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Chronique du Docteur Pierre Guillet : Les cinq piliers du bien vieillir - Chap.1 - Faire progresser l'espace de vie en bonne santé

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Faire progresser l’espace de vie en bonne santé

Nous sommes, aujourd’hui, le parent de la personne que nous serons demain. La gérontologie, qui est la science de l’évolution de l’être vivant dans le temps, a aussi pour fonction de réfléchir à ce futur. Cette réflexion permet de préparer, en s’appuyant sur l’histoire du passé et les réalités du jour, ce que nous allons pouvoir devenir avec l’âge. Cela inclut la prévention, c’est-à-dire la façon de s’organiser pour éviter un mauvais vieillissement. L'espérance de vie en bonne santé, c'est-à-dire la durée de vie autonome sans avoir besoin de personne pour assurer les gestes de la vie courante, doit progresser.


Quels sont les piliers d'un bon vieillissement ? Sur quoi faut-il être vigilant, comment corriger des troubles avant qu'il ne soit trop tard ?

La réponse à ces questions m'est apparue à l’issue d'une expérience de trente années en médecine générale, à l'Association de gérontologie du XIIIe arrondissement de Paris, et dans une étude des principales raisons qui entraînent un jour, brusquement, chez telle ou telle personne un changement brutal de vie et une entrée dans la dépendance.

La plupart du temps, les personnes dites âgées viennent demander un secours partiel, sans tenir compte de l'ensemble de leurs conditions de vie.

Or la vie évolue dans une succession de périodes d'équili­bres et de crises ; plutôt que de disperser les aides tout au long du vieillissement, c'est surtout à ces crises que nous devons porter toute notre attention.

Bien analysées, elles peuvent permettre de retrouver un autre équilibre de santé aussi satisfaisant qu'auparavant pour la personne et son entourage. Alors qu'imprévues ou aggravées par une aide maladroite, elles sont à l'origine de situations de perte d’autonomie.

On appelle perte d'autonomie
la difficulté ou l'impossibilité d'assurer seul la satisfaction des besoins élémentaires de sa vie : boire, manger, éliminer, mais aussi se laver, se vêtir et, au-delà, entretenir sa maison, gérer ses comptes, faire ses courses et rencontrer d'autres personnes.

L'ensemble de ces incapacités crée la dépendance et fait craindre la vieillesse. On peut, pour différentes raisons liées à la maladie ou à des lieux de vie inadaptés, avoir besoin d'une aide extérieure une ou plusieurs fois par semaine : c’est une petite perte d'autono­mie.

Si l'on a besoin d'une aide quotidienne pour plusieurs tâches, c’est une perte d'autonomie moyenne.

Enfin, la grande perte d'autonomie se définit par la nécessité d'être aidé 24 h sur 24 à son domicile ou d’être placé en institution, le plus souvent médicalisée.

Ce que l'on appelle aide à la vieillesse ne porte que sur les périodes extrêmes de la vie, où une dépendance est déjà apparue. Certes elle l'adoucit, mais n'en change pas la durée.

Le bilan gérontologique a pour ambition de répertorier un ensem­ble d'éléments qui conditionnent le bon vieillissement d'un individu.

Ensuite, une « concertation » entre membres de la famille, intervenants médicaux et/ou sociaux et la personne concernée elle-même permet à cette dernière de mieux savoir où elle en est, sur quoi elle peut compter. Cela lui donne le temps d'être accompagnée pour s'y retrouver dans sa vie.

Constater, par exem­ple, qu'un logement est inadapté n'implique pas forcément qu'on accepte sa modification sans crainte. Comme pour les autres changements de la vie, il faudra une réflexion, un mûrissement.

C’est l’architecture qui m’a donné l’idée des « piliers ». Le contrôle de la solidité d’édifices tels que les palais de Venise ou les ponts de Paris nécessite la surveillance régulière des piliers les plus importants.

De même, on ne peut pas envisager un « bon vieillissement » sans un contrôle permanent des « piliers » les plus importants qui soutiennent notre vie quotidienne, à savoir : les ressources, le logement, la santé, la vie sociale et la vie affective.

Chez l'homme, seul l’état de santé physique fait l’objet de bilans plus ou moins réguliers. Or, la santé n'est pas le seul pilier d'équilibre du bon vieillissement. Elle doit se lire dans un contexte plus global.

Bien vieillir suppose une harmonie entre la santé, le désir et le plaisir de vivre, et les moyens de vivre. C'est un équilibre entre des risques et des choix de vie, entre un individu et son milieu, et chacun de ces termes est aussi important que les autres. Nous verrons dans de prochaines chroniques l’importance de ces cinq piliers.


Cette chronique est un extrait du « DIALOGUE des AGES Histoire de Bien Vieillir »
Ed. GALLIMARD, coll."Sur le champ"

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