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Animation : changer de paradigme pour favoriser l'inclusion - Eclairage d'Antoine Gérard, sociologue et coordinateur du pôle Recherche habitat & qualité de vie chez Domitys

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Eclairage d’Antoine Gérard, sociologue et coordinateur du pôle Recherche habitat & qualité de vie chez Domitys

En résidence services seniors, seuls 20 % des résidents participent aux animations proposées. Comment favoriser l’inclusion de ces « oubliés » de l’animation ? Le sociologue Antoine Gérard a mené durant deux ans une recherche action au sein du réseau Domitys, et sa conclusion est sans appel : ce qui pèche, c’est l’animation telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui.

Pourquoi si peu de résidents, toujours les mêmes de surcroît, participent aux animations proposées ? Existe-t-il un plafond de participation qu’on ne peut dépasser ? Comment favoriser la participation ?


La recherche action menée par Antoine Gérard vise à répondre à ces questions. Mais très vite, le sociologue identifie la raison de cette faible participation : une approche dévoyée de l’animation elle-même.

« Les professionnels ont tellement peur de proposer des activités occupationnelles qu’ils ont cherché à leur donner du sens, une finalité thérapeutique en perdant de vue le but premier de l’animation : la création de lien social », résume-t-il.

Une approche qui engendre de nombreux freins à la participation : l’activité proposée n’intéresse pas les résidents, ou elle ne leur semble pas pour eux, quand ce n’est pas la peur d’échouer qui les retient de participer.

Des freins qui s’ajoutent aux freins matériels (trop de bruit, horaires…), relationnels et de capacité personnelle.

Changer de lunettes sur l’animation

Alors, que faire face à ce constat, qui impose un vrai changement de paradigme ?

Antoine Gérard a tout d’abord cherché à déterminer les moteurs de la participation, qui ne sont quasiment jamais en phase avec la finalité pensée par l’animateur.

« On retrouve deux grandes aspirations. Tout d’abord, être ensemble : pour voir du monde, retrouver des résidents qu’on apprécie, ou alors on vient parce qu’on aime bien l’animatrice », explique-t-il.

« La deuxième, c’est sentir qu’on fait partie de la vie de l’établissement, ne pas se sentir exclu. Dans cette optique, être spectateur peut suffire, il n’y a pas forcément besoin de participer activement. »

Nouveaux indicateurs

Ce qui conduit à penser une nouvelle définition de l’animation : il ne s’agit plus de proposer des ateliers qui visent à améliorer les capacités des résidents mais de soutenir la vie sociale de l’établissement.

Et donc de définir de nouveaux indicateurs : « plutôt que de mesurer le taux de participation à chaque animation proposée, il est préférable d’évaluer le nombre de résidents qui participent au moins une fois dans le mois. C’est n’est plus la participation de tous qui est souhaitée, mais la participation de chacun. »

Antoine Gérard préconise aussi de revoir l’emploi du temps des animateurs. « Plutôt que 100 % du temps des animateurs soit mobilisé par les 20 % de résidents qui participent, 15 à 20 % de leur temps doit au contraire être dédié aux résidents qui ne participent pas », précise-t-il.

En Ehpad aussi

Concrètement, ce temps va être consacré à aller à la rencontre des résidents, les inviter à un atelier ou un événement organisé au sein de la structure, à partager un déjeuner… bref, à venir en soutien de leur inclusion dans la vie sociale.

Si ces bonnes pratiques sont désormais généralisées au sein du réseau Domitys, ainsi qu’un monitoring de l’isolement des résidents, Antoine Gérard affirme qu’une telle approche peut être mise en place partout, en résidence comme en Ehpad, à condition de donner le temps nécessaire aux animateurs.

« Il n’y a rien de magique ni d’inatteignable », conclut-il.

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