Aller sur la navigation Aller au contenu principal Aller sur la recherche

Comprendre les fragilités

Vortex de Gaspar Noé : la vie avec la maladie d’Alzheimer sur grand écran

Auteur Annie De Vivie

Temps de lecture 2 min

Date de publication 19/04/2022

0 commentaires

Actuellement sur les écrans, le nouveau film de Gaspar Noé, Vortex, raconte le quotidien d'un couple aspiré par la maladie neurocognitive. Le spectateur est invité à suivre en direct et parallèlement, ce qui se passe dans sa tête à elle, l'ancienne psychiatre qui se désoriente (formidable Françoise Lebrun) et dans son quotidien à lui (Dario Argento), l'intellectuel accroché à son projet de livre sur le cinéma et la psyché. Le fils joué par Alex Lutz est touchant de sensibilité et de fragilité : lui le toxicomane qui a toujours été sujet d'inquiétude pour ses parents est aujourd'hui inquiet pour eux. Il sait aussi qu'il ne saura pas faire face. Quand le Vortex de la maladie n'aspire pas tous les liens.

A tous ceux dont le cerveau se décomposera avant le coeur

Le réalisateur Gaspar Noé dédie ce film "à tous ceux dont le cerveau se décomposera avant le cœur". Il a coupé l'écran en deux et l'on suit le quotidien du couple chacun de son côté dans leur appartement surchargé de livres, de films, d'affiches engagés.

Malgré la maladie qui avance, inexorable, on suit la personne dans sa journée. Elle marche, se lève, avance, sort, se perd, cherche… Sensible aux bruits, aux ambiances, elle reste aimante, attentive à ce qui fait plaisir comme jardiner sur la terrasse avec son petit-fils. Elle veut faire à manger, ranger au risque de grosses bêtises. Dans un souffle, on l'entend préférer disparaître que continuer d'être un poids pour les siens.

L'aidant, lui, alterne entre rattraper les bêtises de son épouse et continuer de mener ses projets, dont la rédaction d'un livre sur le cinéma et la psyché. Décidément.

Malgré les alertes de son fils, toxicomane, lui aussi très fragile, le mari refuse de regarder en face la maladie. Plutôt que de prendre le sujet à bras le corps (médecins, aides, envisager d'entrer ensemble en établissement adapté), il se perd lui aussi dans les listes de choses à faire et refuse de quitter leur cocon.

La famille aurait sûrement eu besoin d'un interlocuteur référent, d'un parcours balisé, lisible et ouvert, pour se faire aider, sans envahir, sans imposer.

Avec subtilité, le film nous donne à voir le degré de professionnalisme requis pour aider la personne malade, pour se faire accepter d'elle... sans qu'elle ne renonce à ses choix.

On pense au film Amour de Michael Haneke sorti il y a 10 ans avec Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant, mais ici le couple reste ouvert sur la vie, qui est certes aspirée par la maladie. Mais celle-ci n'envahit pas tout.

La tendresse, les liens, l'amour s'adaptent, malgré les difficultés, les fatigues, malgré tout, jusqu'au bout.

Partager cet article