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Ehpad, domicile : retour sur une mobilisation réussie

Auteur Rédaction

Temps de lecture 4 min

Date de publication 05/02/2018

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Avec près d’un professionnel sur trois déclaré gréviste, 10 % des salariés effectivement en grève et des rassemblements qui ont rassemblé des milliers de personnes un peu partout en France, la journée d’action nationale du 30 janvier a remporté un succès inédit. Retour sur cette journée exceptionnelle, vue depuis le ministère des Solidarités et de la Santé à Paris.

A Laval, Rennes, Tarbes, Nantes ou Narbonne, des milliers de personnes ont répondu à l’appel des syndicats pour dénoncer les conditions de travail en Ehpad et à domicile le 30 janvier. Un appel unitaire, un mouvement inédit en province comme à Paris, où plusieurs centaines de Français se sont retrouvés devant le ministère des Solidarités et de la Santé (400 selon la police, un millier selon les syndicats).

Ehpad et aide à domicile


manifestation grève janvier 2018 ehpadDes salariés d’Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), des directeurs d’établissements, leurs collègues du handicap venus en soutien, mais aussi des professionnels du domicile sont venus manifester devant le ministère des Solidarités et de la Santé, comme cette auxiliaire de vie venue de Rennes.

Elle s’est déplacée le 30 janvier pour que ses conditions de travail, ses horaires changent. Selon une étude de 2014, les aides à domicile effectuent des journées longues de 11 heures en moyenne, pour moins de 7 heures d’intervention.

Près de la moitié des aides à domicile déclarent un revenu mensuel inférieur à 900 euros. 

Familles et aidants

manifestation janvier 2018Aux côtés des professionnels, parfois en début de cortège comme les familles du collectif Vieux debout ! à Rouen ou à Nantes se trouvent des familles, des aidants.

Elégante sous son béret de laine claire, perles vissées aux oreilles, cette manifestante porte une étiquette « aidante âgée en colère » sur son écharpe bleue.

« J’ai tout expérimenté, l’aide à domicile, les Ehpad pour des séjours temporaires. Aucun système ne convient, aucun n’a suffisamment de moyens, et quand on aide soi-même on est complétement épuisée », témoigne cette femme qui a aidé son époux pendant deux ans.

Un peu plus loin, un homme dit sa colère face au montant du reste à charge pour les résidents et leur famille. « Mon ascendant n’est pas une personne nantie et ses deux enfants doivent payer car sa pension ne suffit pas, l’établissement où il est facture 4200 euros par mois ! ». Même désarroi des familles sur France Inter au Téléphone sonne ce 30 janvier.

Sous les ballons aux couleurs vives des syndicats, on croise aussi des figures emblématiques de la lutte. En blouse blanche, ceinte de son écharpe tricolore de députée, Caroline Fiat est venue représenter ses anciennes collègues, « déclarée gréviste mais réquisitionnée ».

La députée France Insoumise se dit « prête à ne rien lâcher », et à interpeller chaque semaine s’il le faut la ministre Agnès Buzyn à l’Assemblée nationale.
Un peu plus loin, Anne-Sophie Pelletier, porte-parole des grévistes de l’Ehpad de Foucherans, le conflit social par lequel la question des Ehpad est arrivée sur le devant de la scène.

« Il est essentiel qu’on continue à se battre pour que nos anciens soient pris en charge dans la dignité », affirme-t-elle.

L’ambiance est à la fois résolue et bon enfant devant le ministère. Mais c’est à l’intérieur que tout se joue, puisque les représentants de l’intersyndicale sont reçus par Aude Muscatelli, directrice adjointe du cabinet d’Agnès Buzyn en charge des solidarités.

Déception


A la sortie du rendez-vous, le compte n’y est pas. « La ministre et le président de la République n’ont malheureusement pris en compte la réalité d’aujourd’hui », regrette Pascal Champvert, le président de l’association de directeur d’établissement AD-Pa.

Seule promesse : aucune suppression de poste dans les établissements. Bien loin des revendications initiales.

La ministre, elle, était à l’Assemblée nationale mardi dernier. Ce qui ne l’a pas empêchée d’être rattrapée par le sujet, via une question posée par François Ruffin (France Insoumise), qui exhorte la ministre, Agnès Buzyn à « sortir le carnet de chèque » pour régler la situation.

Et maintenant ? L’intersyndicale a posé un ultimatum au Président de la République. S’il ne reçoit pas ses représentants, une nouvelle journée d’action sera prévue. Cela suffira-t-il ?

Emmanuel Macron a reçu du courrier : une lettre des représentants des EHPAD La Charmille à St Quirin et Sainte Véronique à Abreschviller (57). Ils sont solidaires du mouvement des professionnels.

Partout on interroge le système de l'aide au grand âge, de ces Ehpad à repenser (faire "un Ehpad de côté") : des soins plus ajustés, en douceur mais surtout plus de liens, de relations autour de ces dernières années de vie (Voir par exemple la tribune sur Facebook de la Maison de l'Amitité à Albi).

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