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Le combat continue pour un droit universel à compensation des situations de handicap quel que soit l'âge, estime Maurice Bonnet

Auteur Rédaction

Temps de lecture 5 min

Date de publication 23/01/2012

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Résister, militer, pour les droits de l’homme

Maurice BonnetAncien vice-président du CNRPA (1), Comité national des retraités et personnes âgées, Maurice Bonnet, 87 ans reste combattif.
Près de son cher Vercors, en rémission d’une longue maladie, il reçoit la rédaction d’Agevillage pour retracer le chemin parcouru et celui qui reste à faire !


25 ans de combats pour « une société pour tous les âges »
Ouvrier, résistant, secrétaire général de l’union départementale de la CFTC (devenue la CFDT), dirigeant d’une caisse de retraite, président de l’UNASSAD (devenu UNA), Maurice Bonnet a été élu vice président du CNRPA, comité national des retraité et personnes âgés (*) de 1995 à 2002.
Militant passionné et impliqué, il travaille ses dossiers avec des professionnels de la DGAS (Anne Gamblin notamment). Il côtoie des secrétaires d’état, des ministres. Il se méfie des ors de la République et garde un profond respect pour ces hommes et ces femmes de parole. Il cite spontanément Simone Veil au moment de l’évolution de l’ACTP (allocation compensatrice tierce personne) et l’aide-ménagère en PED (Prestation expérimentale dépendance) qui ne sera pas prolongée au profit de la triste PSD « Prestation spécifique dépendance », votée début 1997.

En 1998, il coordonne le Livre noir de la P.S.D.
Il dénonce les conditions de ressources, et surtout la récupération sur succession qui refroidit les personnes ayant besoin d’aide.
Déjà, il pointe les inégalités d’accès à la prestation selon les départements : obstructions, complexité des dossiers administratifs, exclusions de bénéficiaires.
L’insuffisance de la prestation pousse les bénéficiaires à recourir à des aides à domicile en emploi direct (gré à gré) plutôt que des prestataires professionnels.
Résultat : Seules 2 % des personnes âgées fragilisées demandent la PSD.

Martine Aubry lui demande de proposer après avoir dénoncé. En 1999, le Livre Blanc de la Prestation Autonomie imagine une prestation « destinée aux personnes qui vivent avec des handicaps quel que soit leur âge ». Le Livre blanc demande un choix de société : pas une prestation dans le champ de l’aide sociale mais un 5ème risque servis sur les principes de solidarité nationale, de la Sécurité Sociale (financée et voulue par tous et par chacun), selon les mêmes règles, partout sur le territoire. La gestion de la prestation doit garder un caractère universel et se situer dans la protection sociale. Les missions d’assistance, d’aide sociale, d’action sociale, de planification des établissements et services doivent s’articuler avec les acteurs locaux (départements).
La loi APA, Aide personnalisée d’autonomie, en 2001 apportera des réponses mais « nous ne sommes pas encore parvenus à un vrai 5e risque », regrette Maurice Bonnet. "Les regards restent condescendants quand on parle des personnes âgées fragilisées, « dépendantes ». Les départements se sont emparés de cette prestation après le RMI. Certains l’ont même appelée ADPA Allocation départementale personnalisée d’autonomie".
« Dix ans plus tard, nous ne sommes toujours pas sur des mécanismes de cotisations sociales. L’Etat ne s’oblige pas à poursuivre sa part de financement de l’APA. Le nombre des demandes explose. Et ces mêmes départements qui avaient réclamé la gestion de l’APA, appellent au secours. » constate Maurice Bonnet .

En 2004, son rapport au CES (Conseil économique et social) pour une prestation HID (Handicap Incapacité Dépendance) suit la naissance de la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie), que Maurice Bonnet regarde avec circonspection. « En raison de son âge, de son handicap, l’accompagnement social reste encore dans le champ de l’aide sociale » regrette-t-il.

Les acteurs professionnels saluent cette CNSA : le conseil leur laisse une large place pour expliquer les réalités de terrain, avoir accès aux enjeux chiffrés du secteur… et donc des reprises de crédits !

Maurice Bonnet est toujours un militant écouté, formidable orateur (2) . En 2006, il décide de lancer avec une poignée d’amis, d’experts, un collectif « Une société pour tous les âges » qui interpelle les candidats à l’élection présidentielle sur les enjeux du vieillissement. Les deux candidats du 2ème tour se sont alors engagé sur un « 5ème risque » aux contours très flous…

Les différentes mobilisations du collectif « Une société pour tous les âges », ces dernières années, ont rappelé aux acteurs publics leurs engagements, ont dénoncé les situations qui empirent sur le terrain, pointé les propositions aberrantes, discriminatoires, voire économiquement dangereuses des rapports tels que ceux du sénat (Marini-Vasselle), de l’Assemblée nationale (Rosso-Debord).

Pour ces élections à venir, la bagarre continue, estime Maurice Bonnet.
Il se souvient des Cassandre qui lui disaient qu’il faut 25 ans pour faire avancer les débats en France.
« Certes des prises de conscience ont eu lieu (canicule de 2003, épuisement des aidants, coût des maisons de retraite), les esprits ont bougé (rapprochement des secteurs handicap/personnes âgées) mais les discriminations restent, » s’indigne Maurice Bonnet.
Les rapports pleuvent. Ils avancent tous dans le sens d’une prestation évaluée, de plan d’aides personnalisés et coordonnés, avec une filière de soins et prendre soin labellisées. « Alors qu’attend-on ? » se demande Maurice Bonnet.
"Il nous faut obliger les politiques à des choix de société, oser espérer le respect des paroles données, continuer à sensibiliser l’opinion publique sur les discriminations liées à l’âge, au handicap.
Le combat continue pour un vrai 5e risque, impliquant une gouvernance révisée de ce risque (au niveau national et local)
."
« Attendre est scandaleux. C’est une perte de chance pour les personnes fragilisées et leurs proches ».

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(1) Le CNRPA est un organisme consultatif créé en 1982, qui «assure la participation des retraités et des personnes âgées à l’élaboration, à la mise en œuvre de la politique de solidarité nationale les concernant». Sa présidence est assurée par le ministre chargé des personnes âgées et depuis 1995 ses membres élisent son vice-président.
(2).voir son intervention dans le DVD « Résister, militer, défendre les droits de l’homme en Isère de la libération à aujourd’hui » , lors des manifestations après le 21 avril 2002. DVD disponible au musée de la résistance et de la déportation – Maison des droits de l’homme – 14 rue Hébert – 38 000 Grenoble.
Voir aussi son intervention en tant que Grand Témoin au 4e colloque international sur les approches non-médicamenteuses de la maladie d'Alzheimer organisé par Agevillage et IGM, en novembre 2011 à Versailles.

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