'hui).

Leurs expertises ont été mobilisées par Hubert Dubedout, maire de Grenoble de 1965 à 1983. Presque deux décennies de politiques gérontologiques pour faire sortir les vieillards des hôpitaux, développer des centres de prévention pour bien vieillir (le CESPA : centre de prévention des alpes créé en 1967), les clubs de retraités par quartier dès 1969, les "nouvelles maisons de retraite médicalisées" en 1969, l'hospitalisation en domicile en 1969 aussi, l'ASTA : l'association sportive des toujours actifs et ses 2500 membres aujourd'hui, l'association Jalmalv en 1983 (Jusqu'à la mort, accompagner la vie), précurseure des soins palliatifs,

En 2002 naissait Alertes 38, par les vieux Grenoblois alertes eux-mêmes, afin de défendre les droits et la citoyenneté, quel que soit l'âge.

En 2010 sortait de terre le Tasda : Technopôle Alpes santé à domicile et autonomie.

Le professeur Franco préside aujourd'hui l'Université inter-âges du Dauphiné (UIAD) qui compte 6 000 membres, un centre de documentation, un prix littéraire, des formations à la retraite…

Il se mobilise pour le déploiement d'écosystèmes favorables au vieillissement, rassemblant les acteurs du bien-vieillir et proposant :
- la cartographie des acteurs locaux ;
- le partage des bonnes pratiques (autour de l'habitat inclusif notamment avec Soliha, avec le label Handibat. Une idée née et déjà déployée depuis une vingtaine d'année dans la région) ;
- la promotion de la santé sans qu'elle soit enfermante ;
- l'innovation sociale culturelle urbaine technologique ;
- la formation tout au long de la vie .

Vieillir debout jusqu’au bout y compris en Ehpad. Une piste : le label Humanitude

Dès 1982, dès les premières maisons pour personnes âgées dépendantes à Grenoble, Maurice Bonnet militait pour que leur conception et leur fonctionnement concrétise le droit à la citoyenneté chère à Jean Giard, fondateur d'Alertes 38 en 2002.

Il écrivait ce message en septembre 1993, dans le livret d'accueil du Centre Michel Philibert à Saint Martin d'Hères :

"Nous voulons que cesse cette conception assistantielle de la prise en charge des personnes âgées soumises et passives.
Nous dénonçons la violence des institutions qui oublient le droit de cité et la dignité.
Nous revendiquons ce "droit d'être entendus" - même quand on fait partie de ceux qui dérangent, qui ne rentrent plus dans les normes - ce droit d'être reconnu comme c'est le cas pour tout citoyen, par son habitat, sa vie de quartier, son travail.
Acceptons que ceux qui habiteront dans cet ensemble, ceux dont les corps pour les uns, les cerveaux pour les autres, sont blessés, puissent y trouver un environnement, un accompagnement leur garantissant leur DROIT de CITE."

Est-il possible de vivre et mourir debout en Ehpad ? D'être accompagné sans aucun soin de force et sans abandon de soin ? Dans les Lieux de vie-Lieux d'envies ? Ouverts sur l'extérieur ? Dans le respect de l'intimité, la singularité ?

Cette affirmation peut sembler utopique au regard des réalités constatées par les adhérents d'Alertes 38, dans les établissements où vivent leurs proches, face aux difficultés actuelles (manques de personnels, manques d'attractivité, pressions financières).

Pourtant, des structures ont décidé d'y répondre, de respecter ses principes pour être fiers de leurs métiers. Ils ont formé leurs équipes interdisciplinaires aux techniques de l'Humanitude pour apaiser 83 % des soins difficiles, des troubles du comportement. Ils ont modifié en profondeur leur projet d'établissement et outillé leur démarche d'amélioration continue de leur qualité, de leurs prises en soin.

Une trentaine d'établissements et services aux domiciles sont aujourd'hui labellisés Humanitude, 150 structures sont engagées vers le label (listes à retrouver sur www.lelabelhumanitude.fr).

Maurice Bonnet a été le grand témoin de plusieurs colloques Agevillage/Humanitude sur les approches non médicamenteuses qui présentaient ce label.

Gageons qu'Alertes 38 s'en saisisse pour soutenir les établissements, les services vers un vieillir citoyen !

Partager cet article