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Etre aidant, être aidé

Crise covid : vaccination, impacts sociaux et psychologiques… les aidants ont besoin d’être accompagnés

Auteur Guillaume Vonthron

Temps de lecture 5 min

Date de publication 10/05/2021

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Depuis le début de la crise les aidants œuvrent au plus proche de personnes en situation de vulnérabilité, plus à risque face au covid-19. Alors que le déconfinement s’installe progressivement, des mesures sont attendues pour accompagner ces proches aidants dont la charge physique et psychologique s’est accumulée au fil des mois.

Nous devons construire un environnement favorable et bienveillant, qui donne toute sa place aux aidants, qui reconnaisse leur engagement afin qu’ils ne soient plus cette première ligne invisible de l’accompagnement des personnes fragiles.

A l’occasion deuxième comité de suivi de la stratégie de mobilisation et de soutien des proches aidants 2020-2022, la ministre déléguée à l’Autonomie a réitéré sa volonté de reconnaître et de faciliter le rôle majeur des proches aidants.

Dans cette optique, le gouvernement a récemment annoncé l’ouverture de la vaccination aux personnes âgées de 16 et 17 ans, proches de personnes immunodéprimées.

Renforcer le rôle des entreprises

Le gouvernement a aussi annoncé “l’ouverture de travaux sur la mobilisation des entreprises en faveur des aidants” avec pour objectif de faciliter la vie professionnelle des aidants dans le cadre de cette sortie de crise.

L’accompagnement des aidants salariés constitue une “urgence” pour Christine Lamidel.

La fondatrice et directrice de la société de services dédiés aux aidants Tilia appelle dans une tribune les entreprises à soutenir les aidants.

Tribune libre de Christine Lamidel

Accompagner les aidants salariés : une priorité hier, une urgence aujourd’hui face à la pandémie

Beaucoup prédisent qu’après la crise sanitaire puis la crise économique et sociale, une crise psychologique menace, conséquence des restrictions mises en place, confinements et couvre-feux. Parmi les populations fragilisées par la pandémie figure une catégorie peu médiatique et dont le nombre ne cesse pourtant de croître : les aidants. Aux avant-postes depuis près d’un an, ils tirent la sonnette d’alarme, et enjoignent les entreprises à faire preuve d’empathie.

Depuis près d’un an, la réquisition forcée d’un grand nombre de lits d’hôpitaux pour les patients atteints de la Covid a bouté nombre de fragilisés hors de ces établissements. Elle en a également dissuadé beaucoup de venir consulter malgré leur mauvais état de santé. Les premiers ont été renvoyés à domicile, les autres y sont restés, sans plus d’accès aux services de soin dont ils avaient pourtant besoin. Chez elles, ces personnes fragiles ont eu plus que jamais besoin d’être aidées et accompagnées, — parfois même pour des gestes aussi simples que se mouvoir, se laver, se nourrir.

Qui s’est occupé de ces personnes fragiles ? Les aidants bien sûr, proches, parents, amis, voisins : ceux qui, avant même le début de cette crise, consacraient déjà une part significative de leur temps — 10, 20, parfois 30% voire davantage — à soutenir au quotidien ces femmes et ces hommes en difficulté, ayant besoin d’un soutien fréquent. Une réalité qui ne concernerait pas moins d’un cinquième de la population active (grand âge, maladie, handicap, autisme, accident de la vie, etc.).

Une charge mentale empirée par la pandémie

Ces aidants, on le sait, sacrifient une partie de leur vie personnelle et professionnelle aux missions qui leur incombent, sans toutefois se plaindre et pleinement engagés dans cette tâche quotidienne qui, malgré leur énergie, représente ce que l’on nomme aujourd’hui une charge mentale importante, en plus d’être souvent une lourde charge physique.

La situation des aidants était déjà problématique avant l’arrivée du coronavirus. Au point que nos responsables politiques avaient fini par s’en émouvoir et commencé à légiférer en vue de les accompagner au mieux. Depuis début 2020, cette situation a évidemment empiré. La priorité donnée par notre système de santé à la lutte contre la maladie a accru la prise en charge des personnes à aider par leurs aidants. Y compris en matière d’organisation et de logistique : nombre d’entre eux se retrouvent désormais avec leur proche fragilisé à domicile.

Les entreprises doivent aider les aidants — même en télétravail

Avant la pandémie commençait pourtant à naître au sein des entreprises une prise de conscience quant à cet enjeu crucial pour notre société. Un phénomène qui risque de s’accroître encore dans les années à venir, sachant que la moitié des salariés pourrait bien être concernée par la problématique de… la double aidance, dans un futur pas si lointain.

Les directions des ressources humaines, les managers, les dirigeants s’interrogeaient déjà sur les moyens de soulager la charge des aidants et de valoriser en interne leur engagement qui pouvait se révéler non une charge mais un sujet de fierté partagée au sein de leurs équipes. Et puis est venue la Covid-19, le confinement et le télétravail. Le maintien à domicile de la plupart des salariés, loin de constituer une facilité pour les aidants comme certains l’ont cru au début, s’est traduit au contraire par une difficulté supplémentaire. Le lieu de travail physique, souvent considéré par les aidants comme une sorte de soupape de sécurité leur permettant de contrebalancer une vie personnelle quelquefois lourde de soucis, a disparu, et avec lui leur fragile équilibre.

Il est aujourd’hui essentiel que l’entreprise prenne en compte cette situation dégradée vécue par les salariés aidants en télétravail. Comment organiser son temps entre les visioconférences et appels collectifs à répétition d’un côté et l’aide à apporter dans beaucoup d’actes de la vie quotidienne à la personne aidée de l’autre côté ? Un casse-tête qui devient vite un enfer, mal appréhendé par les services de ressources humaines, entièrement mobilisés par la réorganisation générale de l’entreprise face à la pandémie. Dans ce maelstrom sanitaire, économique, social et sociétal, où vie professionnelle et vie privée se retrouvent entremêlées, il ne faut pas qu’une fois de plus, les salariés aidants soient les grands oubliés de l’histoire.

Il est notoirement difficile pour les fabricants de proposer de manière constante au grand public des produits dont la qualité et la nouveauté seraient systématiquement garanties. Pourtant, ces contraintes pèsent sur les entreprises de l’industrie cosmétique : le secteur est en effet hautement régulé par les législateurs, de l’Europe à la Chine en passant par les USA, mais il est également concerné par une nécessité d’agilité au niveau de sa production. Les leaders en présence n’ont donc pas le choix : ils sont contraints d’accélérer la mise sur le marché de nouveaux produits, sans pour autant négliger les impératifs de conformité. Une tâche déjà ardue à la naissance de l’année 2020, et que la crise du Covid a encore compliquée.

Christine Lamidel, fondatrice et directrice de Tilia

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